Unuiĝo Franca por Esperanto
Biblioteko Hippolyte Sebert
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(Suffixe)
Péjoratif, acception prise en mauvaise part.
« ĉevalaĉo », rosse,
« bravaĉulo », bravache,
« ridaĉi », ricaner.
(Suffixe)
— 1° Soudé à un verbe : durée dans l’action, ou sa répétition.
« pafi », tirer un coup de fusil, « pafadi », faire une fusillade ;
« paroli », parler, « paroladi », discourir, « parolado », discours (allocution prolongée) ;
« kanti », chanter, « kanto », le chant (terme générique), « kantado », un chant, un air chanté.
N. B. – On a donné « kantado » pour l’art du chant, — qui est « kantarto » : « kantado » n’est pas plus l’art du chant que « pafado » n’est l’art du tir, qui est « pafarto ».
« ad », durée dans l’action a pour antagoniste « ek », action commençante ou momentanée.
— 2° Soudé à un nom : l’action elle-même (fut-elle momentanée).
« floro », fleur, « florado », la floraison ;
« krono », couronne, « kronado », couronnement (1).
— « ad » ne se soude jamais à une racine de forme adjective.
(1) N. B. – Cette double attribution de sens à un même suffixe est regrettable : il n’est pas dans l’esprit de la langue que la simple transformation d’un substantif en verbe, ou d’un verbe en substantif, par le changement de la caractéristique grammaticale, ne puisse se faire sans que l’idée que ces termes présentent à l’esprit, soit par cela seul, bouleversée. C’est là un point que nous soumettons à la haute appréciation du « Lingva Komitato ».
(Suffixe).
Caractérise toujours une chose matérielle (concrète).
— 1° Soudé à un verbe : la chose représentée par le verbe pris substantivement :
(A), soit passivement (une chose que l’on),
(B), soit activement (une chose qui).
Le contexte fixe le sens.
A. :
« manĝi », manger, « manĝaĵo », le manger, une chose que l’on mange, un mets, de la victuaille ;
« sendi », envoyer, « sendaĵo », la chose que l’on envoie, un envoi ;
« pentri », peindre, « pentraĵo », la chose que l’on peint, une peinture.
B. :
« nutri », nourrir, « nutraĵo », le nourrir, une chose qui nourrit, de la nourriture ;
« imiti », imiter, « imitaĵo », une chose qui imite, une imitation.
Cette confusion entre l’actif et le passif est regrettable, mais il faut la subir.
Note. – Pour distinguer si le sens est passif (A), ou actif (B),on se guide sur la nature du mot, ou sur l’ensemble de la phrase. Avec un verbe neutre le sens est toujours actif (chose qui) :
« kreski », croître, « kreskaĵo », une chose qui croît (dont le type est une plante) ;
« rampi », ramper, « rampaĵo », une chose qui rampe (dont le type est un reptile).
Remarque. – On a spécialisé à tort « kreskaĵo » pour « plante » et « rampaĵo » pour « reptile » ; mais le ver de terre, la limace rampent aussi et sont des « rampaĵoj »
(Nous proposons « vegetaĵo » pour plante.)
— 2° Soudé à un adjectif : chose qui a la propriété d’être.
« acida », acide, «acidaĵo », une chose acide, ayant la propriété d’être acide ;
« mola », mou, « molaĵo », une chose molle.
— 3° Soudé à un nom : une chose faite de (telle matière).
« ligno », du bois, « lignaĵo », un objet en bois.
Mais l’emploi dans ce sens est épineux : « lignaĵa seĝo » pour une chaise de bois, serait du très mauvais esperanto ; il faut : « seĝo el ligno » (et non pas « da ligno » qui ne conviendrait que si on visait la quantité de bois employé).
On peut aussi dire : « tiu seĝo estas lignaĵo », cette chaise est un objet en bois : ce ne serait pas élégant, mais correct.
— 4° Abusivement : une certaine quantité de.
« bovo », un bœuf, – « bovaĵo », un morceau de bœuf, du bœuf (un plat de bœuf).
« peco » constitue un excellent doublet de « aĵo » dans cette acception. « bovpeco » indiquerait fort clairement un morceau de bœuf.
→ « aĵo » indique toujours une chose matérielle, concrète ;
— « eco » indique une qualité abstraite, un état d’esprit.
Il est donc inadmissible de traduire par « kredaĵo » une croyance (qui est « kredeco »). « kredaĵo » est un objet de croyance, une chose aux vertus de laquelle, on croit : un fétiche, une amulette, etc.
Que ce soit (quiconque, quelconque, n’importe lequel).
Adverbe séparé dont on fait suivre les conjonctifs et les pronoms indéfinis, pour indiquer l’idée d’indétermination générale.
("quicumque" latin).
« kiu ajn », qui que ce soit, quiconque ;
« kio ajn », quoi que ce soit ;
« kia ajn », qualité quelle qu’elle soit ;
« kie ajn », où que ce soit, en quelque endroit que ce soit ;
« kiel ajn », de quelque façon que ce soit ;
« iu ajn », « io ajn », etc.
« j » en esperanto étant une semi-consonne, « ajn » ne forme qu’une syllabe.
→ « ajn » adverbe (que ce soit), s’emploie seul et jamais en composition, ce qui le distingue de « ajn », finale de l’adjectif pluriel à l’accusatif.
(Préposition, préfixe).
à, vers, ("ad" latin), marque le point vers lequel l’action se porte : vers qui, vers quoi, vers quel lieu, au propre et au figuré. Il indique essentiellement le mouvement, la direction, et par extension, l’attribution : à qui, à quoi (le datif latin), le complément indirect.
Règle. – « al », suffisant à indiquer la direction, le sens du mouvement, n’est jamais suivi de l’accusatif de direction. (Il en est de même de « ĝis »).
→ « al » marque la direction, le but, la destination, l’attribution ;
— « de », son antagoniste, indique l’origine, le point de départ, la dépendance, la possession :
« la amo al Dio », l’amour qui, des hommes, se porte vers Dieu, va à Dieu ;
« la amo de Dio », l’amour qui vient de Dieu et descend sur les hommes.
La pratique de la langue française nous expose à faire une confusion entre ces deux expressions, si distinctes en esperanto.
Règle. – « être à », se rend par « esti de ». Si pour indiquer le possesseur, on se sert du verbe « esti », il faut employer la préposition « de », de, du, de la, des, – et non la préposition « al », au, à, à l’, à la, aux. – La logique de l’esperanto le veut ainsi :
De même que l’on dit : C’est le livre de l’enfant, – de même on doit dire en esperanto : ce livre est de l’enfant (celui de l’enfant) « tiu libro estas de la infano » – et non pas, comme nous le disons à tort en français : Ce livre est à l’enfant. Ce gallicisme nous porte à penser que « l’enfant » joue dans cette phrase le rôle de complément indirect, – alors que le verbe être ne saurait avoir de complément, mais seulement des attributs. (C’est ainsi que l’on voit des débutants faire suivre le verbe « esti » de l’accusatif).
Par contre, il faudra la préposition « al », si on fait usage d’un verbe autre que « esti », par ex. « aparteni ». On dira : « tiu libro apartenas al la infano », – « krii al la knabino », par ce que « à l’enfant, à la fillette », sont des compléments indirects des verbes « apartenir », « crier ».
Règle. – Si notre « à » français n’indique ni attribution, ni destination (datif), ni direction vers un but, il se rend par « ĉe » ou « je » ; mais non pas par « al » : « à table », « cœur à cœur », « à ces mots », n’impliquent ni attribution, ni destination, ni direction, mais un contact réel ou figuré : tout contre la table, cœurs tout proches, contact en quelque sorte des mots qui frappent l’oreille. On dira donc : « ĉe la tablo », « koro ĉe koro », « je tiuj vortoj ». — Il faut se familiariser avec ces expressions.
autre (dissemblable).
« alia ol », autre que (Z. Revuo, p. 14, 2, 6) ;
« alie », autrement.
→ « ceteraj » indique : autres semblables, analogues.
(Suffixe).
Individu. – trois sens :
— 1° Membre d’une collectivité.
« Kristano », Membre de la Chrétienté, Chrétien.
— 2° Partisan d’une idée commune à d’autres.
« Samideano », adepte, partisan de la même idée, du même idéal. – Nom par lequel les Espérantistes se saluent entre eux : « Karaj gesamideanoj ! »
— 3° Habitant d’un pays, petit ou grand, ayant un nom personnel en Géographie.
« vilaĝano », habitant d’un village, villageois ;
« Parizano », habitant de Paris, Parisien.
Règle. – Quand un pays a un nom vraiment personnel, d’origine historique, on exprime ce nom sans suffixe, et ses habitants sont dénommés d’après le nom du pays, par le suffixe « an ».
Il en est autrement quand, au contraire, le pays ayant été conquis, il a pris le nom de ses conquérants : Par ex. la Gaule conquise par les francs, devenus les français, est nommée « pays des Français ». Voir « ujo ».
— En résumé, dans les trois rôles qui lui sont attribués, « an » indique toujours un membre d’une collectivité : morale, intellectuelle ou de fait (territoriale, etc.).
Aussi, (également, de même).
« kaj mi ankaŭ amas iliajn infanojn » (Z, 18), et moi aussi, j’aime leurs enfants.
« ankaŭ » rend parfois notre gallicisme « encore », que nous employons abusivement pour « aussi, de même » : Ex. :
« on peut encore dire » : « oni povas ankaŭ diri » (Z, 27).
C’est « ankaŭ » qui rend la locution latine "non solum, sed etiam", dont nous faisons : "non seulement, mais encore" et qui se traduit par « ne nur…, sed ankaŭ » :
« ŝi estas ne nur tre bela, sed ankaŭ tre bona », non seulement elle est très belle, mais encore elle est très bonne (elle n’est pas seulement très belle, elle est aussi très bonne.)
Règle. – « ankaŭ » avec une négation, a le sens de « non plus » :
« Mia frato ne estas granda, sed li ne estas ankaŭ malgranda » (Z, 33). Mon frère n’est pas grand, mais il n’est pas petit non plus.
« Mia onklo ne mortis per natura morto, sed li tamen ne mortigis sin mem, kaj ankaŭ estis mortigita de neniu » (Z, 39). Mon oncle n’est pas décédé de mort naturelle, mais il ne s’est pourtant pas suicidé et il n’a non plus été tué par personne.
→ Distinguer les diverses acceptions du mot « aussi » :
— aussi… que, autant, si : « tiel » ;
— aussi, c’est pourquoi : « tial » ;
— aussi, mêmement, pareillement, de même : « same ». – « same » implique l’idée d’identité de cause, de raisons, de motif,
— tandis que « ankaŭ » n’indique que la constatation d’une analogie de fait. (Voir au mot « same » un exemple qui le fait ressortir).
Encore.
— 1° Dans le sens de continuité, jusqu’à maintenant, et non pas dans le sens de renouvellement, de réitération, qui se rend par « denove » de nouveau.
On quitte quelqu’un qui est à table ; on revient un peu plus tard, il n’a cessé de manger, il mange encore : « ankoraŭ ».
Ou bien, il fait dans son cabinet une nouvelle collation, il mange encore ! « de nove ».
— 2° Dans le sens comparatif : encore plus, « ankoraŭ pli ».
Remarque. – « ankoraŭ » ne saurait convenir pour la locution : « non seulement, mais encore », qui se dit : « ne nur, sed ankaŭ ».
« ankoraŭ ne », pas encore.
Au lieu de, à la place de (est suivi du nominatif ou de l’infinitif) :
« anstataŭ mi », au lieu de moi ;
« anstataŭ eliri », au lieu de sortir ;
« anstataŭ kafo, li donis al mi teon », au lieu de café, il m’a donné du thé.
Remarquons que « anstataŭ », au lieu de, renfermant en lui-même le mot « de », il faut se bien garder de mettre aucune préposition après « anstataŭ ».
« anstataŭi », remplacer.
En remplacement, à la place (sens absolu, sans préposition ni complément) :
« mi ne volas teon ; mi prenos lakton, anstataŭe », je ne veux pas de thé ; je prendrai du lait à la place.
Règle. – « anstataŭ », – « por », – « antaŭ ol », sont les trois seules prépositions qui peuvent précéder l’infinitif (Z).
(Préposition, préfixe).
Qui précède (telle époque, telle personne ou tel lieu).
Idée générale d’antériorité, trois sens :
1° Devant. — 2° Il y a tant de temps. — 3° (avec « ol ») : avant que (ou de).
« antaŭ » se relie à un nom qui suit.
« antaŭ ol » se relie à un verbe au futur.
— 1° « antaŭ la domo », devant la maison (mais non « en face » qui se dit « kontraŭ ») ;
« antaŭ ĉio », avant tout.
— 2° « antaŭ tri tagoj », il y a trois jours (trois jours devant), et non pas : avant trois jours, qui se dirait : « pli frue ol tri tagoj » plus tôt que trois jours, – ou : « antaŭ ol pasos tri tagoj », avant que trois jours s’écoulent. – Dans trois jours, se dirait : « post tri tagoj ».
« antaŭ longe », il y a longtemps ;
« antaŭ ne longe », il y a peu de temps.
Ce qui peut induire les Français en erreur sur le sens de locutions telles que « antaŭ tri tagoj » c’est notre construction, en vertu de laquelle une phrase inversée change souvent de sens. « Avant trois jours » et « trois jours avant » ont des sens très différents en français. En esperanto « antaŭ tri tagoj » a le même sens que « tri tagojn antaŭe ».
— 3° « antaŭ ol vi venos al mi » (Z, 24), avant que vous veniez (viendrez) me voir, avant de venir me voir.
— Comme préfixe :
« antaŭa », antérieur ;
« antaŭiri », précéder ;
« antaŭvidi », prévoir.
Règle. – « antaŭ ol », – « por », – « anstataŭ » sont les trois seules prépositions qui puissent précéder l’infinitif (Z).
→ « antaŭ » n’a jamais le sens de temps à venir, ni de situation opposée (kontraŭ), ni de situation en face (kontraŭe).
— « antaŭ » a pour antagonistes :
« post », après ;
« malantaŭ », derrière.
(Adverbe).
Complète le sens d’un verbe sans complément : sens absolu ;
1° auparavant. — 2° par devant, dans cette seconde acception, il peut prendre l’accusatif de direction, comme tout adverbe de lieu.
— 1° « li venis tri tagoj antaŭe », il était venu trois jours auparavant.
— 2° « la piedsoldatoj marŝadis malrapide, kaj la rajdistoj iradis antaŭe », l’infanterie progressait lentement, et les cavaliers s’en allaient par devant.
« malantaŭe », postérieurement, par derrière. (Voir « poste ».)
« antaŭen ! », en avant !
« malantaŭen ! », en arrière !
À peine.
("vix" latin).
— 1° Vise l’antériorité immédiate, par rapport au moment qui suit.
« apenaŭ ŝi venis al la fonto, ŝi vidis… » (Z, 19), à peine arrivait-elle à la fontaine, qu’elle vit…
« apenaŭ ŝia patrino ŝin rimarkis, ŝi kriis al ŝi… » (Z, 21), à peine sa mère l’aperçut-elle, elle lui cria…
Dans cette acception, « apenaŭ » est à peu près synonyme de la locution « ĵus… kiam ».
— 2° « apenaŭ » se prend aussi dans le sens d’antériorité immédiate ou très rapprochée, sans corrélation avec le temps suivant.
« tiam, ŝi estis apenaŭ plenaĝa », elle était alors à peine majeure.
Il faut éviter le sens de postérité immédiate : c’est « tuj » qui convient alors.
— 3° Enfin il peut se prendre dans le sens de quantité, à peine, tout au plus.
Cela coûte à peine un franc : « tio kostas apenaŭ unu frankon ».
Son sens est voisin de « ne tute ».
(Préposition, préfixe).
Auprès de, à côté de (marque la contiguïté relative, le voisinage plus ou moins proche).
(Le terme « apud », esperanto n’a que l’un des divers sens de "apud" latin). Il sert à relier un verbe avec un complément indirect.
« la filo staras apud la patro » (Z, 8), le fils se tient à côté de son père ;
« promenante apud la reloj de la fervojo, li falis sub la radojn de veturanta vagonaro, kaj mortiĝis » (Z, 39), en se promenant à proximité des rails du chemin de fer, il tomba sous les roues d’un train en marche et périt ;
« apuda », contigu, adjacent ;
« apudesti », assister (être auprès de, être présent).
→ « apud » marque la proximité, la contiguïté relative ;
— « ĉe » indique l’identité de lieu, juxtaposition immédiate : « ĉe li », chez lui, – « ĉe la tablo », à table ;
— « kontraŭ » marque l’opposition : en face de, à l’opposé de ;
« kontraŭe », vis-à-vis, en face.
Auprès. À proximité. Tout à côté. Ci-contre (bibliographie). (Voisinage presque immédiat, mais moins près que « ĉe ».)
Il se prend dans un sens absolu, et sert à compléter le sens d’un verbe sans complément.
« li haltis apud la domo, kaj staris apude », il s’arrêta à côté de la maison et se tint auprès.
(Suffixe).
Groupement de certains êtres ou objets de même nature formant un ensemble.
Par définition « ar » ne se soude qu’à des substantifs, ou à des participes à forme substantive.
« arbaro », une forêt ;
« vortaro », un dictionnaire ;
« ŝiparo », une flotte ;
« juĝistaro », un tribunal ;
« homaro », l’humanité (tout entière) ;
« la tuta batalantaro » (Z, 3° Kongr. p. 40), toute l’armée combattante.
« aro » peut s’employer seul :
« sur tiuj ĉi herboriĉaj kampoj, paŝtas sin… aroj da bellenaj ŝafoj » (Z, 34), dans ces prairies plantureuses (champs riches en herbes), paissent des troupeaux de moutons à belle laine (renommés pour la beauté de leur laine).
Ou, ou bien.
("vel" latin).
Marque l’alternative.
« ŭ » étant une semi-voyelle, « aŭ » ne forme qu’une seule syllabe, bien que chaque son reste perceptible.
→ Ne pas confondre avec « kie », le lieu où, dans lequel, ("ubi" latin).
Ou… ou, soit… soit, soit que… soit que.
Marque l’alternative, le choix : ou bien ceci, ou bien cela.
("sive" latin).
→ Distinguer les diverses acceptions du mot français, « ou » :
— l’alternative : « aŭ… aŭ », ou bien… ou bien ("vel" latin) ;
— l’alternance : « jen… jen », tantôt… tantôt ("aut" latin) ;
— l’incertitude entre deux solutions : « ĉu… ĉu », est-ce ceci ? est-ce cela ? ("utrum" latin).
Bientôt (dans peu de temps), « post mallonga tempo ».
— Avec le verbe au futur, marque la postériorité prochaine :
« atendu min, ĉar mi baldaŭ revenos » (Z, 43), attendez-moi, car je reviendrai bientôt.
— Avec le verbe au passé, marque la postériorité relative :
« baldaŭ ni vidis ke ni trompiĝis » (Z, 40), bientôt nous vîmes que nous nous étions trompés.
— Il se prend aussi dans un sens absolu (1) :
« estu trankvila, mia tuta ŝuldo estos pagita al vi baldaŭ » (Z, 25), soyez tranquille, tout ce que je vous dois sera payé avant peu (bientôt).
(1) « baldaŭe » que l’on rencontre parfois avec le sens de « prochainement » ne semble pas une forme officiellement adoptée.
→ « baldaŭ » marque la postériorité prochaine ;
— « tuj », tout de suite, marque la postériorité immédiate et s’emploie avec le futur, ou au besoin le présent :
« mi tuj eliros », et rend le gallicisme : je vais sortir, je suis sur le point de sortir ;
— « ĵus », justement, à l’instant précédent, indique l’antériorité immédiate et rend le gallicisme « venir de », il ne s’emploie qu’avec le passé :
« vi ĵus eliris kiam », vous veniez de sortir lorsque.
→ Ne pas confondre les diverses acceptions des mêmes mots français :
— bientôt (en un mot) : « baldaŭ » ;
— bien tôt (en deux mots), de bien bonne heure : « tre frue ».
→ « baldaŭa », prochain, prochaine (dans un temps proche) ;
« la venonta monato », le mois prochain (le premier à venir, quel que soit son éloignement).
Parenté (ascendante ou descendante), résultant du mariage (notre « beau » français) :
« bopatro, bopatrino », beau-père, belle-mère ;
« bofilo, bofilino », gendre, belle-fille, bru.
N. B. – Le terme de beau-père a deux sens en français : il se dit et du père d’un époux, par rapport à l’autre conjoint, et du second mari de la mère, par rapport aux enfants d’un premier lit. L’esperanto est plus précis :
Dans ce dernier cas il emploie : « duonpatro », le demi-père, « duonpatrino », la demi-mère, seconde femme du père veuf ou divorcé.
De même : « duonfilo, duonfilino », demi-fils, demi-fille, le fils ou la fille d’un premier lit, par rapport au père, ou à la femme remariés.
1° Puisque, comme, vu que, attendu que,
2° Par ce que,
3° Car, en effet.
(1° "quum", 2° "quia", 3° "enim" latin).
Ces trois sens ne diffèrent en réalité que par des nuances que les peuples habitués aux inversions ne saisissent pas de la même manière. S’ils nous semblent si tranchés, c’est surtout parce qu’ils occupent des places différentes dans la construction française. Quelle différence de sens y-a-t-il, au fond, entre ces trois phrases :
Puisque c’était mon intérêt je devais agir ainsi.
Je devais agir ainsi, par ce que c’était mon intérêt.
Je devais agir ainsi : c’était, en effet mon intérêt ?
Toutes ces expressions indiquent la relation de cause à effet.
« sed ĉar » (dans le courant d’une phrase) : mais comme…
« ĉar », au commencement d’une proposition négative, appelle volontiers « sed », par opposition, ce qui se rend en français par : bien, qu’on accole au verbe :
« ĉar mi ne havas kancelieron, sed mi devas mem ĉion plenumi » (Z, 3° Kongreso, p. 39), comme je n’ai pas de chancelier, il me faut bien pourvoir à tout moi-même.
Nous trouverons des exemples analogues au mot « ja »).
(Préposition, préfixe).
Chez, à, tout contre.
Indique l’identité de lieu, un contact réel ou figuré et sans mouvement.
(Dans la première acception seule, répond au latin "apud".)
« li estas ĉe mi », il est chez moi ;
« ĉe la tablo », à table ;
« ĉe ĉiu vorto kiun vi parolos » (Z, 19), à tout mot que vous direz ;
« li ekscitiĝas ofte ĉe la plej malgranda bagatelo » (Z, 41), il s’irrite pour la moindre bagatelle (à la moindre bagatelle).
Zamenhof emploie aussi « ĉe » pour indiquer une adresse, l’emplacement d’une maison dans une rue :
« li loĝas ĉe la strato X », et non pas « sur la strato ».
La maison n’est pas sur la chaussée ; elle est tout contre, elle la borde : donc « ĉe ».
Séparée par une cour, un jardin, elle serait « apud la strato », pour être exact.
Par exception sont bien « sur la strato » un kiosque à journaux, un baraquement d’entrepreneurs pendant une réfection municipale, etc., parce qu’ils usurpent une place sur le sol destiné à la circulation.
« ĉeesti », être présent à, assister à.
→ « apud », auprès de, à côté de, marque la contiguïté relative, moins immédiate :
— « ĉe la tablo », à table, attablé ;
— « apud la tablo », près de la table.
— « kontraŭ », marque l’opposition : en face de, vis-à-vis de, agir contre telle personne ou telle chose.
(Adjectif, préfixe).
Principal, qui est au premier rang.
« ĉefurbo », chef-lieu, ville principale ;
« ĉefredaktoro », rédacteur en chef ;
« ĉefa », principal (adjectif) ;
« Unu el la plej ĉefaj taskoj de niaj verkistoj devas esti la ellaborado de la lingvo » (Z, Revuo, n° 14, p. 25), une de nos plus importantes tâches doit être l’entière élaboration de notre langue.
→ « ĉef » n’est pas le chef, mais le principal, au premier rang honorifique :
« ĉefŝipo », vaisseau-amiral, le principal bateau ;
— « estro », chef, celui qui exerce le commandement :
« ŝipestro », commandant du navire ;
« eskadrestro », amiral, commandant l’ecadre.
(Pronom).
Tu, toi, (te, à l’accusatif, au datif).
« mi donas tion al ci », je te le donne ;
« mi cin elpelas ! », je te chasse !
Ce pronom n’est employé qu’exceptionnellement en esperanto, pour exprimer une tendresse intime, ou en s’adressant à Dieu, ou encore comme expression méprisante. (Les Anglais n’en font usage que de cette façon. – Les Russes, les Polonais le prodiguent davantage.)
Oni uzas ordinare, kiam oni sin turnas al Dio, aŭ al amata persono ; sed ĉiuj nuntempaj kulturaj popoloj alkutimiĝis al la ideo ke « ci » enhavas en si ion senrespektantan ; ekzistas nur unu rimedo : diri al ĉiu, ĉiuj, kaj ĉio, nur : « vi » anstataŭ « ci ».
En okazoj de neklareco, ni povas precizigi, dirante : « vi, sinjoro » – aŭ : « vi ĉiuj », – aŭ : « vi ambaŭ » (Z, Revuo, 28, 297).
Au cas où l’expression manquerait de clarté, nous pouvons préciser en disant : Vous, Monsieur, – ou : vous tous, – ou : vous deux.
De toi, (ton, ta), « ciaj », qui sont de toi (tes).
Adjectif possessif pour les deux genres. Il s’emploie dans les mêmes cas que « ci » ; il prend le pluriel et l’accusatif.
« kisu ciajn infanojn », embrasse tes enfants.
→ Ne pas confondre avec « ĉia », chaque (espèce).
Voir « lia » et « sia » pour l’emploi de ces adjectifs possessifs.
Ce qui est le plus près.
« tiu », celui-là ;
« tiu-ĉi », celui-ci ;
« tio », cela ;
« tio-ĉi », ceci ;
« tie », là ;
« tie-ĉi » ou « ĉi-tie », ici.
→ Ne pas confondre avec « ci » qui signifie tu, toi.
Chaque, toute, chaque espèce, toute espèce.
("quisque" latin).
C’est un véritable adjectif de qualité. Il prend le pluriel et l’accusatif :
« mi amas ĉiajn manlaborojn », j’aime tous les travaux manuels.
« ĉiaokaze », en tout cas.
→ Ne pas confondre avec « cia » adjectif possessif (de toi).
(Adverbe de temps, invariable).
Toujours, en chaque temps, en tout temps.
("semper" latin).
« por ĉiam », pour toujours, à jamais ;
« ĉiama », perpétuel.
(1) « ĉial, — ĉies, — ĉiom » ne figurent pas au Vortaro du fundamento du Docteur Zamenhof, et on ne les trouve nulle part employés dans le texte de cet ouvrage.
Ils ne se rencontrent, pour ordre, que dans l’ekzercaro 30, mais surtout pour montrer la facilité de composition de l’esperanto. L’emploi de ces expressions théoriques ne semble pas à conseiller.
« ĉial » = « ĉiakaŭze » ;
« ĉies » = « de ĉiu » ;
« ĉiom » = « la tuta sumo » ;
« ĉio » = « la tutaĵo de ».
V. ci-après.
(Adverbe de lieu, invariable).
Partout, en chaque lieu, en tous lieux.
("ubique" latin).
« ĉie kie vi haltos », partout où vous vous arrêterez.
(Adverbe, invariable).
De chaque manière, de toute façon.
("omino" latin).
Rend avec concision « ĉiumaniere ».
Tout, chaque chose, toute chose.
(« ĉio, ĉioj », "omne, omnia" latin).
« ĉio » prend l’accusatif, mais ne prend pas le pluriel ordinairement :
« Mi ne konsilas uzi en multenombro la vortojn : ioj, tioj, kioj, ĉioj, nenioj. Tamen se aperas ia tre malofta okazo, kiam la logiko postulas ke ni uzu la diritajn vortojn en multenombro : tiam la gramatiko ne malpermesas. » – Ekz. : « lia potenco konsistas el diversaj ioj… » (Z, Revuo n° 10, 16) : je ne conseille pas d’employer au pluriel les mots : « ioj, tioj, kioj, ĉioj, nenioj » ; – cependant, s’il apparaît quelque très rare circonstance où la logique demande que nous employions ces mots au pluriel, la grammaire ne le défend pas.
(Préposition, préfixe).
Autour de.
Son sens propre est : « ronde de », en cercle autour de.
Sert à relier un verbe à un complément indirect.
« ĉirkaŭ » s’applique au lieu, mais non à la durée ni à la quantité, encore moins à la qualité. Zamenhof au vortaro du fundamento indique cependant « environ » ; mais cette signification semble s’appliquer à « ĉirkaŭe ».
« ĉirkaŭ » signifiant autour de, ne doit être suivi d’aucune préposition :
« la rivero fluas ĉirkaŭ la ĝardeno », la rivière coule autour du jardin.
« ĉirkaŭi », entourer ;
« ĉirkaŭaĵo », ce qui est autour, les alentours, les environs ;
« ĉirkaŭpreni », embrasser (prendre dans ses bras) et non baiser avec la bouche, qui est « kisi » ;
« ĉirkaŭurbo », banlieue.
→ Ne pas confondre avec « ĉirkaŭe » ci-après.
1° Autour, à l’entour, — 2° environ, à peu près, sens très général.
("circa, circum" latin).
Complète le sens du verbe sans complément (sens absolu).
— 1° « la kampo estas mallarĝa, muro staras ĉirkaŭe », le champ est étroit, un mur se dresse tout autour.
— 2° « tio kostas 3 f. ĉirkaŭe », cela coûte 3 f. environ.
« ĉirkaŭe de », aux alentours de, aux environs de.
→ Ne pas confondre avec « ĉirkaŭ », autour de.
(Pronom, adjectif).
— 1° comme pronom : chacun, chaque individu, tout individu.
« ĉiuj », tous, tous les.
("omnis" latin).
— 2° comme adjectif : « ĉiu », « ĉiuj » s’appliquent aux choses : tout, toute, tous les, toutes les.
("omnia" latin).
La forme en « iu » contient en elle-même l’idée de nom ou de pronom. Ces mots peuvent donc s’employer avec ou sans substantifs.
« ĉiu », « ĉiuj » prennent l’accusatif.
Règle. – Après « ĉiu », « ĉiuj » on ne met jamais d’article :
« ĉiuj parencoj de mia edzino estas miaj boparencoj » (Z, 36), tous les parents de ma femme sont mes beaux-parents.
« ĉiu » peut avoir pour corrélatif « kiu » (tout individu qui) ;
de même, « ĉiuj… kiuj » (tous ceux qui).
Cette forme un peu lourde peut cependant être nécessaire.
On trouve dans certains auteurs : « ĉiuj, tiuj, kiuj… », c’est là un gallicisme, du français espérantisé, ce n’est pas esperanto. Cette accumulation de termes consonnants est à condamner absolument.
« ĉiutaga », quotidien (de chaque jour) ;
« ĉiujara », annuel ;
« ĉiufoje kiam… », toutes les fois que…
(Suffixe).
Diminutif carressant pour les prénoms masculins, dont on ne conserve que les 2, 3, 4 ou 5 lettres initiales :
« Alĉjo », pour « Aleksandro » ;
« Miĉjo », pour « Mikaelo » ;
« Patĉjo », pour « Patreto », petit père, papa.
→ « j » étant une semi-cosonne, « ĉjo » ne forme qu’une syllabe ;
— « ĉio », tout, forme deux syllabes.
Est-ce que ?
("an" latin).
L’esperanto n’imposant aucune construction de phrase, l’interrogation ne peut se marquer par l’inversion du sujet (placé après le verbe, comme en français), ni par le mouvement de la phrase.
— 1° L’interrogation directe est marquée par le mot « ĉu » placé en vedette, comme un point d’interrogation avertisseur :
« ĉu la vino estas bona ? », est-ce que le vin est bon, le vin est-il bon ?
— 2° « ĉu » exprime encore notre « si » français dubitatif, ou dans l’interrogation indirecte, – et notre « que » dans l’incertitude ("an" – "ne, num" latin) :
« mi ne scias ĉu mi eliros », je ne sais pas si je sortirai ;
« diru al mi ĉu vi vidas ? », dites-moi si (est-ce que) vous voyez ?
« mi dubas ĉu li venos ? », je doute qu’il vienne (est-ce qu’il viendra ?) ;
« kvankam vi estas riĉa, mi dubas ĉu vi estas feliĉa », (quoique vous êtes riche, je doute, est-ce que vous êtes heureux), quoique vous soyez riche, je doute que vous soyez heureux.
Ces diverses acception de « ĉu », si tranchées pour des oreilles françaises, ne diffèrent que par des nuances qui échappent aux peuples habitués aux inversions, dont l’Esperanto s’accommode si bien.
« Je ne sais si je sortirai. », – « Sortirai-je ?, je ne sais ! », ne diffèrent que par une nuance dans le degré d’incertitude. De même pour les trois phrases :
« Je doute qu’il vienne. », – « Je doute s’il viendra. », – « Viendra-t-il ? j’en doute ! ». Elles diffèrent surtout par l’allure.
→ Ne pas confondre avec : « si » français conditionnel, qui se rend par « se » :
« se mi estus sana, mi estus feliĉa ».
S’emploie pour marquer l’incertitude entre deux solutions.
("utrum, an" latin).
Il rend nos locutions : soit… soit, ou bien… ou bien, dans le sens dubitatif de : est-ce ceci, est-ce cela ?
« ĉu pro timo, ĉu pro fiereco, li nenion respondis », soit par crainte, soit par fierté (est-ce par crainte, est-ce par fierté) il ne répondit rien ;
« ĉu li venas, aŭ ne ? », vient-il, oui ou non ?
« La vorton ĉu, ni devas, kiom eble, uzadi nur en senco demanda, ankaŭ en la senco de necerteco, aŭ de dubo. Sed mi neniam konsilus uzi ĝin, tute senbezone, anstataŭ jen kaj aŭ » (Z).
→ « ĉu… ĉu » marque l’incertitude, le doute entre deux solutions ;
— « aŭ… aŭ » indique le choix, l’alternative, et se rend en français par « soit… soit » ;
— « jen… jen » indique l’alternance : « tantôt… tantôt ».
De, mais seulement après les mots marquant quantité, mesure, poids, nombre.
En réalité « da » répond à la question « combien ? » « kiom ? ».
Toutes les fois que cette question ne peut être sous-entendue, « da » ne convient pas :
« plena da », « senigita da » semblent incorrects : on met « plena je ».
« da » devra s’accoler aux termes de quantité :
« iom da », un peu de ;
« kelke da », quelque peu de ;
« multe da », beaucoup de ;
« multo da », un grand nombre de ;
« tro da », trop de ;
« sufiĉe da », assez de ; etc.
« glaso da vino, estas glaso plena je vino » (Z, 32).
« dudek jaroj da laborado » (Z, 3° Kong. p. 40), vingt ans de travail.
« centoj da miloj da… », des centaines de milles de…
« amaso da… », une masse de…
« parto, peco, havas sencon de mezuro, ofte, sed ne ĉiam » (Z, Revuo, n° 16, 472).
« en la daŭro de kelke da minutoj, mi aŭdis du pafojn » (Z, 40), dans l’espace de quelques minutes, j’entendis deux coups de feu.
« la riĉulo havas multe da mono » (Z, 37), le riche a beaucoup d’argent.
« mi neniam prenas kun mi, multon da pakaĵo » (Z, 35), jamais je ne prends avec moi un grand nombre de bagages.
On trouve même : « granda serio da pafilegoj » (Z, 38) ; mais ici « de » conviendrait tout aussi bien.
Zamenhof (32) écrit : « Tiu ci rivero havas ducent kilometrojn da longo » (image qui nous semble un peu hasardée), pour « estas longa da », ou mieux « je ». – « havas » nous étonne : c’est une image un peu forcée que de dire qu’une rivière « possède » 200 kil. de long.
Règle. – « da » ne s’emploie pas devant un mot précédé de l’article « la ». Ne pas dire « parto da la jaro », mais « parto de la jaro » (Z, Revuo, n° 10, 16).
→ Ne pas confondre « da » (qui répond à la question « kiom », combien) avec « de » ou « el ».
On trouve « da » employé pour indiquer la matière dont une chose est faite : « seĝo da ligno » pour un siège de bois. Ceci est à condamner absolument. Il ne saurait, dans cette expression, être question de la quantité de bois employée et dès lors « da » ne saurait convenir. Il faudrait : « seĝo el ligno » ou « ligna seĝo ».
(Préposition, préfixe).
De, depuis, par, trois sens :
— 1° la possession, la dépendance (indique la personne ou l’objet à qui appartient, dont dépend…) (génitif) ;
— 2° l’origine, la provenance, le point de départ (lieu ou temps), depuis tel lieu, depuis telle époque ;
— ou enfin 3° le complément du verbe passif.
— 1° « la domo de mia patro » ;
« la kanto de la birdoj » ;
(il peut alors se remplacer par la forme adjective : « patra domo »…)
— 2° « tiu ĉapelo estas de Parizo », c’est un chapeau de Paris (provenant de) ;
« li iras de Diĵono ĝis Parizo », il va de Dijon à Paris (depuis Dijon jusqu’à Paris) ;
« de tiu tempo », depuis ce moment.
— 3° « ŝi estas amata de ĉiuj », elle est aimée de tous (par tous) ;
« pentraĵo farita de mia amiko », une peinture faite par mon ami (1).
— « de » a parfois même, un quatrième sens dérivé abusivement du précédent et joue un rôle qui appartient à « pro » ou à « por » :
« pala de teruro », pâle terreur, par suite de terreur ;
« morti de malsano », mourir de maladie, par cause de maladie.
De même « glaso de vino » (verre à vin) serait mieux rendu par « glaso por vino », on éviterait ainsi les subtilités entre « glaso de » et « glaso da ».
(1) Le rôle complexe de « de », expose à certaines confusions :
« la akcepto de la kongresanoj de la grupo de Bolonjo », est-ce : la réception des congressistes du groupe de Boulogne, – ou : la réception par les congressistes (du groupe de Boulogne) ? – ou : la réception des congressistes par le groupe de Boulogne ? On évitera l’ambiguïté en disant : « la akcepto al la kongresanoj de la Bolonja grupo ».
Pour éviter ces recherches de phrases, il suffirait, comme on le propose, de pouvoir substituer à « de », devant le complément du verbe passif, le doublet « par » (qui est de la famille « per, pri, por, pro »).
« deveni », venir de, tirer son origine de, provenir de.
« dependi », pendre (depuis) du haut de, « folioj dependas de branĉoj », des feuilles pendent du haut des branches.
→ Ne pas confondre « de » et « da » :
— « glaso de bona vino », verre à vin fin ;
— « glaso da bona vino », verre (plein) de vin fin ;
— « en la daŭro de kelke da minutoj » (Z, 40), dans l’espace de quelques minutes (quelques rares minutes).
→ Ne pas confondre « de » et « el » : tous deux ont l’idée d’origine ; mais « el » précise la sortie hors de tel lieu, ou l’extraction d’entre les éléments de tel milieu : « la tute nuda Vereco eliris iam el la puto », la Vérité toute nue sortit un jour du puits (hors du puits).
Parfois la nuance est si faible que l’on peut employer l’un ou l’autre :
« Danubo elfluas de Alpoj » ou « el Alpoj », le Danube découle des Alpes (depuis les Alpes), ou : le Danube s’écoule hors des Alpes.
Mais si on précisait : en cet endroit le Danube sort des Alpes, « el » s’imposerait :
« tie Danubo elfluas el Alpoj ».
→ Ne pas employer « de » pour indiquer la matière dont un objet est fait, une chaise de bois ne peut pas plus se dire « seĝo de ligno », que « seĝo da ligno »,
— il faut dire « seĝo el ligno », ou mieux « ligna seĝo ».
D’autant (plus).
Ne s’emploie que dans l’expression « des pli » :
« pli bone », mieux :
« des pli bone », d’autant mieux ;
« ju pli… des pli… », plus… plus.
« ju » marque la cause, « des », l’effet :
« ju pli li estas riĉa, des pli li estas avara », plus il est riche, plus il est avare.
C’est la locution populaire : « tant plus… d’autant plus… »
(Préfixe).
Marque désunion, division, disjonction, dissémination, dispersion.
« disiri », se séparer, aller chacun de son côté ;
« disigi », séparer ;
« ĵeti », jeter, « disĵeti », éparpiller ;
« rompi », rompre, « disrompi », briser en éclats ;
« nedisigebla », inséparable.
N. B. – « dis » a pour antagoniste : « kun », idée d’union :
« disigi », — « kunigi ».
Donc (renforçatif).
("igitur" latin).
« venu do ! », venez donc !
→ « sekve », conséquemment, en conséquence, donc, ("ergo" latin), vise un enchaînement de raisonnements, déduction, conclusion ;
— « tial », c’est pourquoi, donc, ainsi, ("itaque" latin), vise un enchaînement de faits, une décision basée, non sur un raisonnement abstrait, mais sur des circonstances.
Durant, pendant que, tandis que (au propre et au figuré). Son sens propre est : l’intervalle de temps où…
Il se prête à accuser l’opposition des faits, ou des abstractions, avec concordance des temps, aussi se traduit-il souvent par : « alors que ».
« dum la promenado », durant la promenade ;
« dum li parolis », pendant qu’il parlait, alors qu’il parlait.
« Dum la diferenco inter "en" direkta, kaj "en" sendirekta, estas tre granda, la diferenco… » (Z, Revuo, n° 7, 827), tandis que la différence entre "en avec direction" et "en sans direction", est très grande, la différence entre…
N. B. – On trouve parfois « dum ke », cela est incorrect : c’est un gallicisme : « dum » contient que en soi.
→ Ne pas confondre avec les termes qui n’impliquent pas concordance de temps :
— « kontraŭe » (au contraire), marque aussi l’opposition, mais avec plus de force ;
— « sed » (mais), marque aussi l’opposition, mais plutôt la restriction accusée ;
— « tamen » (cependant, toutefois, néanmoins), marque la restriction, sans opposition.
Pendant ce temps, ce pendant (en deux mots) : marque la concordance des temps d’une façon absolue.
Il se prête à accuser l’opposition de faits simultanés, le contraste des agissements personnels.
→ Ne pas confondre avec « tamen », cependant (en un mot), qui marque restriction, sans opposition.
Demi, à moitié.
C’est la fraction (« on’ ») dont le dénominateur est « du », deux.
« duon » s’emploie comme préfixe général :
« duonsurda », à demi-sourd ;
« duonfermi », entr’ouvrir, entrebailler.
Il sert de préfixe aux parentés d’alliance descendante ou ascendante, par suite de nouveau mariage d’un époux veuf ou divorcé :
« duonpatro », « duonpatrino », demi-père, demi-mère, se dit de qui épouse un veuf, ou une veuve, par rapport aux enfants du premier lit (ce que le français applle : beau-père, belle-mère, en prêtant à confusion).
« duonfilo », « duonfilino », demi-fils, demi-fille (en français : beau-fils, belle-fille), pour les enfants d’un premier lit, par rapport à l’époux du conjoint veuf.
→ Ne pas confondre avec « bo » qui vise uniquement les parents d’un époux, par rapport à son conjoint, – ou l’époux d’un des conjoints, par rapport aux parents de ce conjoint.
(Suffixe).
Possible, qui se peut, qui peut être, qui peut arriver, (notre « able », ou « ible » dans faisable, possible).
« ebl »se soude à une racine verbale avec un sens passif :
« kredebla », croyable ;
« komprenebla », compréhensible.
Le suffixe « ebl » ne peut former que des adjectifs, des adverbes, des substantifs en aĵo, eco, et des verbes en « igi » (« neebla », « maleble », « eblaĵo », « ebleco », « ebligi » rendre possible, permettre, se prêter à).
Il ne peut former ni substantifs simples en « o », ni verbes en « i ».
Comme suffixe, « ebl » ne s’allie qu’à des racines verbales pour en faire des adjectifs à sens passif avec le sens : « qui peut être… ».
Traduire : « mortel, viable, solvable », par « mortebla, vivebla, pagebla », n’est pas admissible, car ces mots signifient proprement : qui peut être mort, qui peut être vécu, qui peut être payé (payable). Pour rendre le sens actif : « qui peut, qui est capable de », on emploie soit le suffixe « ema », soit un mot composé avec « pov » ou « kapabl ». Mortel (qui peut mourir, enclin à mourir) : « mortema ». Viable (qui peut vivre) : « vivema » ou « vivopova ». Solvable (qui peut payer) : « pagopova » ou « pagokapabla ».
→ Ne pas confondre :
— « ebla », qui peut être ;
— « inda », qui est digne d’être, qui mérite d’être, (presque : qui doit être).
(Adverbe).
Possiblement.
C’est abusivement qu’on lui a donné le sens dubitatif de « peut-être » ("forsan" latin).
Remarque. – Parmi les échelons de la certitude, on trouve ce qui est :
1° évident, « evidenta » ;
2° démontré, « pruva » ;
3° affirmé, « jesa » ;
4° ce qu’on juge digne d’être cru, « kredinda » ;
5° ce qui est vraisemblable, « verŝajna » ;
6° le possible à croire, « kredebla » ;
7° le douteux, « dubebla » ;
8° ce que l’on doit nier, « nea ».
On doit pouvoir éviter une confusion entre le possible et le douteux :
« c’est possible » est restrictif, quant à la mesure, mais affirmatif sur l’ensemble ;
« peut-être » implique un certain doute général, il n’est pas admissible que « eble » exprime nettement le doute que comporte le mot « peut-être », alors que ce même terme, employé comme suffixe soudé à un mot tel que « kredi », signifie croyable, ce qui est non un doute, une suspicion, mais une affirmation mitigée.
D’ailleurs comment rendrait-on cette phrase : « est-ce possible ? – peut-être ! » : « ĉu tio estas ebla ? – eble ! » n’est pas admissible.
On propose « forse » : ĉu tio estas ebla ? forse ! » est très acceptable, bien dans l’esprit de la langue. Il devrait être adopté, au moins comme doublet de « eble », pour exprimer le doute, lorsqu’il peut y avoir ambiguïté.
(Suffixes).
Marque l’état, la qualité constitutive abstraite, une conception de l’esprit faisant partie d’un ordre d’idée général.
Ce n’est jamais quelque chose de matériel, de tangible.
« eco » se soude à des racines marquant la qualité ou l’état, qu’elles appartiennent à des adjectifs, des substantifs, ou des verbes :
« bona, boneco » ;
« infano, infaneco » ;
« eduki, edukeco ».
« eca » qualifie l’apparence que présente un objet qui a la qualité abstraite de « eco ». Bien que très régulier, « eca » est assez rarement employé, par ce qu’il ne peut s’appliquer qu’à un nombre de cas restreint.
« oleo », l’huile, donne :
« olea », qui est réellement relatif à l’huile ;
« oleeco » est la qualité de ce qui est huileux : un état, une apparence ;
« oleeca » qualifie l’objet qui a l’apparence de la qualité dite « oleeco » ; l’acide sulfurique, par exemple dit vulgairement huile de vitriol, à cause de sa consistance épaisse, semi-sirupeuse, sera qualifié : « oleeca » d’apparence huileuse — (et non « olea », qui ne convient que pour ce qui est réellement de l’huile).
Les routes de la Champagne, en terrain crayeux compact, sont par la pluie, des plus glissantes et comme savonneuses. « sapo » étant le savon, elles semblent avoir la qualité de « sapeco ». On les qualifiera : « sapecaj vojoj », routes savonneuses (d’apparence), comme savonneuses.
« emeco » :
On a dit beaucoup trop dogmatiquement : « En principe, l’esperanto ne greffe pas sur le suffixe « em » l’affixe « ec », de la qualité abstraite. L’idée étant pleinement rendue par « emo », l’addition de « ec » sous la forme « emeco » serait une pure surérogation ».
« emeco » est au contraire une forme admise et parfaitement justifiée.
« em » indique le penchant, la tendance à telle action. Mais « emeco » indique et peut seul indiquer la qualité constitutive permanente de ce penchant, de cette tendance.
On peut être enclin à croire telle personne, dans telle circonstance et se montrer alors « kredema », sans être pour cela un « kredemulo » (un homme caractérisé par sa crédulité), sans être constamment affecté de « kredemeco ».
→ Ne pas confondre « eco » avec « aĵo », qui est une chose matérielle :
« avara », avare ;
« avareco », avarice (défautde caractère) ;
« avaraĵo », une ladrerie, le fait matériel d’un ladre.
« infaneco », l’état où l’on est dans le premier âge, l’enfance ;
« infanaĵo », un fait, un acte qui se pourrait comprendre chez un enfant, un enfantillage.
(Adverbe).
Même, bien plus, jusqu’à, (appuie en renforçant l’idée).
("etiam, imo" latin).
« kaj eĉ mi diros… », et même je dirai, j’irai jusqu’à dire, bien plus je dirai…
« ni nenion povis vidi, eĉ antaŭ nia nazo » (Z, 33), nous ne pouvions rien voir, pas même au bout de notre nez.
« ne… eĉ », pas même.
("nequidem" latin).
→ Ne pas confondre les divers sens du mot " même " :
— « mem » marque l’identité absolue ou l’identité de choses personnifiées :
« mi mem », moi-même ;
« estas via ŝlosilo mem », c’est bien votre clef même.
— « sama », même (qui n’est pas autre), marque l’identité relative de nature, d’usage, d’action, d’effet :
« tiuj du ŝlosiloj estas la samaj », ces deux clefs sont bien les mêmes (de la même serrure, en deux exemplaires identiques).
— « same », de même, de même façon, souligne plus clairement l’analogie d’usage, l’identité relative.
— « simila », semblable, marque la similitude d’aspect, sans plus (et non leur identité individuelle, absolue, ni relative, ou d’usage).
(Suffixe).
Augmentatif : Chose, idée, action, ou qualité au plus haut degré.
On doit éviter de le rendre par « grand », devant un substantif, — et par « très », devant un adjectif. Autant que possible, on s’efforcera de le traduire par un terme différent, d’un ordre plus imposant, plus accusé.
« granda », grand, – « grandega », immense ;
« bone », bien, – « bonege », parfaitement ;
« peti », prier, – « petegi », supplier ;
« pluvo », pluie, – « pluvego », averse ;
« bela », beau, – « belega », superbe, magnifique, splendide, (suivant le sens du contexte).
La langue française n’a que rarement des termes convenables pour rendre ces nuances : il faut alors recourir à des locutions qui rendent l’idée.
(Suffixe).
Marque le lieu spécialement affecté à, – par l’usage, la destination ou la nature pour une action ou une chose.
« bovo », bœuf, – « bovejo », étable ;
« kuiri », cuire, – « kuirejo », cuisine ;
« tabakvendejo », débit de tabac ;
« herbo », herbe, – « herbejo », herbage, prairie.
(Préfixe).
Indique une action qui commence (qu’elle doive durer ou non), ou qui est momentanée, soudaine.
« krii », crier, – « ekkrii », s’écrier ;
« salti », sauter, – « eksalti », tressauter ;
« vidi », voir, – « ekvidi », apercevoir.
Rarement nous avons, en français, un terme pour rendre l’idée, on traduit alors par se mettre à, se prendre à, commencer à :
« plori », pleurer, – « ekplori », se prendre à pleurer ;
« plorĝemi », sangloter, – « ekplorĝemi », éclater en sanglots ;
« kanti », chanter, – « ekkanti », se mettre à chanter, entonner.
« ek » peut s’employer avec la plupart des verbes, ce qui donne à l’esperanto une richesse de nuances dont le français est loin d’approcher.
(Préposition).
Hors de, en dehors de.
Sert à relier un verbe à un complément indirect.
Il a pour antagoniste « en », dans.
« Mi staras ekster la domo, kaj li estas interne » (Z, 26), je me tiens en dehors de la maison, et lui est à l’intérieur (au dedans).
N. B. – Parfois le sens est très voisin de « krom » (à part cela), – ou de « plie » (de plus) :
« ekster tio, el la diritaj vortoj, ni povas ankoraŭ fari aliajn vortojn » (Z, 30), en dehors de cela (cela mis à part), des mots cités, nous pouvons encore tirer d’autres expressions.
« la ekstero », l’extérieur ;
« ekstera », extérieur.
« Starante ekstere, li povis vidi nur la eksteran flankon de nia domo » (Z, 31), comme il se tenait au-dehors, il ne pouvait voir que le côté extérieur de notre maison.
(Adverbe).
À l’extérieur, au dehors, extérieurement.
Sert à compléter le sens d’un verbe, sans préposition.
V. ex. ci-dessus.
Il a pour antagoniste : « interne », au dedans.
(Préposition, préfixe).
— 1° De, d’entre.
("ex" latin).
Marque la sortie hors de tel lieu, l’extraction d’entre les éléments de tel milieu.
« Mia patrino forpelis min el la domo » (Z, 21), ma mère m’a chassée (hors) de la maison ;
« multaj el vi… » (Z), beaucoup d’entre vous…
« du el niaj amikoj », deux de nos amis.
« El sub la kanapo, la muso kuris sub la liton » (Z, 26), de dessous le canapé, la souris s’en fut en courant sous le lit.
N. B. – On voit que « el » se met très bien au début de la phrase.
— 2° Matière dont une chose est faite :
« seĝo el ligno », une chaise de bois.
Ce sens de « el » est une dérivation un peu forcée du précédent (une chaise faite d’éléments tirés du bois).
— 3° (Abusivement) : par extension de la seconde acception, dans une synthèse dont on analyse les éléments :
« mia skribilaro konsistas el inkujo, sablujo, kelke da plumoj, krajono, kaj inksorbilo » (Z, 34), mon attirail d’écritoire consiste en (les matières :) un encrier, un sablier, quelque peu de plumes, un crayon et du papier buvard. (1)
(1) On justifie l’emploi assez singulier de « el » dans ce cas, en disant : quand il s’agit d’une synthèse, d’une réunion de plusieurs éléments (inkujo, sablujo, k.t.p.), le résultat (skribilaro) apparaît comme un bloc, sortant en quelque sorte, de cet ensemble de matériaux.
On dit beaucoup plus logiquement « konsistas en », quand il n’y a qu’un seul élément constitutif : « la boneco konsistas en eco de bonkoro », la bonté consiste en une qualité particulière du cœur.
— 4° Par extension, le préfixe « el », (de même que « tra ») a pris abusivement le sens d’entier accomplissement d’un acte, de parachèvement d’un travail, d’étude poussée à fond.
« lerni », étudier, – « ellerni », apprendre à fond (« tute plene lerni ») ;
« labori », travailler, – « ellabori » ou « tralabori », mettre la dernière main à un travail ;
« legi », lire, – « tralegi », lire d’un bout à l’autre, entièrement ; « lernolibron oni devas ne tralegi, sed tralerni » (Z, 31), un livre d’étude ne se doit pas (seulement) lire d’un bout à l’autre, mais s’étudier à fond (1).
(1) Il est fort à désirer qu’on puisse employer dans ce sens, comme préfixe, le radical « tut », entièrement, qui rendrait beaucoup plus clairement l’idée, et éviterait de détourner « el » et « tra » de leur acception propre.
« trairi vilaĝon », traverser un village, à cheval, en automobile, ou en voiture, permet bien de s’en faire une certaine idée, mais ne signifie assurément pas en acquérir une connaissance approfondie.
De même « tralegi » a bien plutôt le sens naturel de parcourir, de lire en feuilletant rapidement un volume pour s’en faire une idée générale, — que le lire attentivement, à fond, d’un bout à l’autre, pour se l’assimiler par un travail suivi. « tutlegi », lire entièrement, « tutlerni », apprendre tout à fait, rendrait beaucoup mieux l’idée.
Règle. – « el » s’emploie avec « la plej » pour former le superlatif.
« el » peut suivre ou précéder « la plej ».
« … estis unu el la plej belaj knabinoj… » (Z, 11), c’était une des plus belles fillettes…
« ŝi kantas plej bone el ĉiuj », elle chante le mieux de toutes.
« El ĉiuj miaj infanoj, Ernesto estas la plej juna » (Z, 10), de tous (d’entre tous) mes enfants, Ernest est le plus jeune.
N. B. – « el » a pour antagoniste « en » :
« eliri », sortir, – « eniri », entrer.
→ Ne pas confondre « el » avec « de ».
Tous deux renferment l’idée d’origine, de point de départ, — mais « el » y ajoute l’idée précise de sortie hors de tel lieu, ou d’extraction d’entre les éléments de tel milieu.
(Suffixe).
Indique le penchant à telle action, la tendance, et, par extension, l’habitude.
Il se soude à des racines indiquant l’action et forme des substantifs et des adjectifs.
« kredi », croire ;
« kredemo », crédulité ;
« kredema », crédule ;
« kolerema », irascible.
Note. – La superposition de suffixes « emeco » est parfaitement admise : elle indique, dans une acception abstraite, la tendance permanente à un penchant.
Voir au mot « eco » (1).
(1) C’est à tort que M. de Beaufront l’a jadis proscrite.
(Préposition, préfixe).
En, dans.
Idée d’introduction, d’intérieur.
("in" latin).
1° Au propre, « en » vise un lieu ;
2° Par extension, au figuré, il s’applique à une époque, un espace de temps.
— 1°
« iri », aller, – « eniri », entrer (aller dans) ;
« havi », avoir, – « enhavi », contenir (avoir dedans, en soi).
« en nia lando sin ne trovas montoj » (Z, 38), dans notre pays, il ne se trouve pas de montagnes ;
« manĝi en la kuirejo » (Z, 13), manger (dans) à la cuisine ;
« ĝi aŭdigas sian voĉon en la stratoj » (Z, Sentencoj, 2, 11), il fait entendre sa voix dans les rues, (« en », parce que le pavé et les maisons forment comme une boîte de résonance) autrement, « dans la rue » se dit « sur la strato ».
— 2°
« en la somero » (Z, 38), en été ;
« en la kota vetero » (Z, 39), dans le boueux hiver ;
« en la tago, ni vidas la helan sunon », dans le jour, nous voyons le lumineux soleil ;
« en la daŭro de kelke da minutoj » (Z, 40), dans l’espace de quelque peu de minutes.
« lerta en tiu arto », habile en cet art (en considérant l’art comme un tout fermé), pour « lerta pri tiu arto ».
De même on trouve : « skribi en la albumon » alors qu’au point de vue réaliste, la main écrit « sur la albumon » ; l’autographe ne devient « en la albumo » que quand l’album est refermé.
N. B. « en » a pour antagoniste « el ».
Règle. – « en », n’indiquant pas par lui-même une direction on met à l’accusatif le mot qui le suit, s’il y a idée de direction, vers un lieu, si non, le mot suivant restera au nominatif :
« la birdo flugas en la ĉambro » (ĝi estas en la ĉambro, kaj flugas en ĝi) ;
« la birdo flugas en la ĉambron » (ĝi estas ekster la ĉambro, kaj flugas nun en ĝin) (Z, 26).
(Suffixe).
Marque l’élément, la parcelle, le grain, le petit morceau, l’unité constitutive.
« er », comme « ar », ne se soude qu’à des substantifs.
« sablo », sable, – « sablero », grain de sable ;
« mono », numéraire, – « monero », pièce de monnaie ;
« fajro », feu, – « fajrero », étincelle, parcelle en ignition ;
« sablero enfalis en mian okulon » (Z, 41), un grain de sable m’est tombé dans l’œil (est tombé dans mon œil).
N. B. – « er » a pour antagoniste « ar ».
Le suffixe « er » ne peut s’appliquer qu’aux choses matérielles qui peuvent se fragmenter d’une manière réelle, pratique. — Il ne faut pas l’employer d’une façon imagée.
Être.
Seul verbe auxiliaire de la conjugaison esperanto. — Il se conjugue d’ailleurs comme tous les autres.
Le verbe « esti » indique un état et non pas une action.
Attribut. – La langue française n’ayant pas de déclinaison, pas d’accusatif, la distinction entre le complément et l’attribut ne nous est pas familière. — Quelques rappels de définition peuvent ici être nécessaires.
Le complément direct est la personne ou la chose qui subit directement l’action exprimée par le verbe.
Il résulte de cette définition que s’il n’y a pas d’action opérée, il ne saurait y avoir de complément direct. — « esti » n’indiquant jamais une action, mais simplement un état, n’a pas de complément direct : il ne peut avoir que des attributs. L’attribut reste au nominatif.
L’attribut se reconnaît d’ailleurs à ce qu’il répond à la question « comment » ou « comme » après le verbe.
« Mon ami est malade » — Mon ami est comment ? — malade. — Malade est donc un attribut et restera au nominatif :
« Mia amiko estas malsana ».
Il n’y a pas que les phrases où figure le verbe « esti » qui renferment des attributs, au lieu de compléments directs. C’est que le verbe « esti » peut y être sous-entendu. Malgré son apparence de complément, le qualificatif qui suit le verbe est alors en réalité un véritable attribut qui doit rester au nominatif. D’ailleurs, on le reconnaîtra à ce qu’il répond à la question « comment ? » ou « comme ? ».
« Je crois mon ami malade » — On voit tout de suite que le cas est le même que plus haut. La phrase signifie : « Je crois mon ami être malade ». D’ailleurs à la question « je crois mon ami comment ? » — la réponse est : malade. — Donc :
« Mi kredas mian amikon malsana ».
Remarquons l’importance de cette distinction ; si on mettait : « mi kredas mian amikon malsanan », cela signifierait « je crois (ce que dit) mon ami, le malade », ce qui est un tout autre sens.
Sont dans ce cas les verbes : devenir, paraître, sembler, penser, estimer, croire, juger, savoir, trouver, choisir, élire, faire, nommer, proclamer, laisser, rendre, montrer, appeler, reconnaître comme (ou pour), regarder (comme), tenir (comme ou pour), etc. Bref, toutes les fois qu’on envisage l’être ou l’objet, comme ayant une qualité qu’on lui attribue, (à tort ou à raison), c’est un attribut qui doit rester au nominatif.
« On a proclamé un président » — Qu’est-ce qu’on a proclamé ? un président. On a proclamé comment ??? Pas de réponse. — Donc « président » est ici un complément :
« Oni proklamis prezidanton ».
« On l’a proclamé président » — Qu’est-ce qu’on a proclamé ? — lui. Comment ? comme président, pour être président. — Donc : « lui », complément direct, à l’accusatif ; « président », attribut, au nominatif :
« Oni proklamis lin prezidanto ».
« être à » pris dans le sens de « appartenir à ».
Règle. – Si pour désigner le possesseur on emploie le verbe « esti », on ne doit pas le désigner par « al », mais bien par « de ».
La logique d’ailleurs le veut ainsi. De même qu’on dit : « c’est le livre du père » (et non « au père ») : « ĝi estas la libro de la patro », de même on dira : « la libro estas de la patro », comme notre phrase française : « le livre est celui du père ». Et non, comme nous le disons à tort : « le livre est au père ». Ce gallicisme nous porte à croire que « père » est ici un complément indirect du verbe être, alors qu’il n’est qu’une attribution, le verbe être ne saurait avoir de complément (voir ci-dessus : « esti »).
Il n’en est plus de même avec d’autres verbes : on dira : « la libro apartenas al la patro ».
Presque toutes les difficultés apparentes de l’esperanto, ne proviennent que de la difficulté réelle et des bizarreries des gallicismes, expressions particulières à la langue française.
(Substantif) – (Suffixe).
Chef, qui exerce le commandement effectif.
("dux" latin).
« mi restas tie ĉi, lau la ordono de mia estro », je reste ici sur l’ordre de mon chef (selon l’ordre).
« ŝipestro », capitaine de navire (celui qui a le commandement) ;
« subestro », sous-chef, commandant en second.
→ « ĉef » est non pas le chef, mais le principal, au point de vue honorifique surtout :
« ĉefurbo », la ville principale ;
« urbestro », le maire (le chef de la ville) ;
« la ĉefa ŝipo », le vaisseau-amiral (le principal vaisseau) ;
« la ŝipestro », le capitaine de vaisseau (l’officier qui en a le commandement).
(Suffixes).
Diminutif, avec idée gracieuse.
Se soude aux noms, adjectifs, ou verbes.
Il ne se rend pas par « petit » devant un nom, ni par « très peu » devant un adjectif, — mais par un terme différent, d’un ordre atténué et gracieux. — La langue française, pour les verbes surtout, n’a que rarement des termes convenables pour rendre ce suffixe et il faut avoir recours à des locutions qui fassent saisir la nuance.
« domo », maison, – « malgranda domo », petite maison, – « dometo », maisonnette ;
« rivero », rivière, – « rivereto », ruisseau ;
« monto », mont, – « monteto », colline ;
« viro », homme, – « vireto », petit bout d’homme ;
« varma », chaud, – « varmeta », tiède ;
« bela », beau, – « beleta », joli ;
« ridi », rire, – « rideti », sourire.
N. B. – « et » est l’antagoniste de « eg ».
(Substantif).
Fois.
« Tiu ĉi malfeliĉa infano devis du fojojn en ĉiu tago, iri ĉerpi akvon » (Z, 13), cette malheureuse enfant devait, deux fois par jour, aller puiser de l’eau.
« per unu fojo », en une seule fois ;
« la unua fojo », la première fois ;
« foje », une fois, un jour ;
« foje estis », il était une fois ;
« foje kiam », une fois que.
Souvent employé comme suffixe :
« dufoje », deux fois ;
« duafoje », une seconde fois ;
« iafoje », parfois ;
« kelkafoje », quelquefois ;
« ĉiufoje kiam », chaque fois que…
(Préposition, préfixe).
Au loin, loin du lieu dont on parle.
("procul" latin).
— 1° Comme préposition, « for » est suivi de « de » :
« for de tie ĉi ! », hors d’ici ! au loin d’ici !
Dans un sens absolu il s’emploie seul :
« iru for ! », va-t-en !
— 2° Comme préfixe : faire que la chose disparaisse :
« la knabo forpelis la birdojn » (Z, 9), le petit garçon pourchassa au loin les oiseaux ;
« forflugi », s’envoler et disparaître à l’horizon ;
« forblovi », se dit du vent qui, en soufflant, emporte un objet hors de vue ;
« formanĝi », dévorer, engloutir, faire disparaître dans les profondeurs de son estomac ;
« fordoni », abandonner en don, sans espoir de retour ;
« forlasi », abandonner, laisser à l’abandon, consentir à ce que l’objet disparaisse définitivement pour soi ;
« foriru ! », allez-vous en ! disparaissez, allez au diable !
(Adverbe).
Peut-être.
("forsan" latin).
Mot proposé pour suppléer à « eble » :
« forse estas eble ! », peut-être est-ce possible !
(Voir au mot « eble » une note à ce sujet.)
« forse » comme dans la phrase italienne : « Forse che si ! forse che no ! ». À La forme latine "forsan", il y a lieu de préférer la forme italienne "forse" à cause de sa terminaison adverbiale en Esperanto.
Tôt, de bonne heure.
« venu frue ! », venez de bonne heure !
« malfrue », tard ;
« frua », précoce ;
« malfrua », tardif ;
« trofrua », hâtif ;
« pli frue ol », plus tôt que, de meilleure heure que…
« pli frue ol tri tagoj », plus tôt que trois jours, avant trois jours d’ici, d’ici trois jours.
→ « pli frue » marque le temps : plus tôt (en deux mots) ;
« prefere », « pli vole », marque la préférence : plutôt (en un mot).
— « tiel frue », aussi tôt, d’aussi bonne heure ;
« tuj », aussitôt, tout de suite.
(Préfixe).
Les deux sexes réunis (conjoints ou non, parents ou non).
« gepatroj », le père et la mère ;
« geedzoj », les deux époux ;
« gefianĉoj », les fiancés ;
« gemastroj », les maîtres de maison (Monsieur et Madame) ;
« la gedoktoroj », le docteur et sa femme ;
« gesinjoroj », Messieurs et Mesdames ;
« gesamideanoj », hommes et femmes en communion d’idée, ayant le même idéal (expression dont se saluent les espérantistes), chers confrères en esperanto.
« Ni povas tre bone uzi tiun ĉi prefikson, en ĉiuj okazoj, kiam ni parolas pri ambaŭ seksoj » (Z, Revuo, n° 6, 7), nous pouvons fort bien employer ce préfixe, en toutes occasions, quand nous parlons des deux sexes.
(Pronom personnel).
3e personne neutre singulier (pluriel neutre inexistant, « ili » est commun aux trois genres).
Il, elle, (cela), pour toutes les choses, et pour tous les être dont on ne précise pas le sexe : « la vorton « ĝi » ni uzas, kiam ni parolas, pri io kio ne havas sekson, aŭ kies sekso estas por ni nekonata, aŭ indiferenta » (Zamenhof).
(Expressions latines : "id, hoc, illud, istud").
« la tranĉilo traĉas bone, ĉar ĝi estas akra » (Z, 16), le couteau coupe bien, car il est tranchant ;
« la infano ploras, ĉar ĝi volas manĝi » (Z, 16), l’enfant (être dont cette dénomination n’indique pas le sexe) pleure, car il veut manger.
En principe, on doit employer « ĝi » pour tout animal ; cependant il est préférable, comme l’usage s’en est établi, d’employer « li » ou « ŝi » quand on parle d’un animal dont le sexe est déterminé expressément dans le texte.
Règle. – « ĝi » s’emploie, concurremment avec « tio » même à propos d’un homme ou d’une femme, quand il tient lieu des mots français : c’est, ce sont, c’est vous, un tel ?
« Ni povas tute bone diri : « ĝi estas vi, Ivan ? » anstataŭ : « tio estas vi, Ivan ? » » (Z, Revuo, n° 16, 17).
(Adjectif possessif neutre).
Indique un possesseur neutre.
« ĝia » signifie « de ĝi ». Voir aux mots « lia » et « ŝia » des éclaircissements pour l’usage des adjectifs possessifs.
« mi montris al la infano, kie kuŝas ĝia pupo » (Z, 18), « ĝia », de l’enfant, sexe indéterminé, donc neutre.
(Préposition).
— 1° jusqu’à ;
— 2° devant un verbe, jusqu’à ce que (temps et lieu).
("usque" latin).
Règle. – « ĝis » suffisant à indiquer la direction, est toujours suivi du nominatif (comme « al »).
« mi iros de Parizo ĝis Diĵono », j’irai de Paris à Dijon (depuis Paris, jusqu’à Dijon) ;
« ĝis la revido ! », jusqu’au revoir !
« ĝis » s’emploie très bien en composition :
« ĝisnuna » (antérieurjusqu’à l’actualité), « Fine mortis nia plej kara samideano kaj amiko, kiu estis la animo de niaj ĝisnunaj kongresoj » (Z, 3° Kong, p. 39), enfin, est mort notre plus cher co-idéaliste et ami, qui était l’âme de nos congrès antérieurs et actuel (de tous nos congrès jusqu’ici). L’esperanto est autrement clair et concis que les traductions qu’on en peut faire.
N. B. – On trouve parfois « ĝis kiam ». C’est un pléonasme contraire aux règles de la langue : « ĝis », devant un verbe, signifiant jusqu’à ce que. Il faut se mettre en garde contre le français espérantisé.
(Adverbe).
Hier.
« hieraŭ matene », hier matin ;
« hieraŭ vespere », hier soir.
(Adverbe).
Aujourd’hui.
« hodiaŭ matene, vespere », ce matin, ce soir.
(Adjectif indéfini).
Quelque, certain, quelque espèce de.
« ia » vise uniquement la qualité, la nature, la sorte, l’espèce et nullement la personnalité.
("aliquis" latin).
« vi devis elekti ian vorton pli simplan », vous deviez choisir quelque (espèce de) mot plus simple ;
« via vino estas nur ia abomena acidaĵo » (Z, 35), votre vin n’est qu’une abominable chose acide (et non pas vinaigre, qui est « vinagro »).
Comme tout adjectif, « ia » prend le pluriel et l’accusatif.
→ « ia » forme deux syllabes ;
« ja » (en effet, de fait, donc), n’en a qu’une, « j » en esperanto, étant une semi-consonne.
→ « ia » vise la qualité, la nature, l’espèce ;
— « iu » (quelque, personne ou chose) vise l’individualité :
« ia homo », quelque homme, certain homme ;
« iu homo », quelqu’un ;
« iafoje », parfois (avec l’idée de certaines circonstances particulières) ;
« iufoje », quelque fois (vise le nombre de fois) ;
« kelkafoje », quelquefois.
Un jour, quelque jour (indéterminé).
("olim, unquam" latin).
« se iam », si un jour, si d’aventure.
Quand on envisage le passé, il signifie jadis.
Au futur, il signifie jamais (affirmatif) :
« se iam al vi plaĉos alveni tien », si jamais il vous prenait fantaisie de venir ici.
« iam » a pour antagoniste « neniam », ne… jamais, qui est toujours négatif, car il contient « ne » en soi.
→ « iam » forme deux syllabes ;
— « jam » (déjà) n’en a qu’une, « j » étant une semi-consonne.
(Suffixe).
Enfant de, le petit d’un animal, lignée, produit de telle race, descendant de (s’applique aux hommes et aux animaux).
« naskito de », né de ;
« Princido », enfant du prince ;
« hundido »,un chiot,le petit d’un chien ;
« ĉevalido estas nematura ĉevalo ; bovido, nematura bovo » (Z, 36), un poulain (produit de la race chevaline) est un cheval non fait ; un veau (produit de la race bovine) est un bœuf non adulte ;
« la filoj, la nepoj, kaj pranepoj de reĝo, estas reĝidoj » (Z, 36), les fils, petits-fils, arrière-petits-fils de roi, sont de lignée royale ;
« la Hebreoj estas Izraelidoj, ĉar ili devenas de Izraelo » (Z, 36), les Hébreux sont des Israélites, car ils descendent d’Israël.
Quelque part, en quelque lieu.
("alicubi" latin).
Bien qu’adverbe, et par nature invariable, il prend l’accusatif de direction.
« kiam mi ien veturas » (Z, 36), quand j’y vais en voiture (ou autre véhicule), quand je m’y transporte.
→ « ie », « ien », forment deux syllabes ;
— « je », préposition passe-partout, — « jen » (voici), n’en ont qu’une.
(Idée de propriété), de quelqu’un, d’une certaine personne.
("alicujus, cujusdam" latin).
C’est un génitif contracté invariable, pour : « de iu ».
Cette forme peut paraître anormale, dans une langue dont la déclinaison ignore le génitif.
→ « ies » forme deux syllabes ;
— « jes » (oui), n’en a qu’une, « j » étant une semi-consonne.
(Suffixe).
D’une manière générale, faire, causer, rendre.
« ig » marque toujours un rapport de cause à effet.
("facere" latin).
— 1° Soudé à une racine non verbale (substantif, adjectif, préposition, etc.), « ig » signifie : faire que l’on soit, suivi d’un adjectif ; (rendre tel, être cause que l’on devienne tel). Le sens ainsi trouvé, le condenser en un verbe actif.
« pura », propre, – « purigi », faire que l’on soit propre, être cause que l’on devienne propre, rendre propre, nettoyer ;
« forta », fort, – « fortigi », faire que l’on soit fort, rendre fort, fortifier ;
« ordo », ordre, – « ordigi », mettre en ordre, ranger ;
« kun », avec, – « kunigi », mettre avec, assembler, réunir ;
« for », au loin, – « forigi », rendre éloigné, éloigner ;
« dis », division, – « disigi », rendre divisés, séparer, désunir ;
« bela », beau, – « beligi », rendre beau, embellir.
(Ici pas de doute possible, et pas de difficulté.)
— 2° Soudé à un verbe, « ig » signifie : faire, suivi de l’infinitif. Le sens ainsi trouvé, le condenser en un verbe, si la langue française s’y prête.
« devi », devoir (être dans l’obligation de), – « devigi », faire devoir, faire que l’on soit dans l’obligation de, obliger à, astreindre à ; « tiu ĉi patrino devigis ŝin manĝi en la kuirejo » (Z, 13), cette mère l’astreignait à manger à la cuisine ;
« dormi », dormir, – « dormigi », faire dormir, « opio dormigas » ;
« veni », venir, – « venigi », faire venir ;
« vidi », voir, – « vidigi », faire voir, montrer ;
« esti », être, – « estigi », faire être, faire que l’on soit, rendre.
Remarque. – Beaucoup de verbes peuvent prendre avec « igi » deux sens différents. – « scii », savoir, – « sciigi », faire savoir. Mais faire savoir signifie aussi bien : informer quelqu’un de quelque chose, ou : faire connaître quelque chose à quelqu’un.
D’après Zamenhof, les verbes en « igi » peuvent avoir les deux sens, actif ou passif, c’est la construction de la phrase, l’ensemble du contexte, la diversité des prépositions qui fixe le sens.
Règle. – Si le verbe terminé en « igi » a deux compléments, l’un se met à l’accusatif, l’autre s’emploie avec une préposition.
« ni ne povas diri : sciigi amikon novaĵon, sed ni povas diri : sciigi amikon pri novaĵo (informer un ami d’une chose nouvelle), aŭ sciigi novaĵon al amiko (faire connaître une (chose) nouvelle à un ami) ; ambaŭ frazoj estas regulaj kaj ambaŭ estas tute klaraj » (Zamenhof, Revuo, n° 8, 13). L’une et l’autre phrases sont tout à fait régulières, et toutes deux sont parfaitement claires.
« trinki », boire, – « trinkigi », faire boire ;
« trinkigi akvon », faire boire de l’eau ;
« trinkigi ĉevalon », faire boire un cheval ;
« trinkigi akvon al (de, par) ĉevalo », faire boire de l’eau à un cheval ;
« trinkigi cevalon je akvo », abreuver un cheval avec de l’eau.
« mi manĝigis miajn amikojn je (per) kokinoj », j’ai fait manger mes amis au moyen de poules (j’ai nourri mes amis avec des poules ; ou bien :
« mi manĝigis kokinojn al (de, par) miaj amikoj », j’ai fait manger des poules à mes amis.
→ Il est cependant des cas où le sens peut prêter à une très fâcheuse amphibologie ; l’ensemble du contexte peut prêter à un double sens, la préposition qui accompagne un des compléments peut laisser dans le doute, la préposition peut d’ailleurs manquer, en sorte que rien ne vient lever l’indétermination. Exemples :
On sait qu’un des plus grands soucis du commandement dans les grandes guerres est de trouver des subsistances, particulièrement pour les chevaux. On sait aussi que dans maintes places assiégées, la pénurie des fourrages, la rareté de la viande de boucherie ont souvent obligé à sacrifier les chevaux pour alimenter les troupes, à Metz, à Paris, on en a vu de tristes exemples. Supposons-nous à une de ces armées :
« la generalo manĝigis la ĉevalaron de la armeo », cela peut tout aussi bien se traduire : le général a fait manger les chevaux de l’armée (il a pu trouver des fourrages pour eux), ou bien : le général a fait manger les chevaux de la cavalerie par l’armée (a dû sacrifier les chevaux de la cavalerie pour alimenter l’armée).
L’incertitude ici ne peut être levée par le contexte, ni par la préposition, à cause du double rôle que joue « de », comme génitif, et comme fixant le complément indirect du verbe passif. L’adoption de « par » en remplacement de « de », dans ce dernier rôle, suffirait souvent à lever l’indétermination. Mais cela ne répondrait pas encore à tous les cas :
« la farmisto manĝigis siajn kokinojn », le fermier a fait manger ses poules. L’esperanto n’est pas plus clair ici que le français. Cela signifie-t-il : le fermier a fait que ses poules mangent, ou soient mangées ? Il leur a donné à manger — ou il les a données à manger ?
Dans l’état actuel de l’esperanto, il est toutefois possible de fixer l’un ou l’autre sens, en appliquant ce qui suit :
— 3° Quand le suffixe « igi » donne lieu à amphibologie :
A. – Pour exprimer que le régime accomplit l’action indiquée par le verbe, on emploiera « igi » comme verbe séparé, suivi du complément, puis du verbe. – (On imposera ainsi un sens actif) :
« la farmisto igis la kokinojn manĝi », le fermier a fait que les poules mangent ;
« la servisto igas la ĉevalon manĝi avenon », le domestique fait le cheval manger de l’avoine (fait manger au cheval de l’avoine).
B. – Pour exprimer que le régime subit l’action indiquée par le verbe, on soudera au verbe le suffixe « igi ». Le sens sera présumé passif, sauf le cas où le contexte établirait suffisamment le contraire, sans amphibologie.
« la farmisto manĝigis la kokinojn » : le fermier a fait être mangées les poules, il les a livrées pour être mangées ;
« la generalo manĝigis la ĉevalaron de la armeo » : le général a fait être mangés les chevaux de la cavalerie par l’armée (il les a fait manger par l’armée).
– Ces deux constructions de phrases, A et B, n’ont rien qui ne soit parfaitement conforme aux règles actuelles de la grammaire Esperanto orthodoxe.
— En résumé : Quand le complément précède le verbe, c’est lui qui opère l’action ;
Quand le complément suit le verbe, il subit l’action.
Tel est le principe ordinairement appliqué.
(Suffixe).
Être fait, devenir.
Ces verbes indiquent un résultat obtenu, un effet produit, une transformation subie. (C’est le sens même de « estiĝi »).
("fieri" latin).
« iĝi » n’est jamais employé seul, mais toujours comme suffixe.
« iĝi » se soude à des racines à forme d’adjectifs, de substantifs ou de verbes ; ils ont alors le sens passif, par leur nature même ; ils ne sauraient avoir un sens réfléchi. Ce n’est que par une apparence trompeuse, due à nos gallicismes, qu’ils semblent parfois revêtir une forme réfléchie, ainsi qu’on va le voir.
« pala », pâle », – « paliĝi », devenir pâle (en français : pâlir) ;
« li paliĝis de timo, kaj poste li ruĝiĝis de honto » (Z, 39), il pâlit de peur, et puis rougit de honte ;
« fluida », liquide, – « fluidiĝi », devenir liquide ;
« per la varmo, la neĝo fluidiĝas », par la chaleur la neige devient liquide, ou, comme nous disons abusivement en français, la neige se fond, se liquéfie, car elle ne se fond pas elle-même, elle devient liquide par l’effet d’une action étrangère ;
« stari », être debout (dans la position debout), – « stariĝi », être fait dressé, être mis debout, et, par un gallicisme singulier, en parlant des choses, « se dresser » :
« la piramidoj staras sur la dezerto », les pyramides se dressent dans le désert, (il est bien évident qu’on les y a dressées, et qu’elles ne se dressent pas elles-mêmes, de par leur propre action) ;
« rompi », rompre, casser, – « rompiĝi », être fait cassé, devenir cassé, et par gallicisme « se casser », verbe qui, malgré son apparence, n’est pas réfléchi ;
« la spegulo rompiĝis », le miroir est devenu cassé, s’est cassé, (bien qu’une glace ne se casse pas toute seule — elle est cassée par quelqu’un ou quelque chose).
→ Il faut être prémuni contre les apparences trompeuses de ces expressions : elles sont cause de beaucoup d’erreurs dans le juste emploi des mots Esperanto. — Exemples :
« stari », être dans la position debout, dressée ;
« starigi », mettre debout, dresser quelqu’un ou quelque chose ;
« stariĝi », être fait dressé, être mis debout par quelqu’un (abusivement, par image, se dresser) ;
« li stariĝis » signifie proprement : il a été mis debout, on l’a dressé, mis debout ;
se dresser soi-même, action réfléchie, se traduirait :
« sin starigi », se mettre debout soi-même, ou « ekstari », commencer à être debout ;
« sidi », siéger, être assis ;
« sidigi », mettre assis, asseoir (de gré ou de force) quelqu’un ou quelque chose ;
« sidiĝi », être assis par quelqu’un ;
on a dit abusivement : « sidigu vin, aŭ sidiĝu ! », ce dernier terme signifie : qu’on vous assoie !
s’asseoir, peut aussi se rendre par « eksidi » ;
« kuŝi », gésir, être gisant (dans la position couchée) ;
« kuŝigi », coucher quelqu’un ;
« sin kuŝigi » ou « ekkuŝi », se coucher soi-même ;
« kuŝiĝi », être couché par quelqu’un ;
« mi kuŝiĝis », proprement : on m’a couché (j’ai été mis dans la position couchée), par exemple : quelqu’un racontant ce qui lui est arrivé dans une syncope.
Pour bien fixer les idées à cet égard, nous prendrons, comme dernier exemple, un des verbes qui laissent indécis les esprits superficiels ; tout en étant un verbe neutre, il revêt, en français une apparence réfléchie qui déroute ceux qui ne réfléchissent pas.
Verbe neutre : « droni », périr par submersion (abusivement, par gallicisme, se noyer).
Verbe actif : « dronigi », faire périr par noyade : noyer quelqu’un.
Verbe passif : « droniĝi », devenir noyé par, mourir noyé par quelqu’un.
Verbe réfléchi : « sin dronigi », se faire périr soi-même, par noyade, se suicider par submersion.
« La malfeliĉulo dronis ! li tamen ne sin dronigis, sed ĉar oni lin dronigis, li droniĝis de ia nekonata mortiganto. » : Le malheureux périt noyé ! il ne s’est cependant pas noyé par suicide ; mais comme on l’a noyé, il mourut, noyé par quelque meurtrier inconnu.
(Suffixe).
L’instrument (moyen mnémonique : l’outill, -il).
« il » ne s’emploie qu’avec les racines à forme de verbe.
« kudri », coudre, – « kudrilo », aiguille ;
« tondi », tondre, – « tondilo », ciseaux ;
« pafi », tirer (coup de feu), – « pafilo », fusil ;
(Pronom personnel).
Troisième personne du pluriel : le même, jusqu’ici pour les trois genres : ils, elles, eux. (1)
Prend l’accusatif.
("hi, hae, illi, illae, illa" latin).
(1) Il serait à désirer qu’on adopte « iŝi » pour le féminin (pluriel de « ŝi », comme « ili » est le pluriel de « li »).
Leur. (en réalité, il n’y a pas de mot répondant au terme français leur) :
« ilia » signifie : d’eux, d’elles ; de ceux là.
("illarum" latin).
« ilia », véritable adjectif, prend le pluriel et l’accusatif.
Voir aux mots « lia », « sia », des éclaircissements pour l’emploi de ces adjectifs possessifs.
(Suffixe).
Qui mérite d’être, qui est digne d’être.
Il s’emploie avec des racines verbales.
« laŭdinda », digne de louanges ;
« kredinda », digne d’être cru.
→ Ne pas confondre : « ebl » indique simplement une possibilité :
« laŭdebla », qu’on peut louer ;
« laŭdinda », digne de louange ;
« kredebla », qu’on peut croire, croyable ;
« kredinda », digne de foi.
Le sens propre de « ind » est passif. Dans l’état actuel de la langue, on ne sait comment rendre en une seule expression : « qu’on doit croire ». Pour ce sens spécial, en quelque sorte impératif, on a proposé le suffixe : « end » : « kredenda », « farenda », que l’on doit croire, que l’on doit faire. Mais il ne semble pas en voie d’adoption.
(Suffixe).
Marque la gaine spéciale dans laquelle par destination s’engage, s’ajuste, s’insère l’extrémité d’un seul objet.
« fingro », doigt, – « fingringo », dé à coudre ;
« kandelo », chandelle, – « kandelingo », chandelier ;
« piedo », pied, – « piedingo », étrier.
→ « ujo », par destination, renferme en totalité, une certaine quantité d’objets semblables :
« cigaro », cigare ;
« cigaringo », fume-cigare ;
« cigarujo », étui-porte-cigares (pour mettre dans la poche) ;
« cigarejo », débit de tabac.
(Préposition préfixe).
Entre deux ou plusieurs personnes (s’applique aux choses, locaux, époques) — parmi, au milieu de (au propre et au figuré).
« inter ni », entre nous ;
« inter aliaj aferoj », entre autres choses ;
« venu ĉe mi, inter tagmezo, kaj la kvara », venez chez moi entre midi et quatre heures ;
« Diĵono kuŝas inter Parizo kaj Ljono », Dijon se trouve entre Paris et Lyon ;
« interparolo », entretien ;
« interkonsento », convention ;
« interakto », entracte ;
« interhelpo », entremise ;
« interregno », interrègne ;
« intertempo », intervalle de temps ;
« interspaco », intervalle entre deux lieux, distance.
→ « el », d’entre (les éléments de tel milieu) ;
— « de… ĝis… », depuis, jusqu’à ;
« venu ĉe mi de tagmezo ĝis la kvara » signifierait non pas : venez chez moi entre midi et quatre heures ; mais depuis midi jusqu’à quatre heures (restez-y ce temps là).
(Adverbe).
À l’intérieur, au-dedans (et non pas dans, qui se rendrait par « en »).
« interne » se prend dans un sens absolu, et sert à compléter le sens d’un verbe sans complément.
Il a pour antagoniste « ekster », à l’extérieur, au dehors.
« interne » ne sert pas de préfixe, mais forme des mots composés :
« internigi », faire pénétrer ;
« interno », l’intérieur d’une cavité ;
« internaĵo », les choses qui sont à l’intérieur :
« elpreni el kokido internaĵon », vider un poulet.
Quelque chose.
("aliquid" latin).
Pronom neutre, terme indéfini relatif aux choses.
Il prend l’accusatif.
« Kiam vi ekparolis, ni atendis aŭdi ion novan » (Z, 40), quand vous prîtes la parole, nous nous attendions à entendre quelque chose de nouveau (quelque chose nouvelle).
Les mots « io, tio, kio, ĉio, nenio » ne s’emploient pas habituellement au pluriel. Cependant, Zamenhof donne comme bon l’exemple suivant :
« lia potenco konsistas el diversaj ioj, el kiuj, ĉiu aparte ne estas grava, sed ĉiuj kune, donas al li grandan forton » (Z, Revuo n° 10, 16), leur puissance repose sur diverses choses, dont chacune séparément n’a pas d’importance, mais toutes réunies leur donnent une grande force. — Voir « ĉio ».
Un peu.
("paulum, paucum" latin).
« iom da », un peu de, quelque peu de ;
« iom da tempo », un peu de temps ("paulisper" latin) ;
« iom da pano », un peu de pain.
« iom » indiquant par lui-même une certaine quantité, est toujours suivi de « da », (sauf quand il est pris dans un sens absolu).
« post du horoj, la forno estis nur iom varmeta » (Z, 38), deux heures après (au bout de deux heures), le four n’était qu’un peu (à peine) tiède.
Règle. – Ne pas employer « iom de », car « de » ne convient que si on ne parle pas de quantité.
« iom post iom », peu à peu.
("sensim" latin).
« kun la tempo, la formo nova, iom post iom, elpuŝos la formon malnovan, kiu fariĝos arkaismo » (Z, antaŭparolo, p. x.), avec le temps, la forme nouvelle, peu à peu se substituera à la forme ancienne, qui deviendra archaïque (un archaïsme).
(Suffixe).
Marque la profession (manuelle, commerciale, libérale, savante, artistique, etc.) et par extension l’occupation dominante habituelle (d’amateur, etc.).
En principe, tout métier est donc terminé par « ist » (il y a des exceptions : « tajloro », tailleur, « advokato », avocat, et autres professions dont les noms sont internationaux).
Mais « ist » n’implique pas forcément le métier, la profession, ni la source de salaire ou de profits : « botisto », bottier, – « maristo », marin, – « pordisto », portier, – « matematikisto, verkisto, pentristo, skulptisto, k. t. p. », peuvent très bien désigner actuellement : un mathématicien, un auteur, un peintre, un sculpteur, un amateur qui fait de cette science, ou de cet art, son occupation favorite, qu’il vende ou non ses ouvrages. On a dit même « pensisto », un penseur, ce qui n’est pas à recommander.
Note. – Nous estimons qu’il est préférable, pour éviter toute erreur d’interprétation, de réserver « isto » pour celui qui exerce une profession rétribuée, vit d’un métier payé, et de désigner l’amateur par « ulo » ou « ano ». À plus forte raison, le penseur sera : « pensulo » ; cela est d’ailleurs dans l’esprit de la langue.
→ « isto », celui qui se livre à une occupation habituelle ou favorite, rétribuée ou non ;
— « ema », forme l’épithète de celui qui se livre à un penchant dominant ;
— « ulo », signale la personne caractérisée par un trait dominant aux yeux du public.
Ce ne sont pas des professions que d’être un petit jeune homme, un vieillard, un insensé, un richard, un prodigue, un avare, un bavard ou un menteur: « junulo, maljunulo, malsaĝulo, riĉulo, malŝparulo, avarulo, babilulo, mensogulo » — On ne pourrait qualifier « babilisto », que le pitre faisant le boniment. Si Zamenhof a écrit : « li estas mensogisto » (Z, 37), il a voulu exprimer que c’était un vil menteur qui en faisait métier, tout inavouable qu’il soit, comme « ŝtelisto », qui vit du vol.
(Pronom, adjectif indéfini).
Quelque (personne ou chose).
Marque l’individualité.
Il peut prendre le pluriel et l’accusatif.
« iu » a deux rôles distincts :
1° celui de pronom,
2° celui d’adjectif.
— 1° Comme pronom, signifie quelqu’un (en sous-entendant « homo »).
« iu » (homo), quelqu’homme, quelqu’un ;
« ĉu iu venis ? », quelqu’un est-il venu ?
Antagoniste : « neniu », personne.
La forme en « iu » contient en elle-même l’dée de nom ou de pronom.
— 2° Comme adjectif, s’applique aux choses : Quelque.
« iu arbo », quelqu’arbre ;
« iufoje », quelquefois (avec l’idée du nombre de fois) ;
tandis que « iafoje », parfois, s’entend avec l’idée de circonstances.
→ « iu » vise la personnalité ;
— « ia » vise la qualité, la manière d’être, la nature.
→ « iu » forme deux syllabes ;
— « ju » (dans un comparatif) n’en a qu’une.
(Affirmation renforçative).
Certes ! en effet ! sans doute ! n’est-ce pas ! (dans un sens interrogatif).
("equidem" latin).
« ja » ne s’emploie jamais seul.
Il ne forme qu’une syllabe ; (« ia » en a deux).
Joint à un verbe, il le renforce, avec le sens de « bien » :
« vi ja scias ke… », vous savez bien que…
Joint à « jes » il le renforce et lui donne quelque chose de notre « si » affirmatif, qui manque en esperanto :
« ĉu vi venas ? — jes ja ! », venez-vous ? — oui certes, oui bien !
« ĉu vi ne venas ? — jes ja ! », ne venez-vous pas ? — si fait, mais si !
→ « ja » est plus affirmatif que « sen dube », sans doute.
Il est opposé à « eble », « forsan », peut-être.
Déjà.
("jam" latin).
« "jam" enhavas en si la ideon de ŝanĝo de stato » (Z, Revuo, n° 14, 16).
« jam » renferme implicitement l’idée de changement d’état, de circonstances.
« jam de tre longa tempo », déjà depuis un très long laps de temps ;
« jam estas tempo iri domen », déjà il est temps de gagner la maison.
« jam nun », dès à présent.
« Riĉigadi la lingvon per novaj vortoj, oni povas jam nun… ; sed tiuj ĉi vortoj devas esti nur rekomendataj, ne altrudataj » (Z, Antaŭparolo, p. IX). Enrichir la langue de nouveaux mots, on le peut dès à présent ; mais ces expressions ne peuvent être que recommandées, non imposées.
« jam neniam », plus jamais, jamais plus, à jamais, à tout jamais.
Le rapprochement de ces deux expressions a pour but de renforcer le sens.
« la tempo pasinta, jam neniam revenos » (Z, 22), le temps passé ne reviendra plus jamais, jamais plus ne reviendra.
On pourrait être tenté de traduire comme s’il y avait « la tempo jam pasinta », le temps déjà passé jamais ne reviendra. — Ce serait une erreur : la position de la virgule montre d’ailleurs que « jam neniam revenos » est un seul membre de phrase, et que l’idée est : « ce temps à tout jamais passé ».
REMARQUE SUR « JAM NE » ET « NE PLU »
Ces deux expressions ont le sens général de : ne… plus, cesser.
« Por tre multaj okazoj ambaŭ esprimoj ŝajnas al mi egale bonaj ; tamen ne ĉiam ambaŭ esprimoj povas reciproke anstataŭi unu la alian. Ekz : anstataŭ : « ne parolu plu », — ni ne povas diri : « jam ne parolu » ».
→ « jam » enhavas en si la ideon de ŝanĝo de stato ;
— « plu » enhavas la ideon de daŭrado (en loko, aŭ tempo).
— « jam ne » povas rilati al io, kio antaŭe ne ekzistis, sed estis nur intenca, aŭ esperata ;
— « ne plu » rilatas al io, kio ekzistis jam antaŭe » (Z, Revuo, n° 14, 26).
En de très nombreuses circonstances, ces deux expressions semblent également bonnes. Toutefois, on ne peut pas toujours les employer indifféremment l’une pour l’autre, en particulier avec un verbe à l’impératif ou au futur.
« jam » a en soi l’idée de changement d’état, de circonstances ;
« plu » a en soi l’idée de continuation (dans l’espace ou le temps).
« jam ne » convient pour un fait qui ne s’est pas encore réalisé, et n’était que l’objet d’une intention, d’un désir ou d’une appréhension.
– Il doit alors se traduire par : renoncer à.
« ne plu » vise un fait qui existait déjà auparavant.
– Il se traduit par : cesser de.
« ne parolu plu », ne parlez plus (cessez de parler, taisez-vous !) ;
« jam ne parolu », ne parlez pas ! (renoncez à prendre la parole !) ;
« mi serĉos mian horloĝon, sed mi timas ke ĝin jam ne trovos » (Z, 20), je chercherai ma montre, mais je crains bien qu’il ne me faille (qu’il me faudra) renoncer à la trouver.
Note. – Il est des cas où « jam ne » n’a que l’apparence d’une locution. C’est alors la simple juxtaposition fortuite de deux mots indépendants :
« tio ĉi estis jam ne simpla pluvo, sed pluvego » (Z, 38), c’était déjà, non une simple pluie, mais une averse. – On pourrait aussi bien dire : déjà ce n’était plus une simple pluie, (cela cessait d’être une simple pluie).
La nuance entre « jam ne » et « ne plu » est donc souvent très subtile mais le sens de « jam ne » avec un verbe à l’impératif ou au futur, est toujours : renoncer à.
« ne jam » se trouve parfois avec le sens de « pas encore ». — Cette expression est à éviter, et Zamenhof recommande de la remplacer alors par « ne ankoraŭ » (Z, Revuo, n° 14, 26).
→ « jam », déjà, n’a qu’une syllabe ;
— « iam », un jour, d’aventure, jadis, en a deux.
Préposition passe-partout, dont il ne faut pas abuser.
S’emploie quand aucune autre préposition ne rend exactement le sens de l’idée à exprimer.
« je » se traduit par diverses prépositions : sa signification est toujours aisément suggérée par le sens général du contexte.
On supplée au vague qui en résulte, comme on le fait dans un texte imprimé, où un mot mal venu est illisible.
« je » sert en particulier à marquer le temps, l’heure, la mesure (hauteur ou profondeur, largeur, longueur).
« je l’mateno » ;
« je la tria » ;
« alta je X metroj » ;
« glaso plena je vino » ;
« mi ridas je lia naiveco » ;
« li okupas sin je mekaniko » ;
« estas inda je atento » ;
« je la lasta fojo, mi vidis lin ĉe vi » ;
« avida je gloro » ;
« simila je la patro » ;
« utila je la homaro ».
« Sed estas bone uzadi la vorton « je », kiel eble plej malofte ». Anstataŭ la vorto « je », ni povas ankaŭ uzi akuzativon, sen prepozicio » (Z, 29). Toutefois il est bon d’employer le mot « je » le plus rarement possible. Au lieu du mot « je », nous povons aussi employer l’accusatif sans préposition.
→ « je » n’a qu’une syllabe ;
— « ie », quelque part, en a deux.
Abréviation de « jen estas » : cela est, voici, voilà.
("ecce" latin)
« jen estas la pomo kiun mi trovis » (Z, 6), voici la pomme que j’ai trouvée.
« jena », suivant, suivante, que voici :
« mi finas do, per la jenaj vortoj… » (Z, antaŭparolo, XI), je termine donc par les mots suivants…
→ « jen » n’a qu’une syllabe ;
— « ien » (l’accusatif de lieu) en a deux.
Tantôt (ceci), tantôt (cela).
Marque l’alternance.
("aut" latin).
→ Ne pas confondre :
— « aŭ… aŭ… », qui marque seulement le choix, l’alternative : ou… ou bien, ("vel, sive" latin) ;
— « ĉu… ĉu… », qui marque l’incertitude, l’hésitation entre deux solutions : est-ce ceci ? est-ce cela ? ("utrum" latin).
Oui ! (affirmation absolue).
« jesi », affirmer ;
« jesigi », confirmer ;
« jesa », affirmatif.
Il a pour antagonistes : « ne, nei, neigi, nea ».
« ĉu li donis al vi jesan respondon, aŭ nean ? » (Z, 31), vous a-t-il donné une réponse affirmative ou négative ?
« jes ja ! », oui bien, si fait ! À une question dubitative :
« ĉu vi do ne venos ? — jes ja ! » : ne viendrez-vous donc point ? — mais si, si fait ! oui bien !
→ « jes » n’a qu’une syllabe ;
— « ies », de quelqu’un, à quelqu’un, en a deux.
Avec un comparatif, donne une idée de corrélation : d’autant.
("quando, tanto" latin).
« ju pli… des pli… », plus… plus…
« ju malpli… des malpli… », moins… moins…
« ju pli mi ŝin konas, des malpli ŝi plaĉas al mi », (d’autant plus je la connais, d’autant moins elle me plaît), plus je la connais, moins elle me plaît.
→ « ju » (d’autant) ne forme qu’une syllabe ;
— « iu », quelque (personne ou chose) en a deux.
Marque l’antériorité immédiate : justement, à l’instant, il n’y a qu’un instant.
Avec le verbe au passé, il rend le gallicisme : « venir de ».
« vi ĵus eliris kiam… », vous veniez de sortir, lorsque…
("modo" latin).
« ĵus » a pour antagoniste : « tuj » (postérité immédiate) qui, avec un verbe au futur, rend le gallicisme : « aller…, être sur le point de… »
(Conjonction).
Que.
« mi pensas ke », je pense que ;
« estus tre bele ke mi iru al la fonto ! » (Z, 19), il ferait beau voir que j’aille à la fontaine !
Le verbe « esti » peut être sous-entendu :
« kompreneble ke mi lin amas ! », (c’est) bien entendu que je l’aime !
« tiel ke », si… que :
« vi estas tiel bona, ke mi devas fari al vi donacon » (Z, 15), vous êtes si bonne, qu’il me faut vous faire un présent.
« por ke », pour que :
« subtenante la kruĉon, por ke la virino povu trinki » (Z, 15), soutenant la cruche pour que la femme pût boire.
(Voir au mot « por » dans quels cas « por ke » demande l’impératif).
« ke » est quelquefois employé par ellipse pour « por ke » :
« la sepan tagon de la semajno, Dio elektis ke ĝi estu pli sankta, ol la ses unuaj tagoj » (Z, 12), c’est le septième jour de la semaine que Dieu choisit pour qu’il soit (pour être) plus saint que les six premiers (jours).
« ke » correspond parfois à nos gallicismes « de » avec un infinitif, — ou « si » avec un verbe :
« pardonu min, ke mi nur aludas per kelkaj vortetoj… » (Z, 3° Kong, p. 44), excusez-moi de ne faire allusion qu’en quelques mots (si je ne fais allusion qu’en quelques mots) ;
« mi kore vin gratulas ke… » (Z, 3° Kong, p. 40), c’est de tout cœur que je vous remercie de…
→ Ne pas confondre les acceptions très différentes du mot « que » en français. Il faut en bien discerner le sens, pour le rendre avec justesse :
1° « ke », que, conjonction : « ni pensas ke », nous pensons que…
2° « kiu », lequel : « la hundo kiun vi vidas », le chien que vous voyez.
3° « kio », quoi, quelle chose : « kion vi diras ? », que dites-vous ?
4° « kia », quel ;
« tia kia », tel que : « li estas tia kia vi estas », il est tel que vous (êtes).
5° « kial », pourquoi : « kial vi ne laboras ? », que ne travaillez-vous ?
6° « kiam », quand : « li apenaŭ estis tie, kiam li eliris », à peine était-il là, qu’il sortit.
« tuj kiam », aussitôt que.
7° « kiom », combien : « kiom da akvo ! », que d’eau ! que d’eau !
8° « kiel », comme, autant que : « tiel forte kiel vi », aussi fort que vous.
9° « ol » : « pli… ol », plus que : « pli riĉa ol vi », plus riche que vous.
« alia ol », autre que ;
« antaŭ ol », avant que.
10° « nur », seulement, ne… que : « li nur ridas », il ne fait que rire.
11° « se », si ;
« laŭ tio se », selon que ;
« se eĉ malmulte », pour peu que.
12° Enfin il est des termes en Esperanto qui le contiennent implicitement, en sorte qu’il ne se traduit par aucun mot spécial :
« ĝis », jusqu’à ce que ;
« ĉar », vu que, attendu que, parce que ;
« dum », pendant que, tandis que ;
« kvankam », bien que ;
« ĉu », est-ce que ?
« ĉu… ĉu… », soit que… soit que…
Quelque.
« kelkaj », quelques :
« post kelka tempo », au bout de quelque temps ;
« kelkaj perloj », quelques perles.
« kelke da », quelque peu de (quelque), indiquant forcément une quantité, il est suivi de « da » :
« el ŝia buŝo eliris kelke da perloj » (Z, 23), de sa bouche sortirent quelques perles.
N. B. – Les deux formes « kelkaj » et « kelke da » s’emploient indifféremment.
Quel, quelle, quelle espèce de, quelle sorte de.
("qualis" latin).
Adjectif de qualité, il prend le pluriel et l’accusatif.
Au commencement d’une proposition « kia » est interrogatif par lui-même, mais pas obligatoirement ; il est souvent exclamatif :
« kian prepozicion uzi ? » (Z, 31), quelle (espèce de) préposition employer ?
« kia granda brulo ! » (Z, 31), quel grand incendie !
« ĉu vi amas vian patron ? — kia demando ! » (Z, 41), aimez-vous votre père ? — quelle question !
« kia » joue parfois le rôle de corrélatif de l’antécédent « tia » ; mais ce n’est que si l’on tient à souligner une assimilation de qualités. — Dans la plupart des cas, on ne vise qu’une analogie comparative : alors « kiel » convient beaucoup mieux.
Zamenhof ne donne pas un seul exemple de « tia… kia » dans le fundamento. Cette association des corrélatifs de même désinence, a été suscitée chez les grammairiens par la vue du tableau des mots simples, dits corrélatifs : On doit se mettre en garde contre l’abus auquel il risque d’entraîner, surtout lorsqu’on est débutant.
On cite des phrases comme celle-ci :
« li estas tia, kia vi mem estas », il est tel que vous êtes vous-mêmes. Cela peut en effet se dire, si on veut préciser : « il a les mêmes qualités ».
L’ordre « tia… kia » est parfois interverti :
« kia patro, tia filo », tel (est le) père, tel (est le) fils.
N. B. – La forme « tia… kia » est lourde, surtout quand ces mots sont au même cas.
Alors, il est de bien meilleur esperanto d’employer soit « kiel » tout seul (en supprimant « tia »), soit la forme « tia… kiel » :
« la filino estas kiel la patrino », la fille est comme la mère ;
« la uzado de la artikolo « la » estas tia sama, kiel en la aliaj lingvoj » (Z, 27), l’emploi de l’article est le même que dans les autres langues (comme).
→ « kia » indique la qualité, la nature, l’espèce ;
— « kiu » marque l’individualité ;
— « kiel » est un comparatif d’égalité ;
— « kio » est un neutre qui signifie simplement : quoi, quelle chose.
« en kiu urbo vi loĝas ? — en Diĵono ! — nu ! kia urbo estas Diĵono ? — bela urbo ! » : en quelle ville habitez-vous ? — à Dijon ! — eh bien ! quelle sorte de ville est-ce Dijon ? — une belle ville !
« kia granda brulo ! kio brulas ? » (Z, 31), quel (grand) incendie ! qu’est-ce qui brûle ? (quoi brûle ?)
Deux acceptions :
1° pourquoi ;
2° parce que.
— 1° Pourquoi (raison quelconque).
("cur" latin).
Au commencement d’une préposition « kial » est interrogatif par lui-même, mais pas obligatoirement, surtout dans le courant de la phrase.
« kial vi ne respondas al mi ? » (Z, 20), pourquoi ne me répondez-vous pas ? (que ne me répondez-vous ?)
« li diris al mi kial li ne respondis », il me dit pourquoi il n’avait pas répondu.
— 2° Parce que, pour être, pour avoir, etc.
("quia" latin).
« kiam tiu ĉi knabino venis domen, ŝia patrino insultis ŝin, kial ŝi revenis tiel malfrue de la fonto » (Z, 17), quand cette belle fille revint à la maison, sa mère l’invectiva, parce qu’elle était revenue si tard de la fontaine (pour être revenue si tard, pour avoir tant tardé).
— Ces deux sens de « kial » : pourquoi, parce que, qui semblent si différents aux français aujourd’hui, étaient cependant identiques à l’origine. Ces expressions s’écrivaient : « Pour quoi » (pour quelle cause), et « Pour ce que » (pour cette cause que). Peu à peu, avec « Pour quoi » nous avons sous-entendu « dites-moi » et cette expression s’est spécialisée dans le sens interrogatif ; au contraire « Pour ce que » s’est spécialisé dans le sens de la réponse.
Quelle différence y a-t-il, au fond, entre ces deux phrases :
« J’ai agi ainsi parce que c’était mon devoir ! »,
« C’était mon devoir, voilà pourquoi j’ai agi ainsi ! » ?
Elles ne diffèrent que par l’allure du style.
→ « kial » pourquoi, est simplement interrogatif, il a un sens très général ;
— « por kio », pour quoi (en deux mots) demande dans quel but ;
— « pro kio », pour quoi (en deux mots) demande pour quelle cause, à cause de quoi, la cause pour laquelle.
Quand, lorsque.
1° Dans le temps où…
2° Dans quel temps ?
("quando, quum" latin).
— 1° « kiam » n’est jamais interrogatif dans le courant d’une proposition :
« de la momento kiam… » (Z, 3° kong. p. 38), depuis le moment où (quand) ;
« kelkaj homoj sentas sin la plej feliĉaj, kiam ili vidas la suferojn de siaj najbaroj » (Z, 32), certains hommes se sentent le plus heureux, en voyant (quand ils voient) les souffrances de leurs voisins ;
« tubeto, en kiun oni metas cigaron, kiam oni fumas, estas cigaringo » (Z, 40), un petit tube dans lequel on met un cigare, lorsqu’on fume, est un porte-cigare (fume-cigare).
— 2° Au début d’une phrase, « kiam » suffit par lui-même, à marquer l’interrogation, mais pas obligatoirement : le contexte seul indique alors le sens interrogatif ou non.
« kiam vi foriros ? », quand partirez-vous ?
« kiam oni estas riĉa, oni havas multajn amikojn » (Z, 16), lorsqu’on est riche, on a de nombreux amis ;
« kiam mi venis al li, li dormis » (Z, 20), quand je vins vers lui, (auprès de lui), il dormait ;
« kiam mi ien veturas, mi neniam prenas kun mi multon da pakaĵo » (Z, 35), quand je vais en voyage (quand je vais quelque part en véhicule), jamais je ne prends avec moi beaucoup de bagages.
« tuj kiam », aussitôt que (quand).
« de kiam », depuis que.
« de la tago kiam » (Z, tria kongreso, p. 39) depuis le jour où (quand).
« poste kiam », après que (quand), (Z, Antaŭparolo, p. x).
« kiam » peut servir de corrélatif aux antécédents : « iam, tiam, ĉiam ». Mais cette forme est lourde, et doit être évitée, en gardant « kiam » seul, à moins qu’un autre mot interposé n’allège la phrase :
« nur iam poste, kiam la plej granda parto de la novaj vortoj estos jam tute matura… » (Z, antaŭparolo, p. x), ce n’est que par la suite, un jour, alors que la majeure partie des nouveaux termes sera déjà en pleine maturité…
Où, en quel lieu.
("ubi" latin).
Quoiqu’adverbe, il prend l’accusatif de direction, mais non le pluriel.
« kie » peut être le corrélatif des antécédents : « ie », « tie », « ĉie » mais cette forme alourdit la phrase et si « tie… kie… » sont au même cas, on peut supprimer « tie », si le sens n’en souffre pas.
Au commencement d’une proposition, « kie » est interrogatif par lui-même, mais non pas obligatoirement.
« la reĝido petis ŝin ke ŝi diru al li de kie tio ĉi venas » (Z, 23), le fils du roi la pria de lui dire d’où cela venait ;
« kie estas la tranĉiloj ? » (Z, 16), où sont les couteaux ?
« kie vi estas ? », où êtes-vous ?
« kien vi iras ? » (Z, 26), où allez-vous ? (accusatif de direction).
Deux acceptions :
1° Comment, de quelle manière. ("quomodo" latin) ;
2° Comme, ainsi que, aussi que. ("sicut" latin).
— 1° « por vidi kiel granda estos la ĝentileco de tiu ĉi juna knabino » (Z, 15), pour voir comment grande serait (jusqu’où irait) la courtoisie de cette jeune fille.
« kiel » au début d’une proposition est interrogatif par lui-même, mais pas forcément :
« kiel vi fartas ? », comment vous portez-vous ?
« ha ! kiel bele ! » (Z, 26), ah que c’est beau !
« kiel ne », comment ne pas…
— 2° « nia regimentestro estas por siaj soldatoj, kiel bona patro » (Z, 37), notre colonel est pour ses soldats comme un bon père.
N. B. – On trouve parfois « kiel ke », ce qui est mauvais et forme pléonasme : « kiel » seul, signifiant : ainsi que. C’est là un démarquage du français, ce n’est pas de l’Esperanto.
« kiel se », comme si… V. « kvazaŭ ».
« kiel eble plej », le plus possible (comme possiblement le plus) (avec un adverbe ou un adjectif) :
« kiel eble plej multe », le plus possible (la plus grande quantité possible) ;
« kiel eble plej frue », le plus tôt possible ;
« mi deziras ĉapelon kiel eble plej malpezan », je désire un chapeau le plus léger possible.
N. B. – Par ellipse, on dit aussi :
« plej eble », le plus possible ;
« kiel eble plej kore », de tout cœur, ou :
« plej eble kore ».
Règle. – Lorsque « kiel » se trouve entre deux compléments, le second peut être soit au nominatif, soit à l’accusatif, suivant le sens :
« mi elektis lin, kiel prezidanto, – signifas : mi elektis lin, ĉar mi estas prezidanto », je l’ai nommé, en ma qualité de président, c’est comme président que je l’ai nommé ;
« mi elektis lin prezidanton, – signifas : por havi en li prezidanton », pour qu’il soit président. — (Z, Revuo, n° 6, 7).
« kiel ajn », aussi… que ce soit :
« kiel ajn malmulte », aussi peu que ce soit.
« kiel », peut être le corrélatif de l’antécédent « tiel », quand il s’agit d’un comparatif d’égalité :
« mi estas tiel forta kiel vi » (Z, 10), je suis aussi fort que vous.
Pour éviter cette forme « tiel… kiel » lourde et de consonnance disgracieuse, il y a une certaine tendance à sous-entendre « tiel » :
« mi estas forta kiel vi », je suis fort comme vous.
Mais ici l’expression perd en force, le sens est tronqué. Il est préférable d’employer le corrélatif « egale », ou mieux : « same » :
« same kiel » (de même que, semblablement comme). On dira donc :
« mi estas same forta kiel vi » (1).
(1) C’est l’analogue de la forme « tiel same », ainsi de même :
« tiel same, ni ankaŭ diras… » (Z, 28), ainsi de même, nous disons aussi… V. « tiel ».
« kiel » est très souvent le corrélatif de « tia ». On emploie la forme « tia… kiel » quand il ne s’agit que d’une analogie, et on n’emploie la forme « tia… kia » que le moins possible et seulement quand on vise expressément une étroite assimilation de qualités ou de circonstances. (V. « kia »).
« la uzado de la artikolo « la », estas tia sama kiel en la aliaj lingvoj » (Z, 27), l’emploi de l’article « la », est tel même que dans les autres langues (et non « tia sama kia »).
En résumé : de même que « tia… kia », — « tiel… kiel » est à éviter, et pour le comparatif d’égalité, il faut préférer soit : « same kiel » (de même que), soit : « tia… kiel » (tel… que).
Dont le, dont la, dont les, (de qui, du quel, des quels).
C’est un génitif contracté, pour : « de kiu la », « de kiuj la ».
C’est le "cujus" latin, ou plus exactement, le "whose" anglais.
« kies » peut être interrogatif :
« kies tio estas ? », de qui (à qui) cela est-il ?
Règle. – « kies » ne doit jamais être suivi de l’article, puisqu’il le renferme implicitement.
Règle. – « kies » ne s’emploie qu’avec des noms, et jamais avec les verbes. Il est alors remplacé par « pri kiu, pri kio, el kiu, el kio ».
« jen estas la pomarbo kies fruktoj estas maturaj », voilà le pommier dont les fruits sont mûrs ;
« rigardu la aŭtomobilon pri kiu mi hieraŭ parolis », regardez l’automobile dont je parlais hier ;
« se ni pri ia verbo ne scias ĉu ĝi postulas la akuzativon aŭ ne… » (Z, 29), s’il est quelque verbe dont nous ignorons s’il demande ou non l’accusatif…
→ Ne pas confondre les quatre acceptions du mots français « dont » que l’on traduit de manières différentes en Esperanto :
1° Duquel (suivi d’un nom) : « kies », « ĉapelo kies bantoj estas velkigitaj », chapeau dont les rubans sont passés.
2° Au sujet duquel (suivi d’un verbe) : « pri kiu oni parolas », dont on parle.
3° D’où provient : « el kiu », « la familio el kiu li devenas », la famille dont il descend.
4° Par qui, complément d’un verbe passif : « de kiu », « par kiu », « junulo de kiu ŝi estas amata », jeune homme dont elle est aimée.
Quoi, quelle chose.
("quid" latin).
Prend l’accusatif, non le pluriel habituellement.
« li demandis ŝin pro kio ŝi ploras » (Z, 21), il lui demanda pourquoi elle pleurait (pleure).
Au début d’une proposition, « kio » est interrogatif par lui-même mais non obligatoirement :
« ho Dio ! kion vi faras ? » (Z, 26), ah ! Dieu, que faites vous ?
« kion li faris hieraŭ, oni tute nescias ! », ce qu’il fit hier, on l’ignore absolument !
« kio » ne peut être le corrélatif que des seuls antécédents : « io », « tio », « ĉio » :
« mi volas, ke tio, kion mi diris, estu vera » (Z, 24), je veux que tout ce que j’aurai dit soit vrai.
La forme « tio kio » est lourde. Si « tio » et « kio » sont au même cas, on supprime « tio » :
« li demandis ŝin (tion), kion ŝi faras tie ĉi, tute sola » (Z, 21), il lui demanda ce qu’elle faisait (fait) là, toute seule.
Parfois, on supprime « tio », même alors que « tio » et « kio » devraient être à des cas différents :
« rigardu (tion) kio eliras el la buŝo de via fratino » (Z, 17), regardez ce qui sort de la bouche de votre sœur.
N. B. – Pour la forme « kioj », voir au mot « ĉio », ce qu’en dit Zamenhof.
Combien, quelle quantité.
("quantum" latin).
« kiom da », combien de.
Au début d’une proposition, est interrogatif par lui-même, mais non obligatoirement :
« kiom da hundoj estas en via domo ? », combien de chiens y a-t-il dans votre maison ?
« kiom da soldatoj tie pereis ! », que de soldats périrent ici !
« kiom » peut être corrélatif des antécédents : « iom », « tiom », « ĉiom ».
« tiom da… kiom da… », autant de… que de…
« tiom da vino, kiom da akvo », autant de vin que d’eau.
« tiom da… kiom », autant de… que.
« mi havas tiom da mono, kiom ŝi », j’ai autant d’argent qu’elle.
« kioma » (adjectif), interroge pour la quantité, le rang des mois, des jours, des heures, des pages, des chapitres d’un livre.
« kioma horo estas », quelle heure est-il ? (quantième heure est-il ?)
« je kioma paĝo troviĝas tio ? », à quelle page cela se trouve-t-il ? (à la quantième page cela se trouve-t-il ?)
Qui, lequel, laquelle.
Marque l’identité des êtres ou des choses.
Prend le pluriel et l’accusatif.
Il joue le double rôle de pronom et d’adjectif :
— 1° Comme pronom : quel individu (mais non quelle espèce de, quelle quantité de, qui est « kia »).
("qui, quis, quisnam" latin).
« ŝi vidis unu sinjorinon kiu eliris el la arbaro » (Z, 9), elle vit une femme qui sortait de la forêt ;
« homo kiun oni devas juĝi, estas juĝoto » (Z, 22), un homme que l’on doit juger est un accusé.
« kiu » peut être employé sans substantif :
« kiu venas ? », qui vient ?
— 2° Comme adjectif, il s’applique aux choses : qui, quel, quelle.
« ŝi prenis la plej belan arĝentan vazon, kiu estis en la loĝejo » (Z, 19), elle prit le plus beau vase d’argent qui fut dans l’habitation.
Note. – « kiu », au début d’une proposition est interrogatif par lui-même, mais non obligatoirement :
« kiu faris tion ? », qui a fait cela ?
« en kiu urbo vi loĝas ? — en Parizo », quelle ville habitez-vous ? — Paris ;
« kiun daton ni havas, hodiaŭ ? », quelle date avons-nous aujourd’hui ?
« kiu okupas sin je mekaniko, estas mekanikisto » (Z, 32), qui s’occupe de mécanique est un mécanicien.
Note. – « kiu » peut être le corrélatif des antécédents : « iu », « tiu », « ĉiu ». Cette forme est lourde et quand « tiu » et « kiu » sont au même cas on peut supprimer « tiu » :
« la pli maljuna estis tiel simila al la patrino, ke ĉiu, kiu ŝin vidis, povis pensi, ke li vidas la patrinon » (Z, 11), la plus jeune (des deux filles) était si semblable à la mère, que chacun en la voyant (qui la voyait), pouvait penser voir (qu’il voit) la mère ;
« ĉiu amas ordinare personon , kiu estas simila al li » (Z, 13), chacun aime d’ordinaire, (une personne) qui est semblable à soi ;
« ĉe ĉiu vorto kiun vi parolos… », (Z, 19), à tout (chaque) mot que vous direz…
→ « kiu » marque l’identité ;
— « kia » marque la qualité.
(Préposition, préfixe).
Marque antagonisme de position locale et par extension, de personnes, d’intérêts, d’opinions, d’agissements.
En face de, à l’opposé de, à l’encontre de, contre, vis-à-vis de.
« li staras kontraŭ la muro », il se dresse en face du mur ;
« la junulo aliĝis al nia militistaro, kaj, kuraĝe, batalis kune kun ni kontraŭ niaj malamikoj » (Z, 39), le jeune homme s’attacha à notre armée et courageusement, combatit de concert avec nous, contre nos ennemis ;
« ŝi havis teruran malamon kontraŭ la pli juna » (Z, 13), elle avait une terrible aversion contre la cadette (vis-à-vis…)
→ « kontraŭe », en face, s’emploie sans complément ;
— « ĉe » marque l’identité de lieu (s’appuyer contre un mur, au mur) ;
— « apud » marque la contiguïté (s’étendre auprès du mur).
Comme préfixe :
« kontraŭa », opposé, adverse ;
« kontraŭaĵo », obstacle ;
« kontraŭstari al », s’opposer à ;
« kontraŭvole », malgré soi ;
« kontraŭmendi », contremander ;
« kontraŭdiro », contradiction.
« kontraŭ » a pour antagoniste « por » :
« la naturo kiu longan tempon batalis kontraŭ ni, batalas nun por ni » (Z, 3° kong. p. 40), la nature qui longtemps a combatu contre nous, combat maintenant en notre faveur.
1° En face, à l’opposite, vis-à-vis, à l’encontre ;
2° (et par extension) : au contraire.
Il sert à compléter le sens d’un verbe sans complément (sens absolu).
— 1° « la muro staras kontraŭe », le mur se dresse en face ;
— 2° « mi tre bone fartas ; ŝi kontraŭe ĉiam estas malsana », je me porte fort bien ; elle au contraire est toujours malade.
Son sens précis est : mis à part, indépendamment de, sans parler de.
Dès lors on conçoit qu’il se prête à rendre deux idées diamétralement opposées :
1° Hors, hormis, excepté, si ce n’est, sauf (cela mis à part, en l’exceptant). ("nisi, praeter" latin).
2° Outre cela, en outre, en sus de (cela mis à part, en l’admettant). ("praeter" latin).
Le contexte seul indique le sens pour lequel il faut opter.
— 1° « en la salono estis neniu, krom li, kaj lia fianĉino » (Z, 11), il n’y avait personne au salon, si ce n’est lui et sa fiancée ;
« kromvirino », femme mise à part, en marge de la société (dont on ne parle pas, et dont on ne vous parle pas) : concubine.
— 2° « la pli juna filino, kiu estis la plena portreto de sia patro laŭ sia boneco, kaj honesteco, estis krom tio, unu el la plej belaj knabinoj, kiujn oni povis trovi » (Z, 11), la cadette, qui était tout le portrait de son père, par sa bonté et sa politesse, était en outre, une des plus belles fillettes qui se puissent trouver (qu’on puisse).
« krom tio ke », à part cela que, sauf que (expression correcte). Mais on trouve chez certains auteurs récents, la forme « krom ke ». Cette expression est à éviter : c’est un gallicisme qui choque forcément les autres peuples. Il ne faut pas que nous oubliions, nous, Français, que nos expressions, toutes naturelles pour nous, ne sont pas forcément internationales.
« krom » ne peut se placer ni devant un adverbe, ni devant une conjonctionIl ne peut être suivi que d’un nom ou d’un pronom.
→ Ne pas confondre avec « preter » qui signifie, non pas : « en outre », mais « dépasser après avoir côtoyé » et au figuré : « outrepasser, côtoyer et dépasser » (des instructions par exemple).
(Conjonction, préfixe).
Avec.
Idée d’ensemble (personnes ou choses conjointes, opérant de concert).
Par extension : avec accompagnement de.
« kun » s’emploie :
1° au propre,
2° au figuré.
— 1° « mi vidis vian avinon, kun ŝiaj kvar nepinoj, kaj kun mia nevino » (Z, 33), j’ai vu votre grand-mère avec ses quatre petites-filles et avec ma nièce ;
« resti kun leono, estas danĝere » (Z, 7), rester avec un lion est dangeureux ;
« mi neniam prenas kun mi multon da pakaĵoj », je ne prends jamais avec moi beaucoup de bagages ;
« anstataŭ kafo, li donis al mi teon, kun sukero, sed sen kremo » (Z, 26), au lieu de café, il me donna du thé avec du sucre, mais sans crème.
— 2° « kun la tempo, la formo nova, iom post iom, elpuŝos la formon malnovan » (Z, Antaŭparolo, p. X), avec le temps, la forme nouvelle remplacera peu à peu la forme ancienne ;
« kun bruo, oni malfermis la pordegon » (Z, 38), bruyamment on ouvrit la grande porte.
N. B. – « kun bruo » est employé abusivement, c’est une figure outrée : mieux vaut « brue » (avec bruit), « bruege » (avec fracas).
De même « kun tremanta voĉo » est mieux rendu : « per tremanta voĉo ».
→ Distinguer les diverses acceptions du mot français « avec » :
— « kun » : personnes ou choses conjointes ;
— « per » indique les moyens employés ;
— « kontraŭ », contre (antagonisme).
« kun laboristo, plenigi rapide, per ŝoveliloj, veturilon je sablo », avec un ouvrier, remplir avec rapidité, avec des pelles, une voiture avec du sable, (avec le concours d’un ouvrier, emplir rapidement de sable, une voiture à l’aide de pelles).
« batali kontraŭ malamiko », se battre avec quelqu’un. (« kontraŭ » et non « kun »), « kunbatali » serait : s’associer pour combattre…
Ensemble, conjointement.
« patro, kaj patrino kune estas nomataj gepatroj » (Z, 36), le père et la mère sont nommés conjointement des parents (auteurs, en terme juridique).
« kune kun », conjointement avec, en même temps que, de concert avec, tout ensemble, à la fois.
« venu kune kun la patro » (Z, 8), venez conjointement avec votre père (venez ensemble, votre père et vous) ;
« la junulo aliĝis al nia militistaro, kaj kuraĝe batalis kune kun, kontraŭ niaj malamikoj » (Z, 39), le jeune homme s’attacha à notre armée, et courageusement, combattit de concert avec elle, contre nos ennemis ;
« por krei vortojn kunmetitajn, oni prenas ordinare la purajn radikojn, sed, se la bonsoneco, aŭ la klareco postulas, oni povas ankaŭ preni la tutan vorton, t. e. la radikon kune kun ĝia gramatika finiĝo » (Z, 27), pour créer des mots composés, on prend d’ordinaire les purs radicaux, mais, si l’harmonie ou la clarté l’exigent, on peut aussi prendre le mot tout entier, c’est-à-dire à la fois le radical et sa terminaison grammaticale.
Comme si, comme serait, comme ferait, en quelque sorte (analogie de manière).
Se dit aussi : « kiel se ».
« ŝajnis al ŝi, kvazaŭ ŝi vidas la palacon » (Z, k, 35), il lui sembla comme si elle voit le palais (il lui sembla, en quelque sorte, voir le palais).
Selon, d’après, suivant.
("secundum" latin).
« laŭ la projekto de la inĝenieroj » (Z, 25), d’après le projet des ingénieurs ;
« mi restas tie, laŭ la ordono de mia estro » (Z, 26), je reste ici sur l’ordre de mon chef (suivant l’ordre).
« laŭ tio se », selon que.
« laŭvice », tour à tour.
(Pronom personnel, 3e personne masculin singulier).
« li », il, lui.
« de li », de lui.
« al li », à lui.
Accusatif :
« lin », lui, le. ("is, ille" latin).
« li amas min, sed mi lin ne amas » (Z, 18), il m’aime, mais je ne l’aime pas.
(Adjectif possessif, pour un possesseur masculin).
L’Esperanto n’a pas, à proprement parler, de terme pour rendre nos expressions : mon, ma, mes, ton, ta, tes, son, sa, ses, notre, nos, votre, vos, leur, leurs.
Règle. – Contrairement au français, l’adjectif possessif est en rapport, non avec la chose possédée, mais avec le possesseur.
Le français dira : J’ai vu Monsieur, ou Madame, avec son cheval et sa chienne. – Son, parce que "cheval" est masculin, – sa, parce que "chienne" est féminin.
En Esperanto, si le possesseur est masculin, on emploiera toujours le possessif masculin « lia » :
« lia ĉevalo », le cheval de lui, – « lia hundino », la chienne de lui.
S’il s’agit de Madame, ce sera toujours le possessif féminin « ŝia » :
« ŝia ĉevalo », « ŝia hundino », le cheval d’elle, la chienne d’elle.
La grammaire esperanto devrait les nommer « adjectifs possesseurs ».
En présence du terme : son, sa, ses, il faut se demander si l’on doit traduire par : de lui (« lia »), ou par : d’elle (« ŝia »), ou par : de cet animal, de cette chose (« ĝia »), ou enfin : de soi (V. le mot : « sia »)
(Préfixe).
Marque le contraire, le contre-pied, l’inverse des adjectifs, et des substantifs qui peuvent en dériver, ou des verbes.
« bona », bon, – « malbona », mauvais, méchant ;
« boneco », bonté, – « malboneco », méchanceté ;
« fermi », fermer, – « malfermi », ouvrir.
(pronom adverbial, préfixe).
Même, en personne.
Marque l’identité absolue d’individualité.
("ipse, ipsa, ipsum" latin).
Il peut s’accoler à tout pronom, et, par extension, à des noms d’êtres ou de choses. Il est invariable.
— 1° « ne riproĉu vian amikon, ĉar vi mem plimulte meritas riproĉon » (Z, 22), ne grondez pas votre ami, car vous-même, méritez davantage un reproche ;
« mi amas min mem, li amas sin mem » (Z, 18), je m’aime moi-même, lui, s’aime soi-même ;
« la plumo de la aŭtoro mem » (Z, antaŭparolo, VII), la plume de l’auteur même.
Souvent le pronom est sous-entendu :
« prenu mem akvon, se vi volas trinki » (Z, 19), (pour : « prenu vi mem ») : prenez vous-même de l’eau, si vous voulez boire.
— 2° Au figuré :
« fiziko estas la nomo de la scienco mem » (Z, 32), la physique est le nom de la science même ;
« tio estas la mia ŝlosilo mem, sed ne la via, kvankam ambaŭ estas la samaj », c’est ma clef même (ma propre clef), mais non la vôtre, quoique l’une et l’autre soient les mêmes (identiques).
— 3° Comme préfixe, signifie : « sans le secours d’autrui ».
Il répond à notre préfixe "auto", « memstara », indépendant.
→ « eĉ », même, bien plus ("imo" latin) ;
— « sama », le même, tout pareil, identique, mais d’une identité relative ;
— « mem » marque l’identité absolue de l’individualité.
Pourtant Zamenhof emploie parfois « sama » à la place de « mem » :
« tio ĉi estis tiu sama feino » (pour « tiu feino mem »), kiu prenis sur sin la formon kaj la vestojn de princino » (Z, 19), c’était cette même fée qui avait revêtu l’aspect et l’habillement d’une princesse.
« mia » signifie, non pas : mon, ma, mais : « de mi », de moi, qui est de moi, qui est à moi ; « miaj », qui sont de moi, à moi.
« mia » est un véritable adjectif, et en suit les règles.
Voir aux mots « lia » et « sia » des éclaircissements au sujet de l’emploi des adjectifs possessifs.
Beaucoup.
« multe da », beaucoup de.
« multo da », un grand nombre de.
« multaj » (adjectif), nombreux.
« pli multe », davantage.
« sur la arbo sin trovis multe da birdoj » (Z, 32), sur l’arbre se trouvaient un grand nombre d’oiseaux ;
« el ŝiaj multaj infanoj, unuj estas bonaj » (Z, 12), de ses nombreux enfants, les uns étaient bons ;
« multaj el vi » (Z, 3° kongreso, 40), nombre d’entre vous.
(Négation, préfixe).
Non ! (1)
Ne… pas. Dans ce sens, il prend dans la phrase la place du mot français "ne", « mi ne volas », je ne veux pas.
("non" latin).
(1) Il serait à désirer que pour la négation absolue : "non!" on adopte le doublet : "no" (anglais). L’esperanto rend difficilement la phrase :
Non ! je ne veux pas : « Ne ! mi ne volas », est bizarre.
« ne » se renforce par « tute » (absolument) :
« tute ne », point du tout.
« ne », (ne pas), se trouve très bien en début de phrase :
« Ne ĉiu kreskaĵo estas manĝebla » (Z, 41), n’est pas commestible tout végétal.
Comme préfixe, « ne » donne au mot un sens négatif absolu (notre "in, im, il").
« via parolo estas tute nekomprenebla, kaj viaj leteroj estas ĉiam skribitaj tute nelegeble » (Z, 41), votre langage est absolument incompréhensible, et vos lettres sont toujours écrites d’une façon tout à fait illisible ;
« la plej nekredeblaj aferoj », les choses les plus incroyables.
Note. – « ne » suivi du participe présent ou passé, à forme adverbiale en esperanto, répond à notre gallicisme : "sans" suivi d’un infinitif présent ou passé.
« ne parolante pri la homoj… », sans parler des hommes…
« ŝi eliris ne preninte ombrelon », elle est sortie sans avoir pris de parapluie.
→ Ne pas confondre avec « mal », qui indique le contraire, ni avec « sen » (v. ci-après).
REMARQUES SUR « NE » ET « SEN »
« sen », dont le sens paraît au premier abord assez voisin de « ne », s’en distingue par une nuance en réalité très nette.
« ne », contient en soi l’idée de « non ! », par conséquent dans les actes humains, il implique la volonté exprimée ou tacite de ne pas faire quelque chose. Dans les faits indépendants de la volonté, il exprime l’affirmation nette qu’une chose n’est pas, purement et simplement.
« sen » fait remarquer :
1° l’absence exceptionnelle, inattendue, le dénuement injustifié, la privation anormale ;
2° s’il s’agit d’un acte de la vie, il indique une nuance de laisser-aller, la négligence (voulue ou fortuite), un manque de précaution, de prudence (regrettable ou scabreux).
— 1° « afero neutila », chose inutile, qui n’a pas d’utilité ;
« afero senutila », chose qui est sans utilité (dans ce cas particulier, mais qui serait utile dans des circonstances normales) ;
« li estis ne kolera », il n’était pas en colère ;
« al tiu ofendo, li respondis sen kolero », à cette offense, il répondit sans colère (contre l’appréhension générale) ;
« la ostro ne havas okulojn », l’huitre n’a pas d’yeux (simple affirmation) ;
« la blindulo estas sen okuloj », l’aveugle est privé de la vue (privation anormale chez un être humain) ;
« li donis al mi teon kun sukero, sed sen kremo » (Z, 26), il me donna bien du thé avec du sucre, mais sans crème (était-ce dénûment ou négligence de sa part ? en tout cas, contre mon attente ; « sen » laisse entendre tout cela. Nous touvons ici la transition par réunion des sens 1° et 2°) ;
— 2° « ni faris la kontrakton ne skribe, sed parole » (Z, 31), nous fîmes le bail, non par écrit, mais bien verbal (on n’a pas voulu s’exposer aux conséquences plus sérieuses d’un bail écrit) ;
« li faris la kontrakton sen skribe, nur parole », il s’est contenté d’un bail sans écrit, simplement verbal (est-ce confiance scabreuse, hasardeuse, ou négligence regrettable ? cela dénote, en tout cas, du laisser-aller) ;
« ne juna », pas jeune (ayant dépassé l’âge de la jeunesse) ;
« sen juneco », sans jeunesse (non qu’il ne soit pas jeune, cela fait même entendre clairement le contraire : vieilli avant l’âge) ;
« la vilaĝano estas ne lerta », le campagnard n’est pas adroit ;
« tiu mekanikisto estas sen lerteco », ce mécanicien est sans adresse (il en est dépourvu, alors qu’on est en droit d’en attendre de sa part).
« NE » PRÉFIXE : MOTS NÉGATIFS
« ne » employé comme préfixe devant un mot commençant par une voyelle prend un « n » euphonique et se présente sous la forme « nen ».
Ex. « nenia » pour « neia ».
De même : « neniam, nenie, neniel, nenies, nenio, neniom, neniu ».
RÈGLE SUR L’EMPLOI DES MOTS NÉGATIFS
La négation ne se redouble pas en esperanto, deux négations équivaudraient à une affirmation renforcée.
Le mot « ne » français ne se traduit pas, quand il accompagne un mot négatif par lui-même.
Tous les mots commençant par « ne » (comme « nek »), ou par « nen » sont négatifs par eux-mêmes : il faut donc se garder de les faire précéder de la négation « ne », que nous trouvons si fréquemment en français : je ne veux ni ceci, ni cela, – elle n’a aucun défaut, – je ne fais jamais, – je ne vais nulle part, – je ne veux nullement, – ce n’est à personne, – il n’a rien, – je n’ai vu personne : autant de gallicismes où nous redoublons la négation, ce qui serait un contre-sens en esperanto et signifierait tout au contraire : ce n’est pas que je ne veuille ni ceci, ni cela, – non qu’elle soit sans défaut, – non pas que je ne fasse jamais, – ce n’est pas nulle part que je vais, – vous ne me ferez pas croire que ce n’est à personne, – ce n’est pas rien, ce qu’il a !
Il est donc de la plus haute importance, pour les Français, de ne pas perdre cela de vue, dans l’emploi des mots négatifs.
Ni… ni…
« nek » étant négatif par lui-même, le mot « ne » français qui précède « ni… ni… » ne se traduit pas (v. règle ci-dessus).
« mi renkontis nek lin, nek lian fraton – (aŭ : mi ne renkontis lin, nek lian fraton) » (Z, 28), je n’ai rencontré (ni) lui, ni son frère – (je ne l’ai pas rencontré, non plus que son frère).
Aucun, aucune (aucune espèce de) – Ne… aucun.
(pour : « ne ia »).
("nullus, nulla" latin).
Véritable adjectif de qualité, il prend le pluriel et l’accusatif.
« neni » (mot négatif) rend à lui seul notre gallicisme : « ne… aucun ». (V. règle au mot « ne »).
→ « neniu », comme tous les pronoms en « iu » vise la personnalité ;
— « nenia », comme tous les pronoms en « ia », vise la qualité, la nature, l’espèce.
« el tiuj urboj kiujn vi nomas, mi amas neniun », de toutes les villes que vous citez, je n’en aime aucune ;
« mi amas nenian urbon », moi, je n’aime aucune espèce de ville.
Jamais. Ne jamais. – En aucun temps.
(pour : « ne iam »).
("nunquam" latin).
« jam neniam », jamais plus – plus jamais.
« neniam », mot négatif, rend à lui seul notre gallicisme : « ne… jamais ». (V. règle au mot « ne »).
« la tempo pasinta jam neniam revenos ! » (Z, 22), le temps passé jamais plus ne reviendra !
Nulle part – Ne… nulle part. En aucun lieu.
(pour : « ne ie »).
("nusquam" latin).
Comme tous les adverbes de lieu similaires, il prend l’accusatif de direction.
« nenie », mot négatif, rend à lui seul notre gallicisme : « ne… nulle part ». (V. règle au mot « ne »).
« ĝin mi nenie trovas en tiu ĉambro », je ne le trouve nulle part en cette chambre.
Nullement – Ne… nullement. En aucune façon.
(pour : « ne iel »).
("nullo modo" latin).
Adverbe de manière, invariable.
« neniel », mot négatif, rend à lui seul notre gallicisme : « ne… nullement ». (V. règle au mot « ne »).
« mi neniel povas kompreni » (Z, 28), je ne puis nullement comprendre.
De personne. – Ne… à personne (qui n’est à personne).
(pour « ne ies »).
("neminis, nullius" latin).
Génitif contracté pour « de ne iu », « de neniu », forme anormale dans une langue dont la déclinaison ignore le génitif.
« ne » se supprime dans une proposition où figure « nenies », mot négatif (voir règle au mot « ne »).
Rien. – Ne rien. Aucune chose.
(pour « ne io »).
("nihil" latin).
« nenio » ne s’emploie que s’il ne s’agit pas de quantité, de mesure, car alors ce serait « neniom ».
« nenio », mot négatif, rend à lui seul notre gallicisme : « ne… rien ».
« mi ne volas nenion » signifierait : ce n’est pas rien que je veux.
« ni nenion povis vidi, eĉ antaŭ nia nazo » (Z, 33), nous ne pouvions rien voir, même au bout de notre nez.
« nenio » prend l’accusatif, mais non le pluriel ordinairement. Toutefois Zamenhof ne l’interdit pas, à l’occasion, si la logique le demande (voir au mot « ĉio » ce que dit Zamenhof).
« neniigi », annuler ;
« neniiĝi », devenir nul, s’annuler. – « vortoj tre bone uzataj » (Z, Revuo, 15, p. 377).
Rien du tout. – Ne… rien du tout.
(pour : « ne iom »).
S’emploie à la place de « nenio » seulement quand il s’agit d’une quantité, c’est-à-dire, soit pour répondre à la question « kiom ? », soit lorsqu’on doit le faire suivre de « da ».
« kiom da pano vi volas ? — neniom ! » : combien de pain voulez-vous ? — rien du tout ! (aucune quantité) ;
« mi volas neniom da vino », je (ne) veux pas du tout de vin (ce qui est plus fort que « ne » seul, qui serait : je ne veux pas de vin).
On ne pourrait pas dire : « mi neniom volas fari por li », parce qu’il ne s’agit pas là d’une quantité qui se puisse mesurer ;
il faut dire : « mi nenion volas fari por li ».
Le « ne » français qui accompagne « rien du tout », ne se traduit pas, « neniom » étant un mot négatif par lui-même (voir règle au mot « ne »).
(pour « ne iu »).
S’emploie d’une manière analogue à « iu » :
1° Comme pronom : personne, nulle personne. ("nemo" latin) ;
2° Comme adjectif : nul, nulle, aucun, aucune.
Il s’applique alors aux choses comme aux gens.
("nullus" latin).
« neniu » prend le pluriel et l’accusatif.
« neniu » étant un mot négatif, le mot « ne » français qui accompagne « personne » ne se traduit pas. (V. règle au mot « ne »).
« en la salono estis neniu, krom li » (Z, 26), il n’y avait personne au salon, sauf lui ;
« la tempon venontan, neniu ankoraŭ konas » (Z, 22), le temps à venir (l’avenir), nul ne le connaît encore ;
« mi konas neniun en tiu ĉi urbo » (Z, 28), je ne connais personne en cette ville-ci ;
« neniu gazeto alvenis hodiaŭ », aucun journal n’est arrivé aujourd’hui.
→ « nenia » : vise la qualité, la nature ;
— « neniu » vise la personnalité, l’individualité.
« ĉu vi vidis ĉambristinon, aŭ kuiristinon ? — mi vidis neniun servistinon » : avez-vous vu la femme de chambre, ou la cuisinière ? — je n’ai vu aucune servante ;
« ĉu vi vidis la junan servistinon aŭ la maljunan ? — mi vidis nenian servistinon » (Z, Revuo, n° 15, p. 377) : avez-vous vu la jeune servante, ou la vieille ? — je n’ai vu de servante d’aucune sorte.
L’esperanto ne rend pas les mots français : notre, nos.
« nia » signifie : « de ni », de nous, qui est de nous, à nous.
« niaj », qui sont de nous, à nous.
Voir aux mots « lia » et « sia » des éclaircissements au ausujet de l’emploi des adjectifs possessifs.
(Suffixe).
Diminutif caressant, pour les prénoms féminins, dont on ne conserve que les 2, 3, 4 ou 5 premières lettres.
Ex. « Manjo » pour « Mario » ;
« Henjo » pour « Henrieto » ;
« Panjo » pour « Patrineto » (maman) petite mère.
« j » étant une semi consonne, « njo » ne forme qu’une syllabe.
Mot international proposé pour la négation absolue, (non français, italien, no anglais, nicht allemant), doublet de « ne ».
Exemple : « Non ! Je ne veux pas ! » : « No ! mi ne volas ! ».
« ne » est insuffisant et peut prêter à ambiguïté :
« Ĉu la vetero estas bela ? — Ne pluvas ! » : à cette question : Le temps est-il beau ? la réponse est-elle « Non ! il pleut ! » ou bien : « Il ne pleut pas ! ». Seules la ponctuation, ou l’intonation peuvent l’indiquer, tandis que : « No ! pluvas ! » et « Ne pluvas ! » ne sauraient se confondre.
« no » ne prête à aucune ambiguïté, et il constitue la contre partie toute naturelle de l’affirmation « jes ».
Enfin la double forme « no », « ne » semble nécessaire en Esperanto pour correspondre aux formes analogues : ne… pas, non françaises, not, no anglaises, non, no italiennes, nicht, nein allemandes.
Maintenant.
("nunc" latin).
« vi estas ankoraŭ nun ĉiam mensoganto » (Z, 22), vous êtes encore maintenant toujours menteur (vous faites maintenant encore de continuels mensonges).
« de nun », à partir de maintenant, désormais, à l’avenir.
« mi sciigas, ke de nun la ŝuldoj de mia filo ne estos pagataj de mi » (Z, 25), je fais savoir que désormais les dettes de mon fils ne seront plus payées par moi.
« jam nun », dès à présent. Indique un avenir plus immédiat encore que « de nun » :
« riĉigadi la lingvon per novaj vortoj, oni povas jam nun… » (Z, Antaŭparolo, p. 1), enrichir la langue par de nouveaux mots, on le peut dès à présent.
« nune », à présent, présentement ;
« nuna », actuel ;
« nuneco », actualité.
Seulement. – Rend notre gallicisme : ne… que.
("tantum, solum" latin).
« mi havas nur unu buŝon » (Z, 12), je n’ai qu’une seule bouche ;
« vi devas nur iri al la fonto ĉerpi akvon » (Z, 17), vous n’avez qu’à aller puiser de l’eau à la fontaine ;
« oni komprenos nur iam poste » (Z, 3° kongreso), ce n’est que par la suite, que l’on comprendra, quelque jour.
« ne nur » : non pas seulement :
« ne nur unu fojo », non pas seulement une fois (mais plusieurs fois) ;
« ŝi estas ne nur bela, sed ankaŭ bona », non seulement elle est belle, mais encore (aussi) elle est bonne – elle n’est pas seulement belle, elle est bonne aussi.
« se nur », — « nur se » : pourvu que, — seulement au cas où.
(Suffixe).
Adjectif numéral multiplicatif.
« du », deux, – « duobla », double, – « duoble », doublement.
Cette forme adverbiale sert à indiquer la multiplication :
« kvinoble sep estas tridek kvin » (Z, 14), quintuplement sept (cinq fois sept) font trente cinq.
Que.
Ne s’emploie que dans une comparaison.
Son usage est obligatoire dans les cas suivants :
« pli ol », plus que ;
« antaŭ ol », avant que, avant de ;
« alia ol », autre que.
On l’emploie dans d’autres cas analogues, impliquant comparaison :
« preferi… ol », préférer… à (ce qui renferme implicitement « plivole ») ;
« pli nutra ol vino » (Z, 10), plus nourrissant que le vin ;
« antaŭ ol vi venos » (Z, 24), avant que vous veniez (viendrez), avant de venir.
Le « fundamento » ne présente pas d’exemple de « alia ol », mais Zamenhof l’a employé depuis :
« la esprimo "ne jam" signifas ion tute alian ol "jam ne" » (Z, Revuo, n° 14, 16).
« mi preferas iri rapide, ol malrapide », j’aime mieux aller vite que lentement. (Remarquons que « ol » se justifie parfaitement ici ; préférer, c’est aimer plus, mieux : l’idée rendue par le mot « pli » y est donc implicitement incluse).
(Pronom personnel indéterminé)
On.
« oni » s’emploie souvent avec « sia » :
« oni ne forgesas facile sian unuan amon » (Z, 18), on n’oublie pas aisément son premier amour.
Règle. – « oni » se prend à volonté comme représentant une ou plusieurs personnes et s’accommode soit du singulier, soit du pluriel (comme la règle latine, "turba ruit ou ruunt") :
« kiam oni estas riĉa (aŭ riĉaj), oni havas multajn amikojn » (Z, 16), quand on est riche, (ou riches), on compte beaucoup d’amis.
« oni » n’est habituellement employé que comme sujet.
Cependant Zamenhof reconnaît qu’on peut parfaitement l’employer comme régime, et aussi sous forme d’adjectif :
« onin kaj onia, estas formoj tute regulaj, kaj ĉiu havas plenan rajton ilin uzi » (Z, Revuo, n°12, 22) : les formes « onin » et « onia » sont parfaitement régulières, et chacun a le droit absolu d’en faire usage (« onia » pour « de oni »).
« preskaŭ ĉiam, oni bonvole kulpigas onin », presque toujours, on incrimine volontiers « on » ;
« ĉiuj kalumnioj kaj malbravaĵoj, estas kuraĝege elmetitaj sur la onian dorson », toutes les calomnies et lâchetés, sont mises intrépidement sur le dos de « on ».
(Suffixe).
Marque les nombres fractionnaires (remarquer que ce suffixe « on » est précisément la terminaison de notre mot fraction) il indique la fraction d’unité dont le radical est le dénominateur :
« kvar », quatre, – « kvarono », un quart (fraction qui a 4 pour dénominateur) ;
« du », deux, – « duono », une demie, une moitié ;
« duonpatro », demi-père, qu’il ne faut pas confondre avec « bopatro » (voir « duon »).
Règle. – « ono » ne peut se souder qu’à un nombre ;
On ne peut dire, par exemple, « frontono da soldataro », pour une fraction du front des troupes, mais « parto de la fronto ».
(Suffixe).
Marque les numéraux collectifs.
« ope », collectivement ;
« duope », « triope », à deux, à trois.
« duopa verko », ouvrage fait en collaboration, avec un autre (à deux). La forme adjective est rare.
« Rigardu kiel multope jam aliĝis al ni la Britoj, kiuj tiel nevolonte lernas aliajn lingvojn krom sia nacia » (Z, 3° Kong., p. 38), voyez en quel grand nombre s’affilient à nous les Anglais, qui se montrent si rebelles à l’étude des langues autres que la leur !
Préposition proposée pour précéder le complément du verbe passif, conjointement avec « de », surtout dans les cas où l’emploi de « de » peut prêter à amphibologie, par suite de son rôle complexe. (Voir au mot « de »).
(Préposition, préfixe).
Marque par quel moyen , à l’aide de quoi, ou de quel organe, par quel intermédiaire, de quelle manière…
Se traduit par : Au moyen de, à l’aide de, avec, à, par, de (avec quel outil).
— 1° « per segilo, ni segas » (Z, 7), nous scions au moyen d’une scie.
— 2° « mi ne scias la lingvon hispanan, sed per helpo de vortaro hispana-germana, mi tamen komprenis iom vian leteron » (Z, 34), je ne sais pas l’espagnol, mais avec l’aide (à l’aide) d’un dictionnaire, j’ai cependant compris un peu votre lettre.
— 3° « mi manĝas per la buŝo kaj flaras per la nazo » (Z, 8), je mange avec la bouche, et sens avec le nez.
— 4° « ŝipo sin movas per vaporo » (Z, 27), un bateau marche à la vapeur.
— 5° « post prepozicio kiu finiĝas per vokalo… » (Z, 27), après une préposition qui se termine par une voyelle ;
« ĉiuj prepozicioj per si mem postulas ĉiam nur la nominativon » (Z, 28), toutes les prépositions requièrent par elles-mêmes le nominatif.
— 6° « li faris ĉion per la dek fingroj de siaj manoj » (Z, 12), il a tout fait des dix doigts de ses mains ;
« la pli maljuna estis tiel simila al la patrino, per sia karaktero, kaj vizaĝo, ke… » (Z, 11), la plus âgée était si semblable à sa mère, de caractère et de visage, que…
« mia onklo ne mortis per natura morto » (Z, 39), mon oncle n’est pas trépassé de mort naturelle.
« per forte », de force, par force ;
« pere », par intermédiaire ;
« pera », médiat ;
« peri », s’entremettre, procurer.
→ Ne pas confondre avec « kun », qui ne convient que pour une idée d’ensemble, d’accompagnement, de personnes ou de choses conjointes, opérant de concert et nullement pour le moyen.
(Superlatif).
Le plus.
« mia plej amata » (Z, 22), mon plus aimé, mon préféré ;
« eĉ la plej nekredeblajn aferojn, kiujn rakontas al li la plej nekredindaj homoj, li tuj kredas » (Z, 41), même les choses les plus incroyables que lui racontent les gens les moins dignes de foi (les plus indignes), il les croit aussitôt.
Règle. – Le « de » qui précède le second terme d’une comparaison, se traduit par « el » (d’entre). Par inversion, ce second terme peut d’ailleurs être énoncé le premier, et cela est très fréquent.
« la plej bela el ĉiuj infanoj », le plus beau de tous les enfants ;
« la pli juna filino… estis unu el la plej belaj knabinoj… » (Z, 11), la plus jeune (des deux filles) était une des plus belles fillettes ;
« el ĉiuj miaj infanoj, Ernesto estas la plej juna » (Z, 10), de tous mes enfants, Ernest est le plus jeune.
« kiel eble plej » ou simplement « plej eble », le plus possible (comme possiblement le plus) ;
« pleje », au plus, au maximum.
→ Ne pas confondre avec : « plie », de plus, en plus, en sus.
— « plue », au-delà (dans le temps ou dans l’espace) ;
— « plej » est un superlatif, « pli » un comparatif.
Quand on ne compare que deux personnes ou deux choses, le français emploie « le plus » ; malgré son apparence, ce n’est alors en réalité qu’un comparatif : l’esperanto le rend par « pli » :
« la pli juna filino » dit Zamenhof, parce qu’il ne s’agit que de deux sœurs.
— « plu », davantage, n’est relatif qu’au temps et à l’espace.
(Comparatif).
Plus, davantage, plus encore.
Vise la quantité, le nombre.
("magis" latin).
« la papero estas tre blanka, sed la neĝo estas pli blanka » (Z, 10), le papier est très blanc, mais la neige est plus blanche.
Règle. – Le « que » qui précède le second terme d’une comparaison, se traduit par « ol ».
« lakto estas pli nutra ol vino » (Z, 10), du lait est plus nourrissant que du vin ;
« ne pli ol… », pas plus que…
« pli » s’emploie volontiers en composition, notamment avec « mult » :
« ni scias, ke la plimulton de niaj Britaj samideanoj » (Z, 3° Kong., p. 39), nous savons que le plus grand nombre (la plupart) de nos co-Esperantistes anglais…
« pli multe », davantage ;
« pli frue », plus tôt ;
« des pli bone », tant mieux ;
« ne pli », pas davantage ;
« pli kaj pli », de plus en plus (plus et plus) ;
« ju pli… des pli », plus… plus ;
« tiom pli », d’autant plus :
« ni tiom pli ĝoje esprimas nian dankon » (Z, 3° Kong., p. 39), c’est avec d’autant plus de joie que nous exprimons nos remerciements ;
« plie », de plus, en plus, en sus.
→ Ne pas confondre avec « pleje », au plus, au maximum ;
— « pli » ou « pli ol » (comparatif) s’emploie entre deux personnes ou choses ;
— « plej » ou « la plej el » (superlatif) ne s’emploie que dans le cas de plus de deux ;
— « pli » ne vise que la quantité, le nombre ;
— « plu » ne vise que le temps, la durée et l’espace ;
« mi ne trinkos pli », je ne boirai plus, pas davantage (quantité) ;
« mi ne trinkos plu », je ne boirai plus, pas plus longtemps.
Plus, plus longtemps.
("amplius" latin).
Vise exclusivement le temps et l’espace :
« plu enhavas la ideon de daŭrado » (Z, Revuo, n° 14, 26), « plu » contient en soi l’idée de durée, de continuation.
« ne plu » ou « plu ne », pas plus longtemps, cesser de, plus du tout :
« nia amiko plu ne ekzistas » (Z, Tria Kongreso, p. 39), notre ami n’existe plus, a cessé d’exister ;
« tiam ni ne timos plu paroli… » (Z, 3° Kong., p. 43), alors nous ne craindrons plus de parler.
« kaj tiel plu », et ainsi de suite : et cœtera ; en abrégé : « k. t. p. ».
→ Ne pas confondre « ne plu » et « jam ne », bien que la distinction soit un peu subtile :
— « ne plu » a le sens général : « cesser de » ;
— « jam ne » : « renoncer à », (voir au mot « jam ») ;
— « pli », plus, davantage.
(Numéral distributif).
Mode de répartition.
Tant (par tête ou par unité), au taux de, sur le pied de (chacun).
« al ĉiuj el infanoj, mi donis po tri pomoj » (Z, 14), à chacun des enfants, j’ai donné trois pommes ;
« tiu ĉi libro havas sesdek paĝojn ; tial, se mi legos en ĉiu tago po dek kvin paĝoj, mi finos la tutan libron en kvar tagoj » (Z, 14), ce livre-ci a 60 pages, donc si je lis (lirai) à raison de 15 pages, chaque jour (par jour), je finirai le livre entier en 4 jours.
Marque le but, la destination.
Pour.
1° Devant un nom (de personne ou de chose) :
En faveur de, au bénéfice de, en considération de, en raison de, en vue de, à l’égard de.
("propter, in gratiam" latin).
2° Devant un verbe (toujours à l’infinitif) :
Dans le but de, en vue de, à telle fin, afin de.
("ad" latin).
— 1° « por miaj infanoj, mi aĉetis pomojn » (Z, 14), pour mes enfants, j’ai acheté des pommes ;
« por ĉiu tago, mi ricevas kvin frankojn » (Z, 14), pour chaque jour, j’ai reçu cinq francs (on aurait aussi bien pu dire : « ĉiu tago, mi ricevas po kvin frankoj », j’ai été payé à raison de cinq francs par jour) ;
« bastoneto, sur kiu oni metas plumon por skribado, estas plumingo » (Z, 40), un bâtonnet sur lequel on fixe une plume, en vue de l’écriture, est un porte-plume ;
« tiu ĉi grava tago restos por mi ĉiam memorinda » (Z, 41), ce grand jour (important) restera pour moi, à jamais mémorable ;
« mi dankis lin por la tuta plenumo de mia deziro » (Z, 31), je l’ai remercié pour (en raison de) l’immédiate satisfaction de mon désir.
« dudek jaroj da laborado por la esperantismo ! » (Z, 3° Kong., p. 40), vingt années de travail soutenu pour l’espérantisme !
— 2° « ĉu vi havas korktirilon, por malŝtopi la botelon ? » (Z, 34), avez-vous un tire-bouchon, pour déboucher la bouteille ?
Règle. – « por ke », pour que, pris dans l’acception : afin de, dans le but de ("ut" latin), est toujours suivi de l’impératif :
« ĉiam subtenante la krucon, por ke la virino povu trinki » (Z, 15), toujours en soutenant la cruche, pour que la femme put boire.
Mais si les mots « por ke » sont pris dans le sens de simple constatation d’un résultat (dont on recherche la cause), ce n’est pas l’impératif qui convient, mais bien le temps de l’indicatif en rappport avec l’époque considérée :
« por ke li estas sen mono, estas necese ke li faris multe da malsaĝaĵoj », pour qu’il se trouve ruiné, il faut qu’il ait fait beaucoup de sottises. Le sens est en effet : puisqu’il est ruiné, c’est que nécessairement il a fait beaucoup de sottises. « por ke li estu sen mono » aurait un tout autre sens : celui d’agissements dans le but de le ruiner.
→ « por » marque le but ;
— « pro » marque la cause :
« manĝi por vivi », manger pour vivre (but) ;
« pro manko de mono », pour manque d’argent, faute d’argent (cause).
« por kio », pour quoi (en deux mots), avec idée de but, de destination : le but pour lequel, en vue de quoi.
« tial ni devas klarigi al ni, por kio ni kunvenas » (Z, 3° Kong, p. 41), aussi faut-il nous expliquer dans quel but nous sommes réunis.
« por kio » est quelquefois employé dans le sens interrogatif, au lieu de « kial ».
« por » a pour antagoniste « kontraŭ » :
« la naturo kiu longan tempon batalis kontraŭ ni, batalas nun por ni » (Z, 3° Kong, p. 40).
→ « por kio », pour quel but ;
— « pro kio », pour quelle cause.
Règle. – « por », « anstataŭ », « antaŭ ol », sont les trois seules prépositions qui puissent précéder l’infinitif.
Après (dans le temps et dans l’espace).
Plus tard que (telle époque), dans tant de temps, au bout de tant de temps.
Postérieurement à (tel fait), après (tel mot, etc.).
« mi faros tion post tri tagoj », je le ferai trois jours après, trois jours plus tard, au bout de trois jours, dans trois jours.
C’est l’antagoniste de « antaŭ » :
« mi faris tion antaŭ tri tagoj », je l’ai fait trois jours auparavant, depuis trois jours, il y a trois jours ;
« se ni iam post prepozicio uzas la akuzativon, la akuzativo tie dependas, ne de la prepozicio, sed de aliaj kaŭzoj » (Z, 28), si parfois, après une préposition, nous employons l’accusatif, l’accusatif ici dépend, non de la préposition, mais d’autres causes ;
« tuj post la hejto la forno estis varmega, post unu horo ĝi estis jam nur varma, post du horoj ĝi estis nur iom varmeta, kaj post tri horoj ĝi estis jam tute malvarma » (Z, 38), aussitôt après la chauffe, le four était brûlant, une heure ensuite il n’était déjà que chaud, après deux heures écoulées il n’était qu’à peine tiède, et au bout de trois heures il était déjà tout à fait froid.
« iom post iom », peu à peu (un peu après un peu).
→ « post » ne s’emploie qu’avant un nom (jamais devant un verbe).
Pour indiquer la position derrière quelqu’un, en arrière d’un lieu, on emploie « malantaŭ », derrière, ou « malantaŭe », par derrière.
Règle. – Après, suivi de l’infinitif passé ne se rend pas et le verbe se traduit par le participe passé, mis sous forme adverbiale :
Après avoir acheté un chapeau, il le paya : « aĉetinte ĉapelon, li ĝin pagis ».
Note. – Dans certains auteurs on trouve : « post kiam » pour : « après que », suivi d’un verbe. C’est une expression à éviter. Dans ce cas, mieux vaut employer « kiam » tout seul ; (quand ; lorsque) ou mieux, appliquer la règle ci-dessus :
Après qu’il eut acheté un chapeau, « kiam li aĉetis ĉapelon », ou « aĉetinte ĉapelon ».
Puis, ensuite, postérieurement, par la suite.
« mi petas vin ankaŭ poste prunti al mi, kiam mi bezonos monon » (Z, 14), je vous prie aussi de me prêter par la suite, quand j’aurai besoin d’argent.
Synonyme : « malantaŭe », postérieurement, par derrière.
(Préfixe).
1° Ancestral, des temps primitifs ;
2° Arrière-parenté (ascendante ou descendante).
— 1° « praepoko », temps préhistoriques ;
« prapatroj », ancêtres.
— 2° « avo », grand-père, – « praavo », bisaïeul ;
« nepo », petit-fils, – « pranepo », arrière-petit-fils ;
« la filoj, nepoj kaj pranepoj de reĝo estas reĝidoj » (Z, 36), les fils, petits-fils et arrière-petits-fils de roi, sont de lignée royale.
(Préfixe).
1° Le long de… en dépassant, au-delà ;
2° Aller outre, outre-passer.
Ce mot, un peu complexe dans sa signification, diffère du sens latin.
Il s’emploie au propre et au figuré, pour les idées, le temps, etc.
« preterpasi » :
1° longer, côtoyer et dépasser une personne, une troupe ;
2° outrepasser des ordres, des instructions.
« preteriri », dépasser en filant tout le long (d’une colonne) ;
« preterirantoj », gens qui vous dépassent ;
« preterlasi », se laisser dépasser (par quelqu’un) ;
« eĉ muso ne preterkuris », même une souris n’a pas pu filer en avant de nous ;
« preterŝuldo », passif (outrepassant l’actif) ;
« preterpasi la limtempon, la okazon », outrepasser le terme, manquer l’occasion.
« preter » est un des mots qu’on est facilement porté à employer mal-à-propos.
(Préposition, préfixe).
Sur, touchant, au sujet de, relativement à. Quant à, de.
Marque la personne ou la chose, objet de la pensée ou de l’action.
("de" latin).
« mi parolas pri leono » (Z, 7), je parle du lion (sur le lion, au sujet du lion) ;
« sed pri ŝia fratino, ni povas diri… » (Z, 23), mais, quant à sa sœur, nous pouvons dire…
« mi zorgas pri ŝi tiel, kiel mi zorgas pri mim mem » (Z, 23), je prends soin d’elle (relativement à elle), comme (j’ai soin) de moi-même.
« pri » entre volontiers en composition avec « paroli », « pensi », « labori », « trakti », « kanti », etc.
« ni ĉiuj kunvenis, por priparoli tre gravan aferon » (Z, 42), nous nous étions tous réunis pour discuter une très importante affaire (parler relativement à une très importante affaire).
Règle. – « pri kiu » – « pri kio », remplacent « kies » lorsque le mot français « dont » est suivi d’un verbe :
L’homme dont je parle — (non pas « kies », mais : ) « la homo pri kiu mi parolas » ;
l’affaire dont je m’occupe : « la afero pri kio mi zorgas ».
→ « pro » : cause qui fait qu’on s’occupe ;
— « pri » : d’un objet, relativement à un objet (personne ou chose) ;
— « por » : dans un but donné ;
— « per » : en employant tels moyens.
Pour, à cause de.
Marque la cause.
("causa, pro" latin).
« mi ridas pro lia naiveco » (Z, 29), je ris de sa naïveté (à cause de sa naïveté) ;
« li amas tiun ĉi knabinon pro ŝia beleco kaj boneco » (Z, 35), il aime cette fillette, pour (à cause de) sa beauté et sa bonté ;
« mi kore vin gratulas pro tiuj rezultatoj » (Z, 3° Kong. p. 40), c’est de tout cœur que je vous remercie pour ces résultats.
« pro kio », pour quoi, pour quelle cause, la cause de :
« li demandis ŝin pro kio ŝi ploras » (Z, 21), il lui demanda la cause de ses larmes (pour quelle cause elle pleurait).
« pro tio ke », pour cette cause que, de ce que.
→ La distinction entre « pro », la cause, et « por », le but, le plus souvent aisée à discerner, est parfois difficile ; mais c’est qu’alors elle est sans importance, et que tous les sens sont très voisins :
« morti pro la patrujo », mourir pour la patrie (à cause de la patrie) :
« pro » semble ici plutôt le soupir d’un mercenaire, qui meurt du fait de son métier, d’un annexé lié au service de la patrie imposée par le conquérant ; – cela se hausse même à l’intrépide résignation des Girondins.
Mais : « morti por la patrujo » ! dans l’intérêt sacré de la Patrie, pour son salut, son indépendance ou sa grandeur, c’est l’enthousiaste envolée des volontaires de 92, l’âme même des Armées de Sambre-et-Meuse !!! – Ici la distinction entre « pro » et « por » est très nette, pour qui a conscience des mots et des sentiments.
Souvent la nuance est plus indécise :
« mi tion faris por ŝi (ou pro ŝi) » : je l’ai fait pour elle. – Est-elle la cause ou le but de cette action ? – l’un et l’autre sans doute, et l’un ou l’autre mot convient : si c’est à elle qu’on écrit, on mettra « por » et peut-être pensera-t-on « pro ».
« Li tuj faris kion mi volis, kaj mi dankis lin por la tuja plenumo de mia deziro » (Z, 31), il fit sur le champ ce que je désirais, et je le remerciai pour l’accomplissement immédiat de mon désir. – (« por » semble ici moins en situation que « pro », ou même « pri » : Je ne remercie pas dans le but d’obtenir satisfaction (c’est fait), mais bien à cause de cette satisfaction, ou à son sujet.)
(Préfixe, employé avec des racines verbales).
Trois acceptions.
— 1° De retour. Retour au point de départ, au lieu d’origine, et, au figuré, à l’état initial, par une progression en sens contraire (en faisant demi-tour et en revenant sur ses pas). C’est le moyen habituel, et, par conséquent, l’acception normale.
« mi foriras, sed atendu min, ĉar mi baldaŭ revenos » (Z, 42), je m’éloigne, mais attendez-moi car je reviendrai bientôt ;
« la filo de la reĝo, kiu revenis de la ĉaso » (Z, 21), le fils du roi, qui revenait de la chasse (au retour de la chasse) ;
« unue mi redonas al vi la monon kiun vi pruntis al mi » (Z, 14), d’abord je vous restitue (retourne) l’argent que vous m’avez prêté.
Sans le contexte, on pourrait croire que « redoni » signifie redonner, donner une seconde fois, de nouveau (suivant la seconde acception ci-après), tandis que son sens propre est toujours restituer, rendre, retourner (le don ou le prêt) à son origine.
— 2° On trouve, par extension abusive : De nouveau, nouveau retour au point où l’on était parvenu antérieurement, en repartant du même point initial et progressant dans le même sens que tout d’abord. Réitération au propre et au figuré (c’est en réalité un reretour). ("rursus" latin).
« re » est rarement employé dans cette acception. Bien qu’elle figure au vortaro du fundamento, on n’en trouve pas d’exemple dans le texte. « de nove », de nouveau, est bien préférable et pour la réitération c’est lui qu’il faut employer ou bien encore l’adverbe « ree », de nouveau.
« la suno rebrilas », cela signifie-t-il le soleil rebrille, brille de nouveau ? – Non, car le contexte éclaire sur le vrai sens :
« la suno rebrilas en la klara akvo de la rivero » (Z, 42), le soleil se reflète dans l’eau limpide de la rivière (les rayons vont frapper l’eau et en reviennent par réflexion : c’est la première acception). Pour exprimer la seconde, il faudrait dire : « la suno de nove brilas ». On trouve cependant « refari, rekomenci, rekuiri, rekopii, reigi, revidi » ; aucune amphibologie n’est possible ici, le terme « revidi » est d’ailleurs consacré surtout par la locution « ĝis la revido », jusqu’au revoir.
« resalti » signifie manifestement ricocher. Mais « refleksa » ? Si c’est une racine, cela signifie « réflexe » au sens physiologique ; mais en composition avec le préfixe « re », « refleksa » signifie-t-il ployé une seconde fois, de nouveau ? ou bien ployé en sens contraire, de manière à annuler la première flexion, en un mot, redressé ?
— 3° Retour vers le lieu d’origine, vers l’état initial, en reculant mais alors momentanément, pour peu de temps et pour peu d’étendue, c’est la marche en arrière, marche rétrograde. ("retro" latin).
— [ voir l’article suivant : « retro » ]
— [ voir l’article précédent : « re » ]
Note. – Il est à regretter que ces trois acceptions : retour au point de départ, — réitération d’un acte, — recul plus ou moins accusé vers le point de départ, soient rendues par un seul et même préfixe. Il en résulte des incertitudes, des amphibologies.
— 1° On peut admettre l’expression « de retour, retour au point de départ » par une marche en sens contraire, comme l’acception normale de « re ».
— 2° Ceci posé, on conçoit « re » dans l’acception de réitération (de nouveau), quand il ne peut y avoir de doute, l’acception de retour étant inapplicable. Par exemple : « refari, rekomenci, rekuiri, reigi, » etc.
Mais il faudrait un doublet toutes les fois qu’il peut y avoir doute entre les deux acceptions :
« reveni », est-ce réitération d’un voyage, venir une seconde fois au lieu d’arrivée, ou bien est-ce retourner en arrière, au point de départ ?
« repagi », est-ce payer la même chose, ou la même personne une seconde fois (un fournisseur indélicat qui profite de ce que vous ne lui avez pas demandé de facture acquittée, etc.), est-ce rembourser ce qui a été payé ? (fait beaucoup plus rare, sinon invraisemblable : demandez au fisc pour ce qu’il a perçu indûment).
Dans tous ces cas incertains ou douteux, on pourra employer au lieu du préfixe « re », l’expression « de nove », ou « ree », et il n’y aura plus à craindre aucune amphibologie.
— 3° Pour la troisième acception, celle de « recul », « marche rétrograde, à reculons », l’embarras est bien autre ! À proprement parler l’expression n’existe pas : faute de mieux, on emploie la première forme, celle de retour sur ses pas, pour indiquer le recul.
Cependant, pratiquement, la chose est toute différente : faire demi-tour, pour s’en retourner au loin, — ou reculer quelques pas, pour regagner un embranchement que l’on vient de dépasser, sont, pour une troupe, une voiture, une automobile surtout, deux manœuvres essentiellement différentes. Dans le style imagé, un recul en politique, — ou un demi-tour, — tourner le dos, — ne sont pas moins différents.
Ainsi, dans le domaine de la pratique, comme dans celui de la spéculation pure, un moyen clair, simple, sans hésitation possible de différencier nettement les deux acceptions est indispensable.
Nous proposons l’expression « retro » qui peut servir, soit employée seul (en arrière, doublet de « malantaŭe », qui est trop long, – « retroen ! », comme commandement : en arrière !), – soit comme préfixe assez court, clair et commode : « retroiri », aller en arrière, reculer, – « retroiro », marche-arrière.
À l’époque où nous vivons, à l’aurore du XXe siècle, et pour une langue qui doit s’implanter dans le monde ultramoderne des voyageurs, touristes, industriels, sportsmens, militaires, ce sont précisément ces nuances-là qu’il est indispensable de pouvoir exprimer, sans erreur d’interprétation possible, et cela, aussi bien au propre qu’au figuré.
M. de Beaufront a employé « reeniri ». Mais ce mot composé, qui commence par « re », semble indiquer : soit dans la première acception, un retour par progression en sens contraire, après demi-tour, (ce qui tout différent du recul), — soit, dans la seconde acception, une réitération d’un fait antérieur. La syllabe « re » est suivie de la syllabe « en » (dans) en sorte que « reeniri » a tout l’air de signifier : recommencer à entrer, rentrer. — À moins que le mot ne soit composé de « reen » et de « iri ». — Mais que veut dire « reen » ? « ree » signifie « de nouveau », – « reen » - « iri » signifierait donc : aller de nouveau, avec l’idée de direction, soit ! mais aller où ? dans quel sens, et par quel moyen ? On ne voit là nullement l’idée de « marche-arrière ». L’expression « reen » est donc à rejeter comme suffixe.
M. Cart a proposé « dorsire », à reculons, en allant à dos. – mais (sans dire qu’on puisse le traduire « en allant sur le dos !!! ») cela ne fournit pas un préfixe pour les expressions : rétroactif, rétrocéder, rétroflexion, rétrograder, rétrospectif, rétroversion, rétro-utérin, etc.
Le mot latin « retro », international pour les langues dérivées du latin (français, anglais, italien) semble préférable. M. Cart l’emploie pour « rétroactif » et « rétrospectif », il n’y a qu’à en généraliser l’usage.
Relativement à, par rapport à.
C’est l’adverbe qui correspond à « pri » (« prie » n’est pas esperanto).
On peut aussi dire : « koncerne ».
« rilate ŝin » (Z. K. 136), relativement à elle.
On supprime alors la préposition « al » et on la remplace par l’accusatif.
Le même, qui n’est pas autre, identique.
— Adjectif. Marque l’identité relative de nature, d’usages, d’action, d’effet, pour les être ou les choses citées.
("idem, eadem, idem" latin).
L’identité absolue d’individualité n’est rendue que par « mem ».
« ni parolas la saman lingvon », nous parlons la même langue ;
« via ŝlosilo, kaj la mia estas la samaj », votre clef et la mienne sont les mêmes (l’une et l’autre sont identiques) ;
« la uzado de la artikolo estas tia sama kiel en la aliaj lingvoj » (Z, 28), l’emploi de l’article (en esperanto) est le même que dans les autres langues (de même espèce, ainsi que dans les autres langues) ;
« ĉu ne estus al vi agrable havi tian saman kapablon ? » (Z, 17), ne vous serait-il pas agréable de posséder tel même pouvoir ?
« tiu ĉi patrino varmege amis sian plimaljunan filinon, kaj en tiu sama tempo ŝi havis teruran malamon kontraŭ la pli juna » (Z, 13), cette mère aimait ardemment sa fille ainée, et dans ce même temps, elle avait une terrible aversion contre la cadette.
— Comme préfixe, il joue le rôle de nos syllabes initiales : « com, con, cor, co » :
« la loĝantoj de unu regno estas samregnanoj, la loĝantoj de unu urbo estas samurbanoj, la konfesantoj de unu religio estas samreligianoj » (Z, 37), les habitants d’un même (seul) État sont des compatriotes, les habitants d’une même ville sont des concitoyens, ceux qui confessent une même religion sont des coreligionnaires ;
les Esperantistes entre eux se saluent du titre de « samideanoj », expression intraduisible, dont le terme « coidéalistes » peut donner une idée.
→ « sama », le même, identité d’êtres ou de choses ;
— « eĉ », adverbe, même, bien plus ;
— « mem », même, avec le caractère d’identité – non plus relative, mais absolue. Il s’accole aux pronoms personnels (« mi mem », « vi mem ») et par image, aux noms d’êtres, ou de choses personnifiées : « tio estas la mia ŝlosilo mem, sed ne la via, kvankam ambaŭ estas la samaj » : c’est ma clef même (ma propre clef) et non la vôtre, quoique l’une et l’autre soient les mêmes (identiques, deux épreuves sorties du même moule) ;
— « simila », semblable, ne marque que la similitude d’apparence, sans plus.
(Adverbe).
De même, mêmement, pareillement, (avec idée d’identité de cause, de raison, de motifs).
« por esprimi direkton, ni aldonas al la vorto la finon "n" ; sekve : "tien" (– al tiu loko) ; tiel same ni ankaŭ diras : la birdo flugis en la ĝardenon » (Z, 28), pour exprimer une direction, nous ajoutons au mot la terminaison "n" ; par conséquent, "tien" = vers ce lieu ; ainsi, de même (pour les mêmes raisons) nous dirons aussi l’oiseau s’envole dans le jardin (avec l’accusatif de direction).
« same… kiel », de même… que ;
« samtempe », en même temps.
→ « ankaŭ », aussi, également, de même, n’indique que la constatation d’une analogie de fait ;
— « same » indique qu’il y a, en outre, pour cela, une raison d’identité de motifs (l’exemple ci-dessus, qui contient les deux mots, le fait bien ressortir).
Si. (conditionnel, hypothétique).
("si" latin).
Règle. – Contrairement au français, « se » conditionnel s’emploie avec le présent, le passé, le futur, – suivant l’époque visée par le sens de la phrase.
L’esperanto met le temps que comporterait la phrase, en supprimant « se ».
Il ne met le conditionnel (en « us ») que si la phrase est indépendante de l’époque :
« se estas tiel, diris la patrino, mi devas tien sendi mian filinon » (Z, 17) : « s’il en est ainsi », est là pour « puisqu’il en est ainsi », – donc le présent ;
« se li jam venis, petu lin al mi » (Z, 26) : la supposition ne vise qu’un fait passé, donc « (se) li venis » ;
« tiu ĉi libro havas sesdek paĝojn ; tial, se mi legos en ĉiu tago po dek kvin paĝoj, mi finos la tutan libron en kvar tagoj » (Z, 14) : la supposition vise un fait exclusivement futur : chaque jour à venir (si) je lirai, je finirai…, donc : « se mi legos, mi finos… » ;
« se mi estus sana, mi estus feliĉa » (Z, 20) : (si) je serais bien portant, je serais heureux — c’est vrai en tout temps, donc il n’y a pas lieu de mettre un temps précis, présent, passé, ou futur — la condition seule, reste en jeu : donc le conditionnel ;
« se vi scius kiu li estas, vi lin pli estimus » (Z, 26) : (si) vous sauriez qui il est, vous l’estimeriez davantage (et cela est indépendant de l’époque, passée, présente ou future) ;
« se li scius ke mi estas tie ĉi, li tuj venus al mi » (Z, 20) : (si) il saurait que je suis ici, il viendrait tout de suite à moi ; – « si » ne vise que le cas essentiellement incertain où il n’aurait pu, ou pourrait l’apprendre, d’où le vague du conditionnel employé.
« se ne », si non, sans quoi ;
« se ne ke », (si non que) à moins que ;
« laŭ tio se », (selon cela si) selon que ;
« se nur », seulement si, — seulement au cas où, — Pourvu que…
→ si, conditionnel hypothétique : « se » ;
— si, comparatif : autant, aussi : « tiom », « tiel » ;
— si, dubitatif dans l’interrogation indirecte : « ĉu ? » ;
— si, affirmatif contradictoire : « jes » (1).
(1) L’esperanto ne dispose d’aucun terme approprié à ce rôle : « oui ! » n’a nullement la force ni l’intention soulignée par notre « si ! ». On aurait pu prendre « so ». — En tout cas c’est une lacune à combler.
Mais.
Indique une restriction accusée – ou une opposition de circonstances : son sens est alors voisin de celui de « tamen ».
N. B. – « sed », après un verbe, en renforce le sens, ce qui se rend en français par le mot « bien ».
La restriction accusée se souligne par l’adjonction de « nur ».
Dans les autres cas, « sed » indique : insuffisance, déception, appréhension, etc., ou opposition de sentiments.
Ex. : « la filino iris, sed ĉiam murmurante » (Z, 19), la fille y alla bien, mais toujours grommelant ;
« en nia lando sin ne trovas montoj, sed nur montetoj » (Z, 38), dans notre pays, il n’y a pas de montagnes, mais seulement des collines (il n’y a que des collines) ;
« nia urbo havas bonajn policanojn, sed ne sufiĉe energian policestron » (Z, 37), notre ville possède bien de bons agents de police, mais leur chef manque d’énergie ;
« li donis al mi teon, kun sukero, sed sen kremo » (Z, 26), il me donna bien du thé avec du sucre, mais sans crème !
« mi volis ŝlosi la pordon, sed mi perdis la ŝlosilon » (Z, 34), j’aurais bien voulu fermer la porte, mais j’avais perdu la clef ;
« mi serĉos mian horloĝon, sed mi timas, ke ĝin jam ne trovos » (Z, 20), je chercherai ma montre, mais je crains bien de ne pas la trouver ;
« mia frato ne estas granda, sed li ne estas ankaŭ malgranda » (Z, 33), mon frère n’est pas grand, mais il n’est pas petit non plus ;
« li amas min, sed mi lin ne amas » (Z, 18), lui, m’aime bien, mais moi, je ne l’aime pas ;
« mia onklo ne mortis per natura morto, sed li tamen ne mortigis sin mem » (Z, 39), mon oncle n’est pas trépassé de mort naturelle, mais il ne s’est pourtant pas suicidé.
→ Ne pas confondre « sed » avec « tamen », bien qu’il n’y ait souvent qu’une nuance entre eux. On emploie parfois à tort, l’un pour l’autre :
— « tamen » marque la restriction (mais moins accusée que « sed ») et plutôt une atténuation, ou une opposition de circonstances, de sentiments.
→ Ne pas confondre avec « dum », durant, pendant que, tandis que, – qui se prête aussi aux oppositions, mais avec concordance des temps.
En conséquence, par conséquent, donc, d’où la conclusion que.
Convient aux abstractions, au raisonnement pur, déduction, conclusion.
("ergo" latin).
« la surtuto estas aĉetita de mi, sekve ĝi apartenas al mi » (Z, 25), le pardessus a été acheté par moi, par conséquent il est à moi ;
« el la dirita regulo sekvas ke… » (Z, 29), de la règle ci-dessus, on conclut que…
→ « do », donc, n’est qu’un simple renforçatif, une interjection ;
— « tial », c’est pourquoi, indique plutôt le résultat d’un enchaînement de faits, d’une observation de circonstances ambiantes, que d’un raisonnement abstrait, comme celui auquel convient « sekve ».
(Préposition, préfixe).
Sans.
Marque l’absence inattendue.
1° Le dénuement anormal, la privation injustifiée, exceptionnelle ;
2° S’il s’agit d’un acte de la vie, une nuance de laisser-aller, un manque fortuit ou voulu des précautions qu’on prendrait dans des circonstances normales.
La forme « sen… igi » accuse la privation, le dépouillement. Ex. :
« vi tute ne estas ĝentila, diris la feino sen kolero » (Z, 19), vous n’êtes nullement polie, dit sans colère, la fée (mansuétude inattendue) ;
« tiu ĉi komercisto aldonas senpage… » (Z, 31), ce commerçant donne en sus, gratuitement… (mesure exceptionnelle) ;
« mono estas senutila tra dezerto ! », l’argent est sans utilité au travers du désert ! (mais il est fort utile ailleurs) ;
« blindulo estas sen okuloj », l’aveugle est privé de la vue (privation anormale) ;
« la korpo estas morta, la animo estas senmorta » (Z, 31), le corps est mortel, l’âme est privée de la faculté de mourir, d’échapper par la mort aux responsabilités, de trouver l’oubli dans le néant, en tout cas elle est la seule qui vive et ne meure pas (exceptionnel) ;
« vi parolas sensencaĵojn, mia amiko » (Z, 35), vos paroles sont dépourvues de sens, mon ami (vous dites une insanité) ;
« li parolis tiel senintence », s’il a parlé ainsi, c’est sans intention (par inadvertance, manque de circonspection, par laisser aller).
Règle. – « sen » ne s’emploie que devant les noms, — jamais devant un infinitif.
Quand en français, « sans » se trouve devant un infinitif, on le rend en Esperanto, — soit par « sen » et le substantif, — soit par le participe à forme adverbiale, avec une négation : « ne », « nenion », « neniel » :
« la esprimojn : li faris ĉion sen ridi » — aŭ : « li restis du tagojn sen manĝi » — mi ne konsilus al vi uzi. — Ni povas tre bone diri : « sen rido », « sen manĝo » — aŭ : « neniel ridante » — « nenion manĝante » (Z, Revuo, n° 10, 20).
Règle. – « sen » étant négatif par nature, et la négation ne se renouvelant pas en Esperanto, les autres mots de sens négatifs de la proposition doivent être remplacés par le terme positif correspondant : « nenia », « nenio », « neniom », « neniu », par : « ia », « io », « iom », « iu ». Ex. :
« sans aucune étude, sans nulle étude » : « sen ia lerno »,
(et non pas : « sen nenia lerno », ce qui signifierait au contraire : « ce n’est pas sans nulle étude que… »)
→ Ne pas confondre « sen » avec « ne ».
Voir au mot « ne », des éclaircissements à cet égard (Remarques sur « ne et sen »…)
Soi, se.
Pronom personnel réfléchi pour les trois genres, au singulier et au pluriel.
Prend l’accusatif.
("sui, sibi, se" latin).
EN FRANÇAIS, « soi » ne s’emploie que si le sujet est indéterminé :
« chacun pour soi » ;
« on pense souvent à soi » ;
« travailler pour soi ».
« ce valet ne prend soin que de lui-même » (et non de soi) ;
« elle se coupe les cheveux elle-même » (et non soi-même).
EN ESPERANTO, les règles de l’emploi de « si » sont soumises à des considérations tout autres. C’est là une assez grosse difficulté pour les français que cela déroute aisément. Le choix de « si » ne dépend nullement de ce que le sujet est ou non déterminé. C’est ainsi que dans toutes les phrases françaises ci-dessus, il faudra « si » en Esperanto :
On dira comme en français :
« ĉiu por si » ;
« oni ofte pripensas pri si » ;
« labori por si ».
Mais, contrairement au français, on dira, en employant « si » :
« liu lakeo zorgas nur pri si mem » ;
« ŝi kombas al si la harojn ».
Voyons donc quelles sont ces règles bizarres pour nous français.
Remarque. – Le pronom réfléchi « si » ne s’emploie jamais comme sujet. Donc toutes les fois que le pronom sera sujet du verbe, il ne saurait être que : « li » (lui), « ŝi » (elle), « ĝi » (cela) ou « ili » (eux, elles). Ceci est tout naturel, le pronom ne pouvant être réfléchi que s’il réfléchit le sujet, ce qui exige qu’il ne soit pas lui-même ce sujet :
Tel un miroir : l’image réfléchie représente l’original, mais ne saurait être l’original même.
Règle. – « si » ne peut être que complément, direct ou indirect.
En outre, pour être réfléchi, il faut qu’il réfléchisse le sujet, il faut qu’il représente le sujet de la proposition où il figure.
De ces deux conditions résulte la règle suivante :
RÈGLE PRATIQUE. – Isoler la proposition, chercher le verbe, le sujet, les compléments, puis :
Vérifier que LE PRONOM EST UN COMPLÉMENT REPRÉSENTANT LE SUJET de la proposition.
– Si c’est un complément direct, il est à l’accusatif.
– Si c’est un complément indirect, il est précédé d’une des préposition : – « de, al, en, el, ĝis, ĉe, apud, sur, super, sub, kun, sen, per, pri, por, pro, post, antaŭ, kontraŭ, ĉirkaŭ, anstataŭ, malgraŭ… ».
– Tout complément porte ainsi son signalement avec lui ou sur lui (« n »).
On ne met « si » que si cette double condition est remplie.
On s’abstient, si l’on n’en est pas sûr : car c’est une grosse faute que de mettre « si » là où il ne le faudrait pas.
« Un bateau qui se meut à la vapeur ». Le pronom « se » représente le bateau, sujet de « meut ». Il est complément direct de « mouvoir », donc « sin » :
« ŝipo kiu sin movas per vaporo » (Z, 27).
« Mon frère dit à Stéphane qu’il l’aimait plus que lui-même ». Dans la proposition soulignée, « lui-même » représente « il » sujet du verbe aimer ; et il est le complément direct du verbe « aimer » (plus que il aimait lui-même), donc « sin » :
« mia frato diris al Stefano ke li amas lin pli ol sin mem » (Z, 18).
« Sa propre mère la chassa loin d’elle » : « elle » représente la mère, sujet de « chassa » ; c’est en outre un complément indirect de « chasser », donc : « si » :
« ŝia propra patrino ŝin forpelis de si » (Z, 23).
« Toutes les prépositions demandent par elles-mêmes le nominatif » : « elles-mêmes » représente les prépositions, sujet de « demandent ». C’est en outre un complément indirect (« par »), donc « si » :
« ĉiuj prepozicioj per si mem postulas la nominativon » (Z, 28).
Les personnes qu’effarouchent les expressions grammaticales pourront employer le moyen empirique suivant :
Règle empirique. – Remplacez mentalement tout ce qui touche au sujet, par « ON ».
– Mettez le verbe, puis le reste de la phrase.
– Si vous êtes amené à employer « SOI », en français, il faut « si » en esperanto.
Reprenons les exemples précédents :
« un bateau qui se meut par la vapeur » : remplaçons « un bateau qui » par « on », nous aurons : on meut soi… « sin » ;
« il l’aimait plus que lui-même » : on aimait lui (« lin ») plus que soi… « si » ;
« sa mère la chassa loin d’elle » : on chassa elle (« ŝin ») loin de soi… « si » ;
« les prépositions demandent par elles-mêmes » : on demande par soi… « si » ;
Ce moyen mécanique est prompt et commode.
De soi (adjectif possessif pour les trois genres).
Prend le pluriel quand il y a plusieurs choses possédées. Prend l’accusatif.
Remarque importante. – À proprement parler, l’esperanto n’a pas de mot correspondant à nos expressions : « son, sa, ses, leur, leurs ».
EN FRANÇAIS, l’adjectif possessif est en rapport avec la personne ou la chose possédée.
Soit la phrase : « J’ai vu Monsieur sortir avec son chapeau, sa pélerine et ses gants », les mêmes termes serviront sans aucun changement si on remplace Monsieur par Madame, cela ne changera rien aux adjectifs possessifs « son, sa, ses ». Il en est tout autrement en esperanto.
EN ESPERANTO, l’adjectif possessif dépend du possesseur (sauf « sia »). Cela résulte de ce que, ayant la forme adjective, en « a », il suit les règles de l’adjectif et ne s’accorde pas en genre (mais seulement en nombre) avec le substantif.
Ce ne sont donc pas les mots : « son, sa, ses, leur, leurs » qu’on peut rendre, mais bien les idées :
— 1° Qui est à lui : « lia » (son, sa) ; qui sont à lui : « liaj » (ses).
— 2° Qui est à elle : « ŝia » (son, sa) ; qui sont à elle : « ŝiaj » (ses).
— 3° Qui est à cela : « ĝia » (son, sa) ; qui sont à cela : « ĝiaj » (ses).
— 4° Qui est à soi : « sia » (son, sa, leur) ; qui sont à soi : « siaj » (ses, ou leurs).
« son » manteau, comme « sa » pélerine, se dira toujours :
– « lia » pour Monsieur,
– « ŝia » pour Madame,
– « ĝia » pour le chien.
En français le titre de propriété « son » ou « sa » est attaché à la propriété, quel qu’en soit le possesseur. En esperanto, le titre de propriété, « lia », « ŝia », « ĝia » reste au propriétaire, quelle que soit la propriété. L’adjectif possessif esperanto devrait s’appeler « adjectif possesseur ».
Il y a là une petite difficulté, mais à laquelle on s’habitue facilement, quand on a bien saisi le sens des mots « lia », « ŝia », « ĝia » (1).
(1) Il est des exemples que l’on cite, où l’intervention de « lia », « ŝia », « ĝia » permet de donner un sens net à la phrase qui sans eux serait incompréhensible : c’est leur supériorité sur nos possessifs français : « Sa tante écrit au docteur que sa mère part pour le Midi ». Dans ce français extraordinaire, on ignore s’il s’agit de la mère de la tante, ou du docteur. En esperanto, la proposition étant « sa mère part », et « mère » étant sujet, il ne faudra pas « sia ». Dès lors s’il s’agit de la mère de la tante, on mettra « ŝia » ; et « lia » si c’est celle du docteur. Ainsi se fera la distinction que ne fait pas le français (le français !) et elle se fera sans le secours de « sia », qui ne paraît pas dans cette phrase.
Mais, dans la même phrase, remplaçons « sa tante » par « son oncle » : « Son oncle écrit au docteur que sa mère part pour le Midi ». « sa mère » est toujours sujet, donc pas « sia ». Pour la mère de l’oncle ce sera « lia ». Pour celle du docteur, ce sera aussi « lia ». On ne sera pas plus avancé qu’en français.
Tout ce qu’on peut dire c’est ceci : une phrase en charabia, qu’elle soit transcrite en français, ou en esperanto, ne sera jamais que du charabia et cela ne jette de défaveur ni sur le français, ni sur l’esperanto. Quelle langue rendrait lucides ces phrases entendues en gare de Dijon : « C’est le train que Charles attend sa dame avec sa mère ; c’est des esperantistes ! » « Ah ! esperantistes, qu’est-ce que c’est ça ? » « C’est des types que c’est une langue que tout le monde se comprendrait ». (Très jolie cette définition populaire).
Reste l’adjectif possessif réfléchi « sia », dont le rôle est exceptionnel, en raison des restrictions qui s’attachent à son emploi, – exceptionnel aussi en ce qu’il reste le même, quels que soient le ou les possesseurs.
« sia » signifiant « de si », suit les règles de « si ».
Remarque. – « sia » ne s’emploie jamais devant le sujet d’une proposition. Donc : toutes les fois que l’adjectif possessif accompagnera le sujet du verbe, il ne saurait être que « lia », « liaj » (à lui), « ŝia », « ŝiaj » (à elle), « ĝia », « ĝiaj » (à cela), ou « ilia », « iliaj » (à eux, à elles).
Règle. – « sia » ne peut accompagner qu’un complément (direct ou indirect).
En outre il faut que ce complément soit possédé par le sujet de la proposition où il figure.
RÈGLE PRATIQUE. – Isoler la proposition, chercher le verbe, le sujet, les compléments, puis :
Vérifier que l’ADJECTIF POSSESSIF EST ACCOLÉ À UN COMPLÉMENT POSSÉDÉ PAR LE SUJET de la proposition.
On ne met « sia » que si cette double condition est remplie. On emploie un autre adjectif possessif, si on n’est pas sûr de soi, car un emploi intempestif de « sia » est une grosse faute.
Exemples.
« Le capitaine conduit son escadron ; sa troupe marche en ordre ».
Deux propositions : 1° « son escadron », complément direct du verbe, a pour possesseur « Le capitaine », sujet de « conduit ». Donc : « sia ». — 2° « sa troupe », sujet de « marche ». Donc pas « sia », mais « lia » (de lui). La phrase est :
« La Kapitano kondukas sian skadron ; lia soldataro orde iras ».
Les français ont toujours quelque peine à comprendre que, dans une même phrase, où il est question d’un seul possesseur (le capitaine), et de deux choses lui appartenant (son escadron, sa troupe, même chose sous deux noms différents), le pronom soit tantôt « sia », tantôt « lia ».
Il y a mieux : supposons un escadron avec son capitaine-commandant et son capitaine en second :
« Les capitaines conduisent leur escadron ; leur troupe marche en ordre ».
On traduira : « La kapitanoj kondukas sian skadron ; ilia soldataro orde iras ».
Pour une oreille française, il y a tendance à interpréter ce mot « sian », comme s’il n’y avait qu’un seul capitaine, tandis que par « ilia » on voit qu’ils sont deux. Cette bizarrerie apparente, pour nos habitudes nationales tient uniquement à ce fait : – tandis que « lia » a un pluriel (« ilia », s’il y a plusieurs possesseurs), – « sia » n’a pas le pluriel correspondant. – Dès lors, « sia » signifie à la fois : son, sa, leur (de lui, d’elle, d’eux, de soi, et de sois (au pluriel !), – et de même, « siaj » signifie : ses, et leurs (de lui, d’elle, d’eux, de soi, et de sois).
Ainsi, en esperanto, contrairement au français, l’adjectif possessif varie avec le possesseur (« lia », « ŝia », « ĝia ») ; – mais par contre, « sia » à lui seul, correspond à « lia, ŝia, ĝia, ilia » ; il est le même pour un possesseur masculin, féminin, neutre, ou pour plusieurs possesseurs, – et s’il prend le pluriel « siaj », c’est quand il y a plusieurs choses possédées.
Exemples. – Quelques exemples raisonnés familiariseront avec la règle de « sia ».
« Ils voient les souffrances de leurs voisins » :
« leurs voisins », ceux de « ils », sujet de « voient » : c’est aussi le complément indirect du verbe. Donc « siaj » (avec un « j », par ce que « voisins » est au pluriel) :
« Ili vidas la suferojn de siaj najbaroj ».
S’il n’y avait qu’un voisin, on aurait : « ili vidas la suferojn de sia najbaro ».
« L’enfant cherchait sa poupée » :
« sa poupée », celle de l’« enfant », sujet de « cherchait », – et complément direct de ce verbe. Donc « sian » :
« La infano serĉis sian pupon ».
« J’ai montré à l’enfant où gisait sa poupée » :
remarquons que « sa poupée » n’est pas le complément, mais le sujet de « gisait ». — Ce ne peut donc être « sia » :
« Mi montris al la infano, kie kuŝas ĝia pupo ».
(« kuŝas », parce qu’elle est là, gisante, au moment où on la lui montre).
« L’enfant me parla de sa poupée » :
« sa poupée », complément indirect, appartient à l’« enfant », sujet de « parla ». Donc « sia » :
« La infano parolis al mi, pri sia pupo ».
« Je montrai à l’enfant où Charles avait mis sa poupée » :
la « poupée », complément de « mis », — mais elle n’appartient pas au sujet, Charles. Donc pas « sia » :
« Mi montris al la infano, kie Karolo metis ĝian pupon ».
Les personnes un peu brouillées avec la grammaire pourront employer le moyen empirique déjà cité pour « si » :
Règle empirique. – Remplacez mentalement tout ce qui touche au sujet de la proposition, par « ON ».
– Mettez le verbe, puis le reste de la phrase, en remplaçant « son, sa, ses », par « DE LUI, D’ELLE, DE SOI ».
– Là où vous serez conduit à dire « DE SOI », il faudra « sia ».
Appliquons cela aux exemples précédents :
« Le capitaine conduit son escadron » : on conduit l’escadron de soi, donc « sian » ;
« Sa troupe marche en ordre » : on marche en ordre ; le mot « soi » n’apparaît pas, donc il ne faut pas « sia », ce sera « lia » ;
« Ils voient les souffrances de leurs voisins » : on voit les souffrances des voisins de soi ; donc « de si » : « siaj » ;
« L’enfant cherchait sa poupée » : on cherchait la poupée de soi, donc « sian » ;
« J’ai montré à l’enfant où sa poupée gisait » : la proposition est : sa poupée gisait : « on gisait » ; il n’y a pas place pour le mot « soi », donc il ne faut pas « sia », ce sera donc « de ĝi » : « ĝia » ;
« L’enfant me parla de sa poupée » : on me parla de la poupée de soi : « pri sia ».
Remarque importante. – On aurait mis partout « ĝia » (puisque « enfant » est neutre), que la clarté du sens n’en aurait été nullement altérée. Ç’eut été un peu moins élégant, certes, mais non point incorrect, surtout en conversation.
Par exemple : On peut dire, sans faire de faute :
« li batis lian propran kapon kontraŭ la muron »,
– ou bien : « li batis sian kapon kontraŭ la muron ».
Cette dernière forme est à la fois plus simple et d’un style plus élevé.
Le docteur Zamenhof, lui-même, a donné des exemples de l’emploi de « lia » au lieu de « sia », — et non pas en conversation courante, mais dans un de ses principaux ouvrages : « La Rabistoj ».
On trouve : (Akto unua, Sceno dua) le passage suivant, qui est typique :
« Leonoj, kaj leopardoj, nutras iliajn idojn, korvoj manĝigas kadavrojn al iliaj infanoj ».
Pronom personnel, 3e personne du féminin singulier.
« ŝi », elle ;
« de ŝi », d’elle ;
« al ŝi », à elle, lui ;
« li diras al ŝi », il lui a dit ;
« ŝin », la ;
« li ŝin rigardas », il la regarde.
Pluriel féminin inexistant. – La forme « iŝi » n’existant pas, il faut employer « ili », commun aux trois genres. – On ne peut donc distinguer si on parle d’eux ou d’elles.
Adjectif possessif, pour un possesseur féminin.
« ŝia » signifie non pas : son, sa, — mais bien : qui est d’elle, à elle.
« ŝiaj », qui sont d’elle, à elle.
Voir aux mots « lia » et « sia » des éclaircissements sur l’emploi des adjectifs possessifs.
« kiam tiu ĉi bela knabino venis domen, ŝia patrino insultis ŝin, kial ŝi revenis tiel malfrue de la fonto » (Z, 17), quand cette belle fillette arriva à la maison, sa mère l’invectiva pour revenir (parce qu’elle revenait) si tard de la fontaine.
N. B. Les formes « iŝia », « iŝiaj », n’existant pas, il est impossible d’exprimer : « qui est, qui sont à elles ». Il faudra alors employer « ilia », « iliaj », communs aux trois genres (1).
(1) Cela peut causer des confusions regrettables.
« Ces messieurs sont chez eux ; j’ai vu ces demoiselles dans leurs chambres (à elles) » : « La sinjoroj estas ĉe si ; mi vidis la fraŭlinojn en iliaj ĉambroj » ; en vain ajoutera-t-on, comme en français, pour préciser : (de ili). Que veut dire ce supplément de renseignements, « de ili » ?
Le seul moyen est de modifier la phrase : « …mi vidis la fraŭlinojn ; ŝi estis en siaj ĉambroj ».
Nous demandons les formes du pluriel « iŝi » et « iŝia ».
1° Semblable, ressemblant ;
2° Analogue.
Ne marque que la similitude d’apparence, sans plus, et même parfois assez vague.
— 1° « la pli maljuna estis tiel simila al la patrino per sia karaktero kaj vizaĝo, ke ĉiu, kiu ŝin vidis, povis pensi, ke li vidas la patrinon » (Z, 11), l’aînée ressemblait si fort à sa mère, de caractère et de visage, que chacun en la voyant, pouvait penser voir sa mère.
— 2° « ĉemizojn, kolumojn, manumojn kaj ceterajn similajn objektojn, ni nomas tolaĵo, kvankam ili ne ĉiam estas faritaj el tolo » (Z, 35), des chemises, cols, manchettes et autres objets analogues, c’est ce que nous nommons lingerie, (objets du rayon des toiles), quoique ils ne soient pas toujours fabriqués avec de la toile.
(Préposition, préfixe).
Sous.
« el sub la kanapo la muso kuris sub la liton, kaj nun ĝi kuras sub la lito » (Z, 26), de dessous le canapé, la souris courut jusque sous le lit, sous lequel elle court maintenant.
On voit que « sub » ne suffit pas à indiquer la direction et qu’il s’accompagne de l’accusatif.
« subtenante la kruĉon », en soutenant la cruche.
« sube », « suben », en dessous (sans ou avec direction). Sens absolu.
N. B. – Les adverbes de lieu prennent l’accusatif de direction, en principe, ceux que nous avons rencontrés sous cette forme, sont outre les adverbes en « ie » (ie, tie, kie, ĉie, nenie), « antaŭe, dekstre, sube, supre, renkonte ».
→ Ne pas confondre avec « malsupre », en bas.
Au-dessus de (sans toucher).
Au propre et au figuré.
« la aerostato, kiel la birdo, flugas super kamparon » ;
« la sistemo super kiu vi laboras » (Boirac), le système sur lequel vous travaillez.
N. B. – En composition, « super » perd son caractère de « sans toucher » et n’a que le sens de « par dessus » :
« li portas rozkoloran superveston » (Z, 31), il porte un pardessus rose – (il est évident que ce vêtement touche ceux qui sont par dessous).
« supera », supérieur dans l’ordre hiérarchique et intellectuel (adj.) ;
« superulo », homme supérieur.
En haut, par en haut, (avec direction : « supren »).
« li staras supre la monto, kaj rigardas malsupren, sur la kampon » (Z, 33), il est là-haut, sur la montagne et abaisse son regard (et regarde en bas) sur la campagne – (Z. a pris la partie pour le tout, en disant « sur la kampon », pour « sur la kamparon »).
« supra » (adj.), qui est en haut ;
« la supraj nuboj iras plej rapide », les nuages culminants sont les plus rapides ;
« supro », sommet, cîme ;
« supraĵo », surface :
« la tuta supraĵo de la lago estis kovrita per… » (Z, 35), toute la surface du lac était couverte de…
« supreniri », s’élever jusqu’en haut, gagner le faîte ;
« vidu supre », « voir ci-dessus » (en bibliographie) ;
« malsupre », en bas, ("infra" latin) ;
« malsupren », en bas (avec direction).
→ Ne pas confondre « malsupre », en bas, avec « sube », en dessous.
→ « supera » : supérieur par le rang ou l’intelligence ;
— « supra » : en un lieu élevé.
(Préposition, préfixe).
Sur (en touchant), reposant sur.
S’emploie avec un nom :
– au nominatif s’il n’y a pas de direction ;
– à l’accusatif, s’il y a direction.
« mi sidas sur seĝo kaj tenas la piedojn sur benketo » (Z, 26), je m’assieds sur une chaise et tiens mes pieds sur un petit banc ;
« mi metis la manon sur la tablon » (Z, 26), je mis la main sur la table.
Locutions spéciales :
« dans le champ » : « sur la kampo », « dans la rue » : « sur la strato », parce qu’en effet, c’est sur la surface du champ, de la rue, que l’on travaile, que l’on marche.
Toutefois, si l’on envisage non plus la chaussée de la rue, mais le couloir, le canal formé par son sol et les constructions qui l’enclosent, l’endiguent en quelque sorte, on emploie « en » :
« ĝia aŭdigas sian voĉon en la startoj » (Z, Sentencoj de Salomo, 2, 11), il fait entendre sa voix dans les rues (où elle se répercute et s’enfle, comme dans une boîte de résonance).
Enfin pour indiquer une adresse, Zamenhof emploie « ĉe » :
« li loĝas ĉe la strato X, n°4 ».
→ Ne pas confondre avec « super », au-dessus de (sans toucher).
Pourtant, néanmoins, toutefois.
("tamen, autem" latin).
Marque la restriction, moins accusée que « sed » et plutôt une atténuation.
Indique encore opposition de circonstances, de sentiments.
« li estas tre kolerema, tamen li estas tre pardonema, li ne portas longe la koleron » (Z, 41), il est très irascible, pourtant il est très indulgent, il ne porte pas longtemps la colère ;
« mi ne scias la lingvon, sed per helpo de vortaro, mi tamen komprenis iom vian leteron » (Z, 34), je ne connais pas la langue, mais à l’aide d’un dictionnaire, j’ai néanmoins compris un peu votre lettre ; – (cette phrase et la suivante accusent bien les nuances qui différencient « sed » et « tamen ») ;
« mia onklo ne mortis per natura morto, sed li tamen ne mortigis sin » (Z, 39), mon oncle n’est pas trépassé de mort naturelle, mais il ne s’est toutefois pas suicidé. (C’est le sens de "autem" latin).
→ « sed » marque une restriction plus accusée que « tamen » ;
— « dum » se prête aux oppositions, mais avec concordance de temps ;
— « kontraŭ » marque antagonisme de position, de personnes ou d’idée.
(Adjectif démonstratif).
Tel, telle, telle espèce.
Marque la qualité.
("talis" latin).
Prend le pluriel et l’accusatif.
« la reĝido konsideris ke tia kapablo havas pli grandan indon, ol… » (Z, 23), le fils du roi considéra qu’un tel (pareil) pouvoir avait autrement de valeur que…
« tia, ke », tel que, telle que.
Suivi d’une proposition, indique un rapport de cause à effet :
« mia teruro estis tia,… ke mi ne povis elparoli unu vorton » (Boirac), mon épouvante fut telle,… que je ne pus articuler un seul mot ;
« tia maniere ke », de telle sorte que. ("ita ut" latin).
Trop souvent on abuse des corrélatifs naturels : « tia… kia », ce qui est bien en effet la forme convenable pour rendre « tel… quel » ; mais on en fait aussi usage pour exprimer « tel que ».
Cette forme n’est à employer que pour souligner une complète assimilation de qualités ou de circonstances :
« donu ĝin al li tian, kia ĝi estas », donnez le lui tel qu’il est ;
« diru al li ke li venu tia kia li estas », dites lui de venir tel qu’il est (tel quel).
Cette forme lourde, de consonnance désagréable, est à éviter ; et d’abord, si « tia » et « kia » sont au même cas, on peut supprimer « tia ».
En règle générale, il est bien préférable d’employer la forme :
« tia sama kiel », le même que (tel, le même comme) :
« la uzado de la artikolo estas tia sama kiel en la aliaj lingvoj » (Z, 27), l’emploi de l’article est le même que dans les autres langues.
→ Remarquer la différence entre : « tia ke » — « tia kia » — « tia kiel » ;
— « tia », tel, telle, marque la qualité, la nature ;
— « tiu », tel individu, telle chose, cet être, cette chose (et non l’autre), vise l’identité.
Cette autre forme de « tia », est peu usitée, mais régulière.
C’est le sens de « tia » renforcé.
Zamenhof dit : « kiam oni volas uzi la sencon de « tia » en formo pli akcentita, mi trovas « tiela » tre bona, eĉ rekomendinda » (Z, Revuo, n° 6,8), quand on veut accentuer le sens de « tia », je trouve « tiela » très bon, et même à recommander.
C’est pourquoi. – Pour ce motif – ainsi donc. – Aussi.
Indique un enchaînement de faits, une décision basée sur des circonstances.
("quare, itaque" latin).
« tiu ĉi libro havas sesdek paĝojn ; tial, se mi legos en ĉiu tago po dek kvin paĝoj, mi finos la tutan libron en kvar tagoj » (Z, 14), ce livre a soixante pages, c’est pourquoi si j’en lis chaque jour quinze pages, je finirai tout le livre en quatre jours ;
« Aleksandro ne volas lerni, kaj tial mi batas Aleksandron » (Z, 9), Alexandre ne veut pas travailler et c’est pour ce motif que je le bats ;
« hodiaŭ estas bela frosta vetero, tial mi prenos miajn glitilojn » (Z, 34), aujourd’hui il fait une belle gelée, aussi prendrai-je mes patins.
« tial ke », par ce que, pour ce que (vieux français). ("quia" latin).
→ Ne pas confondre les mots esperanto de sens voisins :
— « tial », c’est pourquoi, aussi, décision basée sur des circonstances, ("itaque" latin) ;
— « sekve », en conséquence ("ergo" latin) s’applique plutôt au raisonnement spéculatif, déduction, conclusion ;
— « do », donc ("igitur" latin), simple renforçatif.
→ Ne pas confondre les diverses acceptions du mot « aussi » :
— « aussi » ainsi donc, pour ce motif, c’est pourquoi : « tial » ;
— « aussi » également, de même, comme telle autre personne : « ankaŭ » ;
— « aussi » pareillement, de la même manière : « same » ;
— « aussi » autant, comparatif d’égalité : « tiel », aussi que : « tiel kiel », et mieux : « same kiel », « tia kiel ».
Alors, à ce moment.
("tunc" latin).
« tiam kiam », alors que, quand :
« la artikolo "la" estas uzata kiam ni parolas pri personoj aŭ objektoj konataj » (Z, 27), l’article "la" est employé alors que nous parlons de personnes ou de choses connues.
Le groupe « tiam… kiam », qu’on est trop porté à considérer comme corrélatifs naturels, est à éviter :
Mieux vaut dire seulement « kiam », plus simple, plus élégant, et tout aussi clair.
N. B. – On trouve parfois, dans des auteurs récents : « tiam ke ». Cette forme est un pur gallicisme et doit être rejetée ; ce n’est pas esperanto.
Il est cependant un cas où « tiam » doit être suivi de « ke », c’est lorsque le mot français « que » ne fait pas partie d’une locution, que c’est une pure conjonction, ou qu’on l’emploie avec le sens de « pourquoi, comment » :
« mi tiam, komprenis ke li estas nekontenta », je compris alors que (pourquoi, comment) il n’était pas content.
« tiama », d’alors (ce qui s’est passé alors) : contemporain de ce moment-là ;
« tiamulo », un homme contemporain de cette époque-là (un homme d’alors).
Là-bas. Là, y.
« tie ĉi », ou « ĉi tie », ici. ("ibi, illic" latin).
Prend l’accusatif de direction, comme tous les adverbes de lieu :
« tie » = « en tiu loko » ; – « tien » = « al tiu loko » (Z, 28) ;
« mi estas tie ĉi », je suis ici ;
« mi volas ke vi tien iru ! » (Z, 19), je veux que vous (alliez là) y alliez !
« mi devas tien sendi mian filinon » (Z, 17), il faut que j’y envoie ma fille ;
« ĉu mi venis tien ĉi por doni al vi trinki ? » (Z, 19), suis-je venue ici pour vous donner à boire ?
« tiea » (adjectif), de là, de cet endroit, local ;
« tieulo », (un homme de là) un indigène.
1° Ainsi, de cette manière, de cette façon ;
2° Si, tellement.
("ita, sic" latin).
— 1° « se estas tiel… » (Z, 17), s’il en est ainsi…
« tiel same… », ainsi de même :
« tiel same ni ankaŭ diras… » (Z, 28), ainsi de même, disons nous aussi…
— 2° « ŝia patrino insultis ŝin, kial ŝi revenis tiel malfrue » (Z, 17), sa mère l’invectiva, pour être revenue si tard.
« tiel… ke », si… que, tellement… que (suivi d’une proposition),
Rapport de cause à effet :
« vi estas tiel bela, tiel bona, kaj tiel honesta, ke mi devas fari al vi donacon » (Z, 15), vous êtes si belle, si bonne, et si honnête, qu’il me faut vous faire un cadeau ;
« la tranĉilo estis tiel malakra, ke mi ne povis tranĉi per ĝi » (Z, 34), le couteau avait un si mauvais tranchant, que je ne pus couper avec lui ;
« la nokto estis tiel malluma, ke ni nenion povis vidi » (Z, 33), la nuit était tellement obscure, que nous ne pouvions rien y voir.
« tiel kiel », autant que, aussi que, comme,
Comparatif d’égalité, analogie de valeur :
« mi estas tiel forta kiel vi » (Z, 10), je suis aussi fort que vous (comme vous) ;
« mi zorgas pri ŝi tiel, kiel mi zorgas pri mi mem » (Z, 18), j’ai soin d’elle, comme de moi-même – (je prends autant de soin d’elle que de moi-même) ;
Cette forme : « tiel kiel », ainsi rapprochés, est à éviter : il est plus élégant, en pareil cas, de supprimer « tiel », en employant : « same kiel », « de même que ». Toutefois le sens ici est un peu atténué.
Mieux vaut employer la forme « tia kiel » qui est d’excellent esperanto. (Voyez : « kiel »).
→ Remarquez la différence entre « tiel ke » et « tiel kiel » : elle est la même qu’entre « tia ke » et « tia kia ».
C’est le sens de « tiel » renforcé : forme approuvée et recommandée par Zamenhof :
« kiam oni volas uzi la sencon de la vorto « tiel » en formo pli akcentita, mi trovas la vorton « tiele » tre bona eĉ rekomendinda » (Z, Revuo, n° 6, 8), quand on veut donner au mot « tiel » une forme plus accentuée, je trouve le mot « tiele » très bon, et même digne d’être recommandé.
Néanmoins on le rencontre rarement.
Cela, cette chose-là.
« tio ĉi », ou « ĉi tio » : Ceci, cette chose-ci.
Pronom neutre démonstratif.
("id, hoc, illuc, istud" latin).
Prend l’accusatif, mais non le pluriel ordinairement. Toutefois, voir au mot « ĉio », une note de Zamenhof relative aux expression : « ioj, tioj, kioj, ĉioj ».
Règle. – « tio » s’emploie, comme « ĝi » indifféremment, (même à propos d’un homme ou d’une femme), pour tenir lieu des mots français : « c’est », « ce sont » :
« ni povas tute bone diri : « ĝi estas vi, Ivan ? » aŭ « tio estas vi, Ivan ? » » (Z, Revuo, n° 16, 17), nous pouvons parfaitement dire : C’est vous, Ivan ? en remplaçant « c’est » par « ĝi estas », ou « tio estas » ;
« tio ĉi estis la unua fojo… » (Z, 17), c’était la première fois – on dirait de même :
« ĝi estis la unua fojo » ;
C’est-à-dire, se dit : « tio estas » et s’indique en abrégé « t. e. ».
« pro tio, ke », à cause de cela, que, – de ce que… :
« estas pro tio, ke mi eliras », c’est à cause de cela que je m’en vais.
« por tio », pour cela, dans ce but :
« por tio mi eliras », je sors dans ce but.
« tio » a pour corrélatif naturel : « kio » :
« mi volas ke tio, kion mi diris… » (Z, 24), je veux que ce que j’ai dit…
« de kio, tio ĉi venas ? » (Z, 17), de quoi (d’où) cela vient-il ?
Quand « tio » et « kio » sont au même cas, on peut supprimer « tio », si le sens n’en est pas obscurci : cela allège la phrase et la rend plus élégante :
« li tuj faris (tion) kion mi volis » (Z, 31), il fit tout de suite ce que je voulais.
Il ne faut pas se laisser hypnotiser par le tableau des mots simples et s’astreindre à mettre toujours le mot corrélatif qu’il semble indiquer, erreur trop fréquente du pire effet. Il faut avant tout réfléchir au véritable sens de l’expression à rendre.
Très souvent il vaudra mieux employer la forme « tio,… kiel », qui est d’excellent esperanto :
« en tio, kiel en ĉio alia… » (Z, Revuo, n° 14, 25), en ceci, comme en toute autre chose…
→ « d’où », en français, a deux acceptions :
— d’où, de quel endroit : « de kie » ;
— d’où, de quelle cause, de quel fait : « de kio ».
Zamenhof fait parfois cette confusion :
« la reĝido, kiu vidis ke, el ŝia buŝo eliris kelke da perloj… petis ŝin ke ŝi diru al li, de kie tio ĉi venas ? » (Z, 23)
Mieux vaut éviter cette confusion, malgré le désagrément de la consonnance « de kio, tio… »
Autant, tant (adverbe de quantité et pour cette raison, est suivi de la préposition « da »).
("tantum" latin).
« tiom da », autant de.
« tiom da… kiom », autant de… que :
« tiom da vino kiom vi », autant de vin que vous.
« tiom da… kiom da… », autant de… que de… :
« tiom da akvo kiom da vino », autant d’eau que de vin.
« tiom ke », autant que :
« donu de tio al li, tiom ke vi povos », donnez lui en autant que vous pourrez.
(Pronom, adjectif).
Celui-là.
« tiu ĉi », celui-ci.
Personne ou chose, « tiu » vise uniquement l’identité (et nullement la qualité).
("is, hic, ille, iste" latin).
Prend le pluriel et l’accusatif.
Comme « iu », « tiu » remplit deux rôles distincts :
1° celui de pronom,
2° celui d’adjectif.
— 1° Comme pronom, « tiu » (« homo » sous-entendu) : cet individu ;
« tiuj », ces individus ;
« tiuj ĉi du amikoj promenas ĉiam duope » (Z, 14), ces deux amis-ci, se promènent toujours seuls tous deux (à deux).
« tiuj » se supprime s’il paraît entre « ĉiuj » et « kiuj », la forme « ĉiuj tiuj kiuj », n’est pas esperanto.
— 2° Comme adjectif, « tiu » s’applique aux choses comme aux personnes :
« en tiu loko, en ce lieu, en cet endroit » ;
« tiu ci libro havas sesdek paĝojn » (Z, 14), ce livre a soixante pages.
Note. – « tiu » a pour corrélatif naturel « kiu » :
« tiu kiu », celui qui.
Cette forme est sourde et disgracieuse, – quand ces mots sont au même cas, on peut supprimer « tiu », pourvu que la clarté du sens n’en souffre pas.
« tiu homo, kiun mi vidas », cet homme que je vois.
→ « tiu » : cet homme ou cet objet identifié ;
— « tia » : un individu ou un objet de cette sorte.
(Préposition, préfixe).
1° Sens propre : à travers, au travers de ;
2° Sens figuré : idée de parachèvement, à fond.
— 1° « trairi », traverser ;
« trapiki », transpercer ;
« trastreki », biffer (barrer en travers) ;
« travidebla », transparent — (translucide, étant : « lumtrairebla ») ;
« mallarĝa vojeto kondukas tra tiu ĉi kampo al nia domo » (Z, 38), un étroit sentier conduit, à travers champs, à notre maison ;
« du ekbriloj de fulmo trakuris tra la malluma ĉielo » (Z, 40), deux éclairs fulgurants sillonnèrent l’obscurité du ciel (coururent à travers le ciel obscur) ;
« la soldatoj kondukis la arestitojn tra la stratoj » (Z, 22), les soldats conduisirent par les rues (à travers les rues) les gens arrêtés.
N. B. – On remarquera que « tra la stratoj » ne signifie pas ici traverser les rues, mais les suivre dans leur trajet, à travers (la ville sous entendue).
Remarque. – « tra » (comme « al » et « ĝis ») suffisant à indiquer la direction, est habituellement suivi du nominatif.
Toutefois, si l’on veut indiquer qu’après avoir été à travers, on doit continuer au-delà (« trans »), on mettra l’accusatif.
« tra » avec l’accusatif est donc synonyme de « tra kaj trans ». On dira : « tra la urbo », si on ne doit pas sortir de la ville, et « tra la urbon », si on a pour but d’en sortir de l’autre côté (Z, Revuo, n° 18, 27). Cela cependant n’est pas d’accord avec l’exemple ci-dessous :
« tra la fenestro, kiu sin trovas apud la pordo, la vaporo iras sur la korton » (Z, 25), à travers la fenêtre, qui se trouve près de la porte, la vapeur s’étend sur la cour. – Mais on remarquera que si « fenestro » est au nominatif, l’idée de l’au-delà est suffisamment indiquée et par le texte qui suit, et par l’accusatif : « sur la korton ».
→ « tra », à travers, au travers de (avec un complément) ;
— « trae », au travers de part en part, d’outre en outre, (sens absolu, sans complément) ;
— « flanke », par le travers, par le flanc, de côté.
« de nia ŝipego, pro dika nebulo, oni tute ne ekvidis boaton, kiu trakuris antaŭen. Ni ĝin flanke albordiĝis, kaj trae tranĉante, ni veturis tra la disrompaĵoj, kiuj tuj subakviĝis ! », de notre steamer, à cause d’un brouillard intense, on n’avait point aperçu une barque qui coupait notre route. Nous l’abordâmes par le travers, et la coupant de part en part, nous passâmes à travers ses débris, qui sombrèrent sur le coup.
— 2° Par extension le préfixe « tra » (de même que « el »), a pris abusivement le sens de parachèvement d’un acte, d’opération, d’étude poussée à fond.
« lernolibron oni devas ne tralegi, sed tralerni » (Z, 31), on ne doit pas (seulement) lire un livre d’étude d’un bout à l’autre, mais il le faut étudier à fond.
[ Voir l’article suivant : « tut’ » ]
[ Voir l’article précédent : « tra » ]
Il serait assurément bien préférable de ne pas détourner « tra » et « el » de leur signification propre, et de rendre par un autre préfixe l’idée d’opération parachevée, de travaux entièrement terminés, d’étude poussée à fond, en un mot de parachèvement tant dans le sens abstrait que concret, intellectuel que matériel.
Nous proposons le préfixe « tut’ », aussi court que clair, qui rend l’idée « tute plene », qui ne dénature aucune acception reçue et n’introduit aucun radical nouveau (voir au mot « el » les raisons que nous en donnons). « tutlabori », « tutlerni » est d’ailleurs dès à présent de l’esperanto parfaitement orthodoxe. Il n’y a qu’à en généraliser l’usage.
(Préposition, préfixe).
Au-delà, trans… (au propre et au figuré).
Est suivi de l’accusatif, s’il y a direction.
("trans, ultra" latin).
« la hirundo flugis trans la riveron, ĉar trans la rivero sin trovis aliaj hirundoj » (Z, 26), l’hirondelle s’envola par delà la rivière, parce que, au-delà de la rivière, il y avait d’autres hirondelles ;
« mi transiras al la veturado… » (Z, 3° Kongreso, p. 40), je passe à (au récit de) notre voyage…
« skribisto simple transskribas paperojn » (Z, 37), un scribe se borne à faire des copies (à transcrire des papiers).
Tout de suite, aussitôt, sur le champ, immédiatement, incontinent.
("statim, continuo" latin).
« tuj kiam », aussitôt que (aussitôt quand).
Avec le verbe au présent, marque postériorité immédiate :
« mi tuj eliras », je sors tout de suite – (nuance avec « nun » : « maintenant »).
Avec le verbe au futur, marque postériorité très rapprochée ; et rend le gallicisme : « aller » (faire), « être sur le point de » :
« mi tuj eliros », je vais sortir, je suis sur le point de sortir.
Il était sur le point de sortir, se dirait : « li estis tuj elironta » (il était devant sortir incontinent) ;
« li tuj eliris », signifierait : il sortait aussitôt après.
N. B. – « tuj » a pour antagoniste « ĵus » qui vise l’antériorité immédiate et rend le gallicisme « venir de » (faire).
→ « tuj », tout de suite, vise la postériorité immédiate ;
— « baldaŭ », bientôt, vise une postériorité vaguement rapprochée ;
— « tiel frue », aussi tôt (en deux mots), d’aussi bonne heure, sans aucune idée en soi d’antériorité, ni de postériorité relatives.
Entièrement, tout à fait.
("omnino, ex toto" latin).
« tuta », entier, entière, tout entier ;
« tuto », le tout, total ;
« tuteco », la totalité ;
« ne tute », pas entièrement, pas tout à fait ;
« tute ne », absolument point, pas du tout, nullement, aucunement ;
« mi tute ne volas… », c’est absolument que je m’oppose à… (c’est absolument que je ne veux pas…)
« li tute ne estas venĝema » (Z, 41), il n’est nullement vindicatif.
La négation ne se répétant pas en esperanto, le « ne » qui accompagne « nullement », ou « absolument pas » en français, ne se traduit pas.
« tute ne », suivi d’un participe, traduit le gallicisme « sans être aucunement » :
« li venis al mi tute ne atendita » (Z, 22), il vint à moi, sans être aucunement attendu (n’étant nullement attendu, tout à fait inattendu).
→ Ne pas confondre :
— « ne tute », pas tout à fait, et
— « tute ne », pas du tout.
— « tute », entièrement, et
— « nepre », infailliblement, sûrement.
(Suffixe).
Trois sens :
1° qui contient ;
2° qui est peuplé de ;
3° qui porte.
—1° Exactement : Qui, par destination, renferme dans son inrérieur, contient en totalité, une certaine quantité d’objets de même nature. (C’est le véritable sens de « uj », les autres ne sont que des sens dérivés, par analogie).
« supujo », (qui contient de la soupe) une soupière ;
« sukero », sucre, – « sukerujo », sucrier ;
« mono », argent monnayé, – « monujo », porte-monnaie (origine de la transition au 3e sens).
→ « ujo », récipient qui renferme une certaine quantité de…
— « ingo », gaine spéciale dans laquelle s’encastre l’extrémité d’un seul objet :
« cigarujo », étui à cigares ;
« plumujo », boîte à plumes ;
« cigaringo », fume-cigares ;
« plumingo », porte-plume (à écrire).
—2° Qui est peuplé de…
« Francujo », pays peuplé de Français ;
« Anglujo », pays des Anglais ;
« Italujo », l’Italie…
Voir ci-dessous, n° 194 : « ujo - lando », le développement de cette importante question.
— 3° « ujo » a une troisième acception : qui porte (pour les arbres fruitiers, ou porte-fruits).
« pomo », pomme, – « pomujo », pommier, arbre porte-pommes.
Voir ci-après, n° 195 : « ujo - arbo », un doublet actuellement très usité pour nommer les arbres fruitiers.
On tend de plus en plus, à substituer à « ujo », dans sa seconde acception (celle de « peuplé de »), le doublet « lando » : « pays des… » :
Franclando, Turklando, Germanlando, – des Français, des Turcs, des Germains.
Cela allège un peu le rôle complexe de « ujo ».
D’autre part, un certain nombre de pays portent, depuis les origines, la terminologie « land », « pays ». Il était naturel de la leur conserver en esperanto. C’est ainsi que la Hollande, s’appelle en esperanto « Holando » et non « Holandujo ». De là la tendance à substituer partout au suffixe « ujo » comme nom de pays, son doublet « lando ». Les deux subsistent néanmoins, la substitution acquise dans un assez grand nombre de cas, ne se généralisera sans doute pas complètement, parce qu’en un assez grand nombre d’États, la terminaison « lando » se souderait mal au radical et ne donnerait pas un résultat euphonique.
Ceci nous amène à développer un peu les principes sur lesquels repose la formation des noms de peuples et de pays, en esperanto.
En principe, « ujo », comme « lando » sont d’un emploi limité et à restreindre aux cas où la logique l’exige impérieusement.
Règle A. – En esperanto, on part du nom du pays, s’il a un nom vraiment personnel, d’origine antique, et on l’exprime sans suffixe :
Tels sont les continents, les noms d’océans, de montagnes, de fleuves, de villes. Un grand nombre de pays, surtout hors d’Europe, sont nommés suivant ce principe : « Peruo, Brazilo, Madagaskro,… »
On dénomme alors les habitants d’après le nom du pays, en ajoutant le suffixe « ano » (habitant de).
Ce premier procédé donne : « Eŭropo », Europe, « Eŭropano » Européen, – « Azio », « Aziano » Asiatique, – « Afriko », « Afrikano » Africain, – « Ameriko », « Amerikano » Américain, – « Aŭstralio », « Aŭstraliano » Australien. Et de même : « Egipto », « Égypte », « Egiptano » Égyptien, – « Peruo », « Peruano » Péruvien, Bolivio, Ĉilio, Koĥinĥino, Kolombio, Kongo, Ekvatorio, Liberio, Malto, Maroko, Montenegro, San-Salvadoro, Tahiti, Transvalo, Resp. Arĝentina, k. t. p.
Les noms de pays originairement terminés par « land » ont forcément donné historiquement leur nom aux habitants. On a ainsi :
« Finlando, Finlandano, – Holando, Holandano, – Skotlando, Skotlandano (Écossais), – Islando, Islandano, – Irlando, Irlandano ».
On conçoit donc qu’on ne puisse jamais avoir la superposition de suffixes « landujo », mais bien « landano ».
Règle B. – Quand au contraire, il s’agit de peuples d’origine ancienne, jadis migrateurs, conquérants, qui lors des grandes invasions se sont installés en maîtres dans une région et lui ont imposé leur nom de race (pays des Franks, pays des Germains, des Burgondes) on nomme d’abord le peuple, sans suffixe, et on en forme le nom du pays habité par eux, au moyen du suffixe « ujo » ou « lando ».
On a ainsi : « Angloj, Anglujo, – Bavaroj, Bavarujo, – Francoj, Francujo, – Germanoj, Germanujo, – Belgoj, Belgujo, – Danoj, Danujo, – Hispanoj, Hispanujo, – Hungaroj, Hungarujo, – Italoj, Italujo, – Japanoj, Japanujo, – Norvegoj, Norvegujo, – Poloj, Polujo, – Rumanoj, Rumanujo, – Rusoj, Rusujo, – Serboj, Serbujo, – Siamoj, Siamujo, – Svedoj, Svedujo, – Svisoj, Svisujo, – Turkoj, Turkujo ».
L’introduction du suffixe « land » doublet de « ujo » peut amener, on le conçoit, un peu de confusion : Le lecteur mis en présence de deux noms terminés en « lando » peut se demander quel sera le nom des habitants : « Holando » donne « Holandanoj », tandis que à « Franclando » répond « Francoj ». C’est que dans le premier, le nom originaire du pays : « Holand » est la racine, dont on tire le nom des habitants. Dans le second, c’est le nom des habitants « Francoj » qui a fourni le nom du pays.
On a vu que « ujo » a pour troisième acception : qui porte (pour les arbres fruitiers) :
« pomo », pomme, – « pomujo », pommier, arbre porte-pommes.
Actuellement on emploie de préférence le doublet « arbo » ou « arbeto », arbre ou arbrisseau.
On a ainsi : « pomarbo, pirarbo, ĉerizarbo » : arbre à pommes, à poires, à cerises,
« ribarbeto », arbuste à groseilles (groseiller).
Mais on doit conserver « ujo » pour les plantes non ligneuses qui portent des fruits :
« fragujo, frambujo » : fraisier, framboisier, etc.
(Suffixe).
Être vivant, caractérisé par telle qualité, telle façon d’être.
« bel », beau, – « belulo », un bel homme, – « belulaĉo », un bellâtre ;
« maljunulo », un vieillard ;
« avarulo », un avare, – « avarulaĉo », un avaricieux, un ladre ;
« riĉulo », un richard ;
« malsanulo », un malade ;
« Virgulino », une vierge ;
« malnoblulo », un ignoble individu, une crapule ;
« timulo timas eĉ sian propran ombron » (Z, 37), un poltron a peur même de sa propre ombre.
→ Ne pas confondre avec « ema » qui a du penchant à, la tendance à, et, par extension, l’habitude.
(Suffixe).
Joue un rôle, comme suffixe, un peu analogue à celui que joue « je » comme préposition. Peu employé, il sert, à défaut d’autre, pour indiquer un vague rapport de voisinage d’un organe, de superposition, de cause à effet, ou d’analogie.
« kolo », cou, – « kolumo », col de vêtement ;
« mano », main, – « manumo », manchette ;
« buŝo », bouche, – « buŝumo », muselière ;
« lakto », lait, – « laktumo », laitance ;
« vento », vent, – « ventumi », éventer (analogie et rapport de cause à effet) ;
« malvarma », froid, – « malvarmumi », se refroidir et par extension, s’enrhumer ;
« bruli », être en feu, – « brulumo », inflammation d’un organe, maladie inflammatoire — (L’inflammation d’un objet combustible serait « ekbrulo »).
(Le nombre un).
En principe, signifie : un seul, par opposition à plusieurs.
Règle. – L’article indéfini « un », « une », « des » ne se rend pas en esperanto.
Toutefois on rencontre « unu » indéfini, soit pour individualiser, en quelque sorte, un nom (par exemple en parlant d’un jour déterminé), soit pour rendre de plus près un texte classique.
Ainsi Zamenhof, dans sa traduction d’un conte de fées :
« unu vidvino havis du filinojn » (Z, 11) ;
« en unu tago, kiam ŝi estis apud tiu fonto » (Z, 15) — (pour « iam », un jour) ;
« estis unu foje », il était une fois — (pour « iam », jadis).
Règle. – Quand « un » signifie « quelque »,
il se traduit par « iu », s’il s’agit d’une individualité,
ou par « ia », s’il est question d’une qualité :
« via vino estas nur ia abomena acidaĵo » (Z, 35), votre vin n’est qu’une abominable chose acide.
Règle. – « unu » est invariable, en tant que nombre. Pris substantivement (l’un opposé à l’autre), il peut prendre le pluriel : « unuj la aliaj » « les uns, les autres » :
« el ŝiaj multaj infanoj, unuj estas bonaj, kaj aliaj estas malbonaj » (Z, 12), de ses nombreux enfants, il en est de bons, et d’autres mauvais (ou méchants).
→ Distinguer les différentes manières de rendre le mot français « un » :
— un certain : « iu » (si on vise la personnalité), — « ia » (si on vise la qualité) ;
— un certain jour, un jour : « iam » ;
— l’un l’autre : « unu la alia » ;
— les uns les autres : « unuj la aliaj » ;
— l’un et l’autre (tous les deux) : « ambaŭ ».
Vous, toi, tu.
Pronom personnel pour les trois genres, à la deuxième personne du pluriel.
« de vi », de vous ;
« al vi », à vous ;
« vin », vous (accusatif).
« vi » est employé, comme en français, par politesse, au lieu de « ci », toi, tu. Dans ce cas, les mots qui se rapportent à « vi » restent au singulier.
« Sinjoro, vi estas neĝentila » (Z, 16).
Voir « ci », n° 25.
(Adjectif possessif à la deuxième personne du pluriel).
L’esperanto n’a pas, à proprement parler de terme pour rendre nos expressions françaises « votre », « vos ».
« via » signifie : qui est de vous, qui est à vous ;
« viaj » : qui sont de vous, à vous.
Voir aux mots « lia » et « sia », n° 120 et n° 168, des éclaircissements à ce sujet.
suite : aller en annexe 1 de l’ouvrage (3/4)