Unuiĝo Franca por Esperanto
Biblioteko Hippolyte Sebert
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Les liens ci-dessous donnent accès à deux conférences de Julien Guadet sur la valeur de l’espéranto dans l’enseignement.
Le propos en est moins d’y décrire la langue, que d’en montrer les vertus pédagogiques en général, la propédeutique. Alors, l’espéranto peut être considéré comme un exercice purement intellectuel, d’éveil des esprits à la question générale du langage, aboutissant à une plus parfaite maîtrise de la langue maternelle, facilitant l’apprentissage des langues étrangères.
Conférence faite à la Sorbonne en 1929 : profits intellectuels quant à la maîtrise de l’expression et du style, simplicité et clarté de l’espéranto, attention des élèves, les sens des mots, thème/version, exercices de traductions, dictionnaires ; profits moraux, l’idéal espérantiste de fraternité humaine, les rapprochements intellectuels de peuple à peuple.
La conférence traite aussi de la sauvergarde de la langue et de la culture française et se termine sur leur rôle civilisateur, arguments qui étaient en vogue à l’époque mais auxquels ne recourrent plus les propagandistes de l’espéranto aujourd’hui, arguments d’autant plus nécessaires que le Président de la Commission de l’Enseignement à la Chambre des Députés assistait à la conférence, laquelle était radiodiffusée.
« Jeunes gens, qui désirez montrer vos qualités de traducteurs, qualités de clarté, de fidélité, de souplesse élégante, venez à l’esperanto : vous aurez occasion de déployer vos talents. Vous aurez plus d’une difficulté à affronter et à vaincre si, du moins, vous avez cette qualité première, qui est d’être exigeants pour vous-mêmes. Vous aurez à réduire les idiotismes français à la pensée nue, vous aurez à traduire les images trop spécialement françaises par des images de compréhension internationale, vous aurez à trouver l’expression adéquate à l’idée, qui, par cela même, sera toujours élégante et correcte. L’esperanto est riche d’expressions, par les synthèses de mots toujours possibles, et il offre une matière assez belle pour tenter les artistes épris de leur art. Vous irez avec prudence, n’oubliant pas que le texte que vous établissez doit permettre à un autre traducteur de retrouver le texte d’où vous partez, non pas sans doute dans l’extrême détail des expressions, mais dans tout son sens, dont il ne faut rien retrancher, auquel il ne faut rien ajouter.
Vous pourrez, avec un partenaire, tenter ces exercices de traduction et de retraduction, joutes que l’on ne vous proposera, et avec raison, ni sur le latin — ou le grec — ni sur une langue vivante étrangère. L’un partira d’un texte français et le traduira en esperanto ; l’autre partira de ce texte nouveau et reviendra au français. Vous comparerez ensuite le texte initial et le texte final : les infidélités commises apparaîtront à l’évidence. Vous chercherez, amicalement, qui en porte la responsabilité, et vous trouverez, en général, qu’elle est partagée. Vous comparerez aussi l’expression initiale et l’expression finale des pensées correctement conservées, et vous y prendrez de dures leçons de style. Quelquefois, cependant, vous aurez vos revanches ; vous constaterez, avec un malin plaisir, que telles œuvres réputées excellentes ont aussi leurs faiblesses : c’est passer un texte au crible le plus sévère que d’en essayer la traduction, et plus d’une réputation de styliste s’écroule à cette épreuve. »
Conférence faite à la Société Française de Pédagogie en 1930, venant en complément à la précédente, compte rendu de cours au Lycée Hoche à Versailles, à des élèves volontaires : rapidité de l’apprentissage, "joutes de traductions" ou traduction suivie de retraduction pour revenir au texte français d’origine, comparaison avec la classe d’anglais.
« De toute l’expérience que constitue ce cours fait au lycée de Versailles quelles leçons peut-on tirer ? Les élèves qui suivaient ce cours savaient déjà ce que c’est que traduire. Si l’on avait eu affaire à des novices en l’art des traductions, les progrès eussent été sans doute moins rapides. Il ne semble pas douteux cependant que, par l’esperanto, on puisse enseigner cet art. En tout cas, parce que les difficultés grammaticales sont, pour ainsi dire, inexistantes, il ne reste à vaincre que les difficultés d’expression : mais ce sont celles-là qui sont instructives et éducatrices ; c’est un avantage que de ne pas égarer l’effort des jeunes gens sur des difficultés d’un autre ordre, purement formel, et que de les mettre très vite en état d’aborder les exercices vraiment éducatifs. »