Unuiĝo Franca por Esperanto
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Articles de presse de 1917 annonçant le décès de L.-L. Zamenhof, le Docteur Esperanto

La Dépêche de Constantine, 16 Avril 1917

Voici une liste d'articles, entrefilets, coupures de presse d'époque, annonçant et commentant le décès de l'initiateur de l'espéranto (14 Avril 1917).



Qu'on permette quelques remarques :

Ces articles datent d'une époque où la France, alliée avec l'Angleterre et les États-Unis, était en guerre contre l'Allemagne : les lignes télégraphiques avec la Pologne, comme les lignes intérieures, étaient coupées et toute la presse était censurée, à commencer par auto-censurée. L'espérantisme, considéré comme une forme de cosmopolitisme non-violent, pouvait alors paraître comme opposé au patriotisme, au nationalisme et à l'effort de guerre. Remarquer aussi que, si la Pologne est un pays ami de la France, "Zamenhof" est un nom de consonance germanique.

L'origine juive de L. Zamenhof y est parfois lourdement mentionnée : l'affaire Dreyfus, qui fit vendre énormément de papier, était encore dans toutes les mémoires. Le prétendu sionisme de Zamenhof est discutable : il est plus que probable qu'il ait fait valoir l'espéranto à des sionistes de son temps – comment ne l'eût-il pas fait – mais il est absolument certain qu'il n'a jamais avancé le yiddish comme langue universelle…

Ces articles sont très divers… Des scribouillards peu regardants ont fait du remplissage en usant de moqueries pour s'attirer des rieurs, ou ont prétendu voir un complot juif… Des journalistes ont pu rassembler des informations approximatives, faire un peu de sensationnel, s'informer auprès d'espérantistes. Des espérantistes enfin ont pu directement transmettre des souvenirs, des rencontres, des pensées. On a placé en début de liste les articles creux du premier genre, afin de mieux nous laisser tenter, nous aussi, d'en rire et de nous en indigner…


Le Journal, 
ainsi que Le Figaro,
16 Avril 1917

Paris-Midi, 17 Avril 1917  (Maurice de Waleffe) :
"…on doit traiter l'esperanto comme une religion, dont Zamenhof était le Messie, puisqu'il l'avait fondée, en s'entourant d'apôtres auxquels il commanda…"
"…Zamenhof eut son Jean-Baptiste en la personne d'un Boche du grand-duché de Bade, Johann Schleyer, qui prêcha le volapük…"
"…illusion d'une langue basée sur la logique pure…"
"…il faut prendre une langue vivante, déjà fixée (…) Ce sera l'anglais ou le français…"

L'Œuvre, 18 Avril 1917 :
"Le docteur Zamenhof est mort d'un chagrin contracté à l'époque de la mobilisation générale…"
L'Œuvre, 19 Avril 1917  (J. Ernest-Charles) :
"Le voilà donc mort ce bon, cet excellent apôtre qui voulait simplement que l'espéranto fût le maître de l'univers…"
"…il n'était pas avocat, ni même médecin encore qu'on l'appelât docteur…"
"…L'empire de Zamenhof est donc trop chétif pour rappeler en rien l'empire de feu Alexandre…"
"…Pour notre groupe de civilisation, on devra parler l'anglais et le français…"
L'Œuvre française, 17 mai 1917 :
"…Avant de concevoir un nouveau langage, il avait caressé le rêve de faire adopter le yiddisch par le monde entier…"

Le Petit Haut-Marnais, 15 Mai 1917 :
"Israélite, originaire de Bielostock, oculiste de profession, le Dr Zamenhof s'était préoccupé des diverses langues — quatre — que parlaient les juifs dans sa ville…"
"…quand il était étudiant à Moscou, il présenta à dix de ses compagnons le plan pour la fondation d'une colonie hébraïque dans quelque contrée inhabitée du monde…"
"…en 1884, il se consacra exclusivement à l'idée d'un langage international dans l'intérêt de l'idée sioniste."
"…il disait que le judaïsme serait devenu fort quand (…) il aurait eu une portée universelle…"
"L'intention du créateur de l'espéranto fut trompée au point de vue de son action hébraïsante, mais le nouveau langage fit fortune et fut bientôt étudié dans le monde entier."

L'Heure, 17 Avril 1917 :
"…fanatique de son idée, il vivait presque exclusivement pour elle et dépensait ses forces, son temps, son intelligence au profit de la langue nouvelle…"
"Eh bien, Zamenhof réussit sans argent."
"…un doux, un imaginatif, un enthousiaste, un philosophe humanitaire… la botte allemande a écrasé tout cela…"
Le Bonnet Rouge, 18 Avril 1917 :
"…le docteur Zamenhof fut un inventeur, et cet inventeur ne mit pas sa cervelle à la torture pour trouver quelque nouvel engin meurtrier…"
"…Il est tout au moins certain qu'on se querellerait souvent un peu moins, si on essayait davantage de chercher à se comprendre."

Le Temps, 19 Avril 1917 :
"…C'était un homme doux et de faible santé, qui n'a pu résister aux coups que la guerre a portés à son œuvre…"
"…Beaucoup de ceux qui souhaitaient d'établir la concorde en ce monde voyaient en cette humble grammaire le talisman qui contraindrait les humains à s'aimer les uns les autres…"
"…Il ne vécut plus qu'avec désespoir, et la mort de cet apôtre généreux a eu quelque chose d'un renoncement."

Le Figaro, 17 Avril 1917  (Émile Berr) :
"Il y eut, le 1er août 1914, un homme — un petit homme admirable — à qui la nouvelle de la mobilisation porta un terrible coup."
"Zamenhof était né à Bielostok, qui est une ville habitée par des Russes, des Polonais, des Israélites et des Allemands…"
"Il avait créé cette langue, dont seize règles composaient toute la grammaire, où douze terminaisons suffisaient à la conjugaison…"
"…Les Boches s'emparaient de l'espéranto pour mieux insulter et mieux mentir ! Zamenhof, être chétif et tendre, n'a pu supporter cela…"

L. L. Zamenhof
Excelsior, 17 Avril 1917 :
"Cette langue universelle était dans son esprit (…) un lien entre tous les peuples, un gage certain de paix."
Excelsior, 19 Avril 1917  (Sonia) :
"Le hasard des vacances m'avait conduite à Boulogne-sur-Mer, où venait de s'ouvrir un congrès d'espérantistes…"
"Mme Zamenhof accompagnait son mari. Je la vis un jour…"
"…Et voilà qu'à travers les lunettes de Zamenhof ils apercevaient Molière… Et ils l'acclamaient…"

Le Journal de Genève, 19 Avril 1917  (Edmond Privat) :
"…Encore enfant, il fut frappé par l'influence exercée sur ces haines populaires par la barrière des langues…"
"Le Dr Zamenhof avait depuis longtemps abandonné la direction du mouvement à des comités internationaux et le contrôle de la langue à une académie des meilleurs écrivains…"
"…Ce qui a sauvé l'esperanto, c'est son « âme », qui en fait une langue vivante au lieu d'un froid système…"
"En décembre dernier, j'avais trouvé M. le Dr Zamenhof très atteint par l'effet de la guerre…"
"…si le monde a compris surtout les côtés pratiques de son œuvre, lui-même ne s'intéressait qu'à l'idéal humain qu'il voulait atteindre."
La Tribune de Genève, 27 Avril 1917 :
"Un bref télégramme de Varsovie a annoncé la mort du Dr Zamenhof, auteur de l'Esperanto…"
"…Zamenhof, frappé des malentendus et des haines qui résultent de la diversité de langage, conçut dès son enfance l'idée de créer une langue auxiliaire neutre…"
"La première brochure, parue en 1887 à Varsovie sous le pseudonyme de D-ro Esperanto (celui qui espère)…"
"…partout des sociétés se fondent, les livres et les journaux se multiplient, les pouvoirs publics s'intéressent à l'effort des espérantistes…"
"…tout porte à croire que dans la période de reconstruction qui suivra la guerre, l'esperanto sera appelé à jouer un rôle important dans l'œuvre du rapprochement des peuples…"

L'Éclair, 19 Avril 1917  (Georges Montorgueil) :
"…Était-il donc impossible que s'entendissent jamais ces gens qui, entre les uns et les autres, élevaient leurs idiomes particuliers, comme autant d'infranchissables frontières…"
"L'esperanto, que son brave homme d'inventeur préparait avec une ténacité indomptable, fit la conquête d'esprits fort distingués."
"…On lui reprochait son internationalisme. C'était précisément sa raison d'être…"
"Je n'ai jamais pu m'expliquer le nationalisme borné, qui condamnait cette langue auxiliaire…"
"…Nous sommes douze peuples associés contre l'ennemi commun : combien parlons-nous de langues…"

Le Réveil de Cherbourg, 13 Mai 1917 :
"…Sa modestie s'accommodait mal des ovations enthousiastes qui le saluaient à chacun des congrès…"
"…Dans cet homme vibrait une ardeur d'apôtre et chacun de ses discours montrait un dévouement absolu aux choses de l'humanité…"
"Un beau jour de renaissance les nations organisées démocratiquement, la Société des Nations, instituera l'étude de l'Esperanto dans toutes les écoles commerciales, industrielles ou agricoles, comme langue seconde de tout homme civilisé !"
"Assurément, et nous serions naïfs de le croire, notre langue ne supprimera pas d'un seul coup les mensonges, les préjugés, les erreurs et les passions…"

Le Journal du Peuple, 21 Avril 1917 :
"…La nouvelle des mobilisations européennes et de la grande guerre l'avait frappé d'un cruel désespoir…"
"…un jour proche ou lointain viendra où les particularités ethniques s'atténueront au sein d'une organisation internationale."
"J'avoue à ma honte avoir parfois raillé l'espéranto, avant de l'avoir connu…"
"…On compte dans le monde plus d'un million de militants espérantistes…"
"Un très grand nombre de députés appartenant à tous les partis avaient signé une proposition de loi…"
Le Journal du Peuple, titre sur deux colonnes
Le Journal du Peuple, 29 Avril 1917  (Severine) :
"…il était de santé fragile, ce qui explique qu'il n'ait pu résister au coup qui nous frappa…"
"Certes, l'épreuve fut effroyable, presque au-dessus des forces humaines…"
"On vit même ce miracle : le suicide des idoles (…) furent prises de vertige, atteintes du mal de Panurge (…) à la queue leu-leu sautèrent des cimes dans la foule."
"…c'était avant le meurtre de Jaurès. Je revois le hall tout drapé de vert avec l'étoile d'or, pavoisé de drapeaux de la terre entière — et là-dedans une assistance bouleversée d'angoisse."
"Déjà, dans ce milieu essentiellement pacifique, des différences apparaissaient, des fossés se creusaient…"
"Le vouloir de Zamenhof fut simple : annuler la confusion de Babel."
"Mais peut-être que là-bas, dans les tranchées, il aura fait des adeptes, permis à des hommes d'échanger des mots humains après les cris inarticulés…"

Le Cri du Peuple, 20 Mai 1917  (Latour) :
"…il avait souffert, dès sa prime jeunesse, des maux qu'engendre le défaut de compréhension entre les humains."
"…il était resté intimement convaincu que la diversité des langages était, sinon la seule, du moins la principale cause de division entre les hommes."
"Cette compréhension internationale (…) a comme adversaires conscients tous ceux qui ne veulent pas que les hommes s'unissent…"
"Il faut avoir vu cet homme simple et modeste, comme je l'ai vu pendant une semaine à Anvers…"
"…valeur immense de cet outil de paix que ce grand homme a mis aux mains de l'humanité, laquelle n'a pas encore compris qu'elle se devait à elle même de s'en servir."

Le Petit Parisien, 16 Avril 1917

Un article sur Zamenhof, pris dans un dictionnaire :
Un journaliste indépendant et impartial publia en 1985 un dictionnaire dont le dernier article porte sur Zamenhof. Il livre de précieux éclaircissements sur les circonstances exactes du décès de l’utopiste injustement méconnu.


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