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Biblioteko  Hippolyte  Sebert

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Le Mont-Saint-Michel — 10/12

Heureusement, au sortir de ces noirceurs de cauchemar, nous allons trouver le réconfort des plus belles visions d’art, en pleine lumière : il nous reste à parler du morceau capital où se résume, dans toute sa grâce et son originalité, l’art normand du XIIIe siècle, de ce gigantesque bâtiment érigé comme par miracle au-dessus des pentes abruptes du Petit-Bois, et qui mérite cent fois son nom : la Merveille !

La Merveille, vue de la Tour du Nord.
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La Merveille, vue de la Tour du Nord

Que l’on regarde le jaillissement superbe du pignon Est, découpé à côté de l’abside flamboyante de l’église, et flanqué de la fine tourelle des Corbins ; que l’on contemple le grand mur extérieur du Nord dressant sur une base fuyante un à-pic de 50 mètres étayé de robustes contreforts, la Merveille apparaît du dehors comme un prodige de hardiesse, un chef d’œuvre d’équilibre, de grandeur, de majesté harmonieuse.

Cellier.
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Cellier

Salle des Chevaliers.
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Salle des Chevaliers

À l’intérieur, elle se compose de deux bâtiments contigus divisés chacun en trois étages : le bâtiment occidental comprend de bas en haut le Cellier, la salle des Chevaliers et le Cloître ; le bâtiment oriental superpose pareillement l’Aumônerie, la salle des Hôtes et le Réfectoire. Le Cellier est une vaste salle à trois nefs très inégales aux voûtes épaisses, à simple arête, reposant sur des piliers carrés ; au même niveau, l’Aumônerie, voûtée de même, ne comprend que deux nefs séparées par six colonnes rondes. L’architecture sobre et robuste de ces salles de service fait place au premier étage à l’art le plus accompli et le plus élégant : là nous trouvons à l’Ouest la salle des Chevaliers avec ses quatre nefs inondées de lumière, d’une harmonie si parfaite ; les piliers cylindriques de beau granit verdi se couronnent de chapiteaux richement sculptés de fleurs et de feuillages et reçoivent sur leur tailloir circulaire le faisceau retombant des nervures saillantes de la voûte. La salle des Hôtes qui lui correspond, à l’Est, n’est pas moins admirable dans son style plus maigre et plus élancé : une ligne médiane de sveltes colonnes ramifiées en voûtes légères la divise en deux nefs ; contre le mur occidental s’appuient deux immenses cheminées jumelles ; au Sud s’ouvre la jolie chapelle de Sainte-Madeleine.

Chapiteau de l’Aumônerie.
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Chapiteau de l’Aumônerie

Aumônerie.
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Aumônerie

Sur la salle des Hôtes, naguère appelée à tort le Réfectoire, règne au troisième étage un majestueux vaisseau unique, une immense salle rectangulaire couverte d’un grand berceau en bois qui s’arrondit sous la toiture : c’est là le véritable réfectoire, mais les religieux de Saint-Maur l’ayant transformé en dortoir au XVIIe siècle, sa destination première fut longtemps méconnue. L’éclairage de cette salle est admirable : elle est ajourée des deux côtés par une série continue de minces embrasures en lancettes qu’encadre à l’intérieur une colonnade charmantes arcatures.

Chapiteau de la salle des Hôtes.
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Chapiteau de la salle des Hôtes

Salle des Hôtes.
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Salle des Hôtes

Le Réfectoire s’ouvre de plain-pied à l’Ouest sur le Cloître, le plus délicat bijou du Mont-Saint-Michel et la merveille de la Merveille. Quelles perspectives exquises et imprévues forment entre elles ces quatre galeries si délicatement fleuries et ajourées sous leur léger berceau de bois semblable à une carène de barque renversée ! Elles courent entre un mur tapissé d’arcatures et une double colonnade dont les fines ogives, par une disposition aussi originale que charmante, se chevauchent « en herse » et retombent sur de frêles colonnettes en quinconce. Ces tiges ténues sont de granitelle rouge et — par une exception unique sur le Mont de granit — les arcades sont de fin calcaire blanc plus docile au ciseau du sculpteur qui a fouillé avec une incomparable maîtrise les tympans et les frises : fleurs et feuillages s’y détachent entièrement de la pierre et l’air passe au travers…

Réfectoire.
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Réfectoire

Ô vieux cloître baigné de grâce orientale,
Un artiste parfait a d’un ciseau subtil
Sur la frise ajouré cette flore idéale
Où le granit vaincu frémit comme un pistil… (Ch. Lejard.)

Cloître.
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Cloître

Et sur le tout, une toiture moderne jette l’éclat zigzaguant de ses écailles imbriquées d’émail rouge et noir. On remarquera dans la galerie Sud le lavatorium où les moines renouvelaient la scène évangélique du lavement des pieds ; dans la galerie Ouest la large trouée de lumière de la triple baie ouverte sur la mer ; enfin à l’angle Nord-Ouest la fine porte trilobée du Chartrier devenue le musée historique de l’abbaye.


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