Fig. 11.
Unuiĝo Franca por Esperanto
Biblioteko Hippolyte Sebert
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Le bain est peut-être la récompense la plus goûtée. Trente centimètres d’eau suffisent pour rendre heureux nos petits pensionnaires (fig. 11). À vrai dire ce sont plutôt des bains de soleil ; les enfants ont de l’eau à peine jusqu’aux genoux, mais avec un peu d’imagination ils se figurent qu’ils nagent.
Chaque âge a ses illusions ! Aussi, dans la vie terne de nos protégés, ce mois de soleil, de bon air et de gaîté laisse d’impérissables souvenirs. Cela suffit pour rendre aux joues leurs belles couleurs roses… les constitutions débilitées retrouvent la force nécessaire pour lutter contre la tuberculose et les petits malheureux goûtent pendant cette période le bonheur le plus salutaire. Mais le temps s’écoule trop vite ! Au bout de quatre ou cinq semaines, il faut se séparer ! Le dernier soir, on joue des comédies ou des charades. Dans ce but, on met au pillage toutes les armoires, car, cela se comprend, les représentations où les acteurs sont costumés ont plus de succès. Les enfants du peuple possèdent au suprême degré le don d'imitation et sont remarquablement doués pour le théâtre. Cette étonnante souplesse montre combien leurs petites âmes, très malléables, subissent inconsciemment la contagion de l’exemple. Semblables à des miroirs, ils renvoient les reflets de tous les actes qui passent devant eux, les bons aussi bien que les mauvais. Pourquoi donc ne pas utiliser ce don d’imitation pour leur enseigner par des exemples les devoirs de l’homme ? Pourquoi ne pas profiter de cette occasion pour leur montrer que l’humanité progresse par la réciprocité des services rendus, que le mal est toujours puni et que le bien trouve sa récompense en lui-même ? La communauté d’existence pendant quelques semaines apprend à se connaître mieux, à mieux discerner les défauts et les qualités des uns et des autres.
Souvent, pour le bien général, et en raison même de cette vie à découvert, les défauts s’évanouissent, le nombre des qualités s’accroît, parce que cette transformation devient une nécessité commune.
Il y a mieux encore. Cette connaissance réciproque efface les inégalités des diverses classes. La fierté des unes disparaît en même temps que les sentiments de jalousie et d’envie qui rongent les autres. Celles-ci se perfectionnent, car elles doivent le bon exemple ; à leur tour, les autres deviennent meilleures, parce que la bonté est contagieuse comme le vice. Ainsi, peut-être, s’écroulera la barrière de haine qui se dresse entre les classes de la société !
Aussi, en donnant un peu de joie à tous ces êtres, nous espérons qu’en même temps, dans ces cerveaux préparés comme en un champ fertile, les sentiments se développeront avec plus de pureté et de noblesse. Et cela nous oblige, nous les éducatrices, à être encore plus dévouées pour enseigner le dévouement, à nous montrer meilleures pour apprendre la bonté, à exagérer la philanthropie pour faire aimer l’humanité.
De ceci il résulte, vous l’avez compris, que les relations nées entre la femme du monde et l’enfant du peuple sont très profitables à tous les deux.
Mesdames, Messieurs,
En vous remerciant de votre aimable attention, je vous invite à visiter nos Garderies et nos Colonies de Vacances. Mieux encore que par les descriptions et les photographies, vous verrez nos enfants accourir au-devant de vous jusqu’à la grille pour vous faire bon accueil. Leurs yeux pleins d’allégresse, leurs mines réjouies seront la preuve que personne parmi vous, parmi eux, parmi nous n’aura perdu son temps.
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