Unuiĝo Franca por Esperanto
Biblioteko Hippolyte Sebert
retourner à la liste de documents divers
Lire la version en espéranto de cette page
Cette page-ci est une présentation du "Bildaro" de Théophile Cart, la première méthode illustrée pour apprendre l’espéranto, un ensemble publié en 1905-1906, complété en 1913.
Il y a aussi dans cette page des notes plus générales sur les imagiers en espéranto, les débuts de son enseignement, l’histoire des imagiers en général, des remarques sur l’histoire de l’enseignement des langues.
Les méthodes de langue sont une part importante de l’ histoire, de la culture espérantiste. Les imagiers sont un genre toujours édité en espéranto et aujourd’hui encore celui-ci comme d’autres anciens peuvent s’inviter dans les cours, peuvent intéresser et faire s’exprimer des élèves de tous âges, plaire par leur témoignage d’une "belle époque"…
Pour aller de suite à la réédition numérique des lectures faciles illustrées (espéranto uniquement) :
→ Bildaro de Th. Cart.
Le "Bildaro" édité à partir de 1905 dans la collection de Lingvo Internacia à Paris désigne un ensemble de brefs récits illustrés pour apprendre la langue espéranto. Ces lectures pour débutants mettent en pratique l’essentiel du vocabulaire et de la grammaire par des descriptions simples de la vie quotidienne. Les illustrations sont des planches de dessins hors texte pareilles aux images d’ Épinal.
Ces textes illustrés et quelque peu naïfs n’étaient pourtant pas destinés qu’à la seule jeunesse. En leur temps ils ont initié beaucoup d’espérantophones qui les ont étudiés seuls ou avec un professeur.
L’histoire des procédés pédagogiques d’enseignement de l’espéranto serait un parfait sujet de thèse universitaire, qui ne sera ici qu’esquissé, avant de décrire la collection originale Bildaro qui se présentait en petits fascicules à partir de 1905.
La première publication en espéranto date de 1887, à Varsovie : il s’agit d’un livret démontrant cette langue internationale artificielle qui tient en peu de règles de grammaire et qui ne dispose alors que de quelques centaines de mots (les radicaux fondamentaux). Cette première brochure n’a aucune illustration et ce n’est pas un cours de langue au sens actuel.
Pendant la décennie qui suivit, le matériel d’enseignement de l’espéranto évolua peu : de petits manuels assez rudimentaires quoique suffisants grâce à la simplicité des mécanismes de la langue, manuels édités à compte d’auteur, disponibles en un nombre croissant de langues nationales.
On étudiait chez soi, l’espéranto restant une langue exclusivement écrite, pratiquée par quelques curieux, des idéalistes, des poètes, qui peu à peu se firent plus nombreux, jusqu’à atteindre une "masse critique".
En France c’est vers 1900 que commencèrent à se constituer des groupes locaux d’espéranto et à se donner des cours devant un auditoire. L’enseignement de la langue dut s’adapter rapidement à cette situation nouvelle et il ne s’agissait pas que de s’improviser professeur et d’organiser des cours, c’était l’idée même de club de langue qui était aussi toute nouvelle !
Peu avant 1900 le Marquis de Beaufront, président-fondateur de la Société Française pour la Propagation de l’ Esperanto, avait rédigé en espéranto un "Texte synthétique des règles, préfixes, suffixes, expressions de l’ Esperanto", contenant l’essentiel du vocabulaire et de la grammaire. Ce texte, cet exercice de style, n’était pas illustré mais publié avec traduction en français.
En 1903, sans lien visible avec le mouvement espérantiste, sont publiés à Bordeaux les "tableaux Delmas" dont l’idée est d’enseigner les langues par la "méthode directe" au moyen de tableaux représentant des scènes de la vie quotidienne, dessinés avec grand détail par É. Poissonier. Ces tableaux en couleurs (90×120 cm) destinés aux salles de classe, ou bien reliés en livre de grand format (24×35 cm) introduisent le vocabulaire fondamental par la multitude d’objets représentés, par les activités des personnages ainsi que par tous les aspects qu’on peut y découvrir et ils ouvrent naturellement au dialogue entre élèves et professeur.
Théophile Cart, linguiste, alors à la tête de ce qui fut sans doute la première grande maison d’édition espérantiste, édite rapidement dans cet esprit un "Bildaro" — littéralement : "collection d’images" — basé sur des dessins d’une autre provenance, à partir de 1905.
Théophile Cart
Ce n’est qu’en 1907 que G. Delmas publie la traduction en espéranto de sa méthode basée sur 16 tableaux : "Klariga libreto de l’ Delmas’aj helpaj bildoj por la praktika instruado de l’modernaj lingvoj per la senpera metodo kaj bildaro", ouvrage de 108 pages dont le texte original de E. Rochelle a été traduit par L. de Beaufront.
C’est bien le "Bildaro" de Th. Cart qui fut le premier du genre en espéranto. En fait il s’agissait de plusieurs fascicules au format 19×12 cm.
Voici une description de chacune des brochures où l’on voit que l’imagier n’était pas constitué que d’images. Ces précisions s’imposent car les textes des brochures ne sont pas entièrement reproduits ici, tout ce qui concerne la grammaire ayant été laissé de côté :
Ces "premières" tiennent à ce qu’à cette époque il y avait encore peu de livres édités en espéranto — et peu de méthodes de langues en général. Disons que c’est en 1904-1905 qu’augmente le nombre des publications en espéranto, qu’un élan se prend vraiment.
Le Bildaro a été imprimé par l’imprimerie centrale espérantiste "Centra Presejo Esperantista" de V. Polgar, 33 rue Lacépède, Paris. Quelques notes complémentaires sur l’édition et les deux éditeurs parisiens de l’espéranto se trouvent dans la version de cette page en espéranto.
Dans le fort mouvement qui accompagne le premier congrès mondial d’espéranto (Août 1905 à Boulogne-sur-Mer) de nombreux manuels sont alors édités. En France trois brochures d’initiation deviennent aussitôt très connues :
En 1905 sont aussi édités des livres plus épais : le Kurso tutmonda, adaptation de la méthode Berlitz par E. Gasse, le Cours complet en français de E. Matton chez Hattier, le Cours pratique d’Esperanto de Ch. Lambert (d’abord publié dans la revue Le Chasseur Français), le Kondukanto de l’interparolado de A. Grabowski, sans oublier le Fundamento de Esperanto de L. Zamenhof, l’initiateur de l’espéranto, le livre qui fixe officiellement la langue, l’espéranto normatif.
Nous ne mentionnons pas ici les manuels dans les langues nationales autres que le français ni les publications littéraires ou spécialisées directement en espéranto (sténographie, médecine, religion par exemple).
La question des dictionnaires est en 1905 un grave sujet de discussion et un Comité Linguistique, d’où naîtra l’Académie d’espéranto en 1908, reçoit la difficile mission de veiller simultanément à l’évolution de la langue et à sa stabilité. Dans les années 1920 Th. Cart en sera le président.
Théophile Cart joua un rôle éminent dans l’histoire de l’espéranto. Il lui fut cependant reproché sa position "fondamentiste" de strict respect de l’espéranto normatif du Fundamento.
Ce sont les illustrations directement accompagnées de leurs récits en espéranto avec leurs questionnaires qui seuls ont été repris en 2015 pour la présente réédition dans Internet.
Les grandes images des 6 récits des Notions élémentaires sont présentées en deux tailles, il suffit de cliquer sur le lien pour voir le grand format dans une fenêtre séparée.
Les 20 images en trichromie du Bildaro ont retrouvé une nouvelle jeunesse après un énergique traitement par logiciel. Si l’aspect n’est pas exactement celui d’origine, du moins est-ce celui qui convient aux pages web, et si cette restauration et adaptation est critiquable elle n’est pas reprochable car publier le scannage brut serait une terrible trahison.
Un scannage complet de la brochure aux 20 récits est par ailleurs visible dans le site Internet de la bibliothèque espérantiste de Vienne : data.onb.ac.at/dtl/5470285 : Scannage du Bildaro (images en page 25).
On n’a reproduit que ce qui est directement en lien avec les images, c’est à dire tous les récits et les questionnaires en espéranto.
Tout ce qui concerne la grammaire ou le dictionnaire, c’est à dire ce qui peut ressembler à d’autres cours d’espéranto et se retrouver sans grande différence dans les cours actuels, n’est pas reproduit ici.
Les amateurs de traités de grammaire anciens sont invités à consulter les rééditions suivantes dans notre site Internet où il trouveront à loisir du texte sans aucune illustration :
Dans le milieu espérantiste où une attention particulière est portée à l’enseignement et à l’éducation, les imagiers commencèrent à être édités dès que le lectorat espérantophone parut suffisant : en 1905.
Les premiers petits imagiers en espéranto : "Notions élémentaires" et "Bildaro" (1905) de Th. Cart et le "Delmas’aj helpaj bildoj" traduit par Beaufront (1907) inspirèrent des générations de professeurs d’espéranto.
Ce n’est qu’en 1919 que sera publiée la traduction en espéranto du bel imagier de l’institutrice danoise Thora Goldschmidt qui avait entrepris un travail semblable à celui de Delmas dès 1890. Il y en eut plusieurs éditions.
Le célèbre "Cours rationnel d’espéranto" de SAT-Amikaro, pourtant réputé pour sa présentation grammaticale, est largement issu du "Bildaro" parce qu’il a recours à de nombreux petits textes illustrés parfois très semblables, et parce que le "Bildaro" contenait en somme plus de pages de grammaire que de récits illustrés !
D’autre part — et à l’opposé serait-on tenté de dire — la méthode directe d’ A. Cseh ("Ĉe-metodo") se situe elle aussi et plus encore dans cet esprit de recours à l’image et à la mise en situation pour ancrer le vocabulaire et des phrases toutes faites.
Le "Junulkurso" de SAT destiné aux enfants est bien sûr illustré, ainsi que le joli cours du Centre Culturel Espérantiste du Château de Grésillon.
Mais une ombre s’inscrit au tableau : si l’efficacité du dessin est certaine pour mémoriser le vocabulaire des objets matériels, dessiner des verbes d’action paraît difficile et plus encore dessiner les émotions, les sentiments, la pensée nue.
C’est un antique débat mais c’est compter sans la "Universala Esperanto metodo" du Dr Benson, publiée aux États-Unis en 1932 : 559 pages en plusieurs langues dont les innombrables petites illustrations s’efforcent d’atteindre jusqu’aux concepts universels.
Parmi les dictionnaires à imagiers, l’excellent Dictionnaire visuel Duden, d’origine allemande et qui est la référence du genre au niveau international, est disponible en espéranto où il a connu deux éditions refondues.
En comparaison l’indispensable dictionnaire Plena Ilustrita Vortaro de SAT — autrefois Plena Vortaro tout court — a toujours fait figure de parent pauvre pour ce qui concerne le nombre des illustrations. Depuis 2005 elles accompagnent les articles — auparavant elles étaient dans une trentaine de planches thématiques rassemblées en fin d’ouvrage. Mais le PIV est essentiellement un dictionnaire de définitions, comme un Larousse, lesquelles sont complétées par les formes dérivées courantes et les expressions d’usage et les emplois d’auteurs. Le PIV est destiné à fixer les mots de l’espéranto, ce n’est pas un imagier ni un livre pour apprendre la langue.
Des imagiers aujourd’hui encore sont édités en espéranto, et pas que pour le plaisir des enfants…
Pour lire des informations complémentaires et voir des imagiers en espéranto consulter les très intéressantes pages — en espéranto — du site enesperantujo.blogspot.com.es :
→ "Lernolibro dufoje internacia" : sur le Bildaro de Th. Cart (montre aussi l’activité de Th. Cart pour les aveugles et le braille en espéranto) ;
→ "Al la vorto tra la bildo" : au sujet d’autres imagiers (Goldschmidt, Delmas, Benson, Duden…).
Nous nous bornerons aux formes écrites qui rassemblent dessin et texte pour le progrès du savoir, laissant à part tout ce qui est proprement récit de littérature et art graphique.
De tous temps on dessine et cela semble être comme les gestes qui accompagnent naturellement la parole. Le dessin n’est pourtant pas un langage universel qui serait acquis de naissance, il a ses codes ethniques, ses modes ; cette remarque vaut aussi pour la photographie.
Sans remonter aux origines de la parole, au temps des grottes ornées ni aux origines de l’écriture, mentionnons qu’une thèse déjà débattue dans l’Antiquité prétend opposer la représentation par le dessin à la représentation par l’esprit pur, au concept en soi. Cette controverse n’est hélas pas restée réservée aux gens d’esprit et continue au XXI-ème siècle à produire sous prétexte religieux des comportements de la plus extrême incivilité.
Une thèse prétend que la pédagogie par l’image dessinée serait longtemps restée réservée aux savants, aux religieux (spécialement les jésuites) ainsi qu’à la noblesse. Ceci semble inexact pour les deux raisons suivantes :
— D’une part les classes dites inférieures ne traçaient pas moins de dessins et n’étaient pas plus bavardes ; mais elles étaient analphabètes et n’avaient pas accès à l’édition.
— D’autre part parmi les classes dites supérieures on prétend parfois, au contraire, au nom de la supériorité du concept sur l’image, que cette dernière divertit et pervertit l’intelligence pure.
Historiquement le recours à des illustrations dans des livres et manuscrits à but d’enseigner est très ancien et s’étend depuis les mathématiques pures jusqu’à la pratique des métiers manuels — les cartes marines et les herbiers en sont des formes particulières.
Au XVII-ème siècle Comenius conçut un imagier encyclopédique de 150 planches, bilingue allemand et latin (c’était alors la langue internationale), qui s’imposa comme référence en la matière.
Au XVIII-ème siècle l’Encyclopédie parvenait à rassembler la somme de tous les savoirs et utilisait quantité de planches descriptives. L’œuvre de Diderot et d’Alembert, tirée plusieurs fois à 4.500 exemplaires, ne fut pas la seule du genre en son temps, ni même la première.
L’ Encyclopédie représente l’un des deux grands modèles de comportements de l’esprit, antagonistes et nécessairement complémentaires : le Savoir sur les Sentiments, c’est-à-dire la Raison sur la Littérature.
Les imagiers, les manuels illustrés et les planches didactiques ne parurent pourtant en quantité que vers la fin du XIX-ème siècle, lorsque les techniques d’imprimerie le permirent et que ce nouveau commerce eût trouvé de larges clientèles dans la bourgeoisie, les catéchismes et les écoles publiques. L’essor de la presse journalistique moderne date d’alors, ainsi que le dictionnaire illustré Larousse.
Tout le foisonnement dans les arts graphiques tout au cours du XIX-ème siècle a donné aussi naissance à l’art pictural dit moderne, dit concret, ou abstrait, aux bandes dessinées, etc…
La photographie, art et technique, participe doublement à tout ce mouvement en produisant des images et encore en les transportant, les imprimant — aujourd’hui sur nos écrans.
L’influence des arts graphiques continue et c’est pourtant dans l’antiquité la plus ancienne mais au fond la plus proche de notre être que l’ Art va plonger ses racines et se renouvelle. Faut-il se plaindre de la disparition de l’écrit ? Cette disparition est-elle avérée ?
Bien sûr on apprenait les langues depuis la plus haute antiquité — on savait même s’en fabriquer au besoin. Mais savait-on les enseigner…
Au XIX-ème siècle on enseignait les langues étrangère, le Grec, le Latin à la manière d’un cours de grammaire française. C’était une erreur pédagogique.
Vers 1900 tout pouvait changer dans le domaine de l’enseignement des langues étrangères, on allait passer à l’époque moderne et l’on parlait déjà — ou encore ? — de "méthode directe".
Les "images d’Épinal" n’étaient pas une nouveauté, loin de là, et les imagiers, abécédaires et livres illustrés fleurissaient dans les écoles publiques de la Troisième République comme dans les catéchismes de la Restauration.
Les méthodes de langue sont un genre de publication relativement tardif dans l’histoire générale du Livre. Il s’agit d’un fait de société, conséquence du développement immense des échanges commerciaux, commerce rendu possible par l’invention de techniques nouvelles de production (moteur à vapeur, production industrielle, crédit bancaire, investissement, moteur à essence, moteur électrique, éclairage électrique, organisation scientifique du travail), possible par de nouveaux moyens de transport (chemin de fer, marine marchande, camion automobile, aviation), conséquence de nouvelles pratiques internationales (colonialisme, expositions universelles, conférences internationales, traités, guerres, flux migratoires), conséquence aussi de l’évolution des moyens de communication (poste aux lettres moderne, imprimerie moderne, télégraphie, paiement bancaire, téléphone, messagerie électronique), conséquence de faits sociaux-culturels et de médias nouveaux (alphabétisation, temps libre, journalisme, publicité, radiophonie en ondes courtes, télévision, chanson de variété, films et romans étrangers, Internet), conséquence enfin d’une pratique sociale nouvelle, forme moderne du pèlerinage : le tourisme.
Tout cet enchaînement de causes et d’effets qu’il fallait citer montre comment l’enseignement des langues doit moins à la linguistique qu’à la thermodynamique et aux roues dentées.
C’est dans ce moment de l’ Histoire, vers la fin du XIX-ème siècle, où tout se met à vouloir et à pouvoir changer, où le commerce peut — pourrait — aussi bien s’ériger en pratique morale vertueuse qu’en activité marchande, qu’apparaissent naturellement les langues internationales construites : le Volapük et l’Esperanto. Ce moment de l’Histoire, nous le vivons encore en nôtre début de XXI-ème siècle…
Pourquoi l’espéranto n’a-t-il pas réussi à s’imposer ? Pour la même raison qui fit que la langue française cessa au XX-ème siècle d’être la langue internationale. La même raison par laquelle le latin cessa d’être la langue internationale à l’époque de la Révolution Française et de la Révolution Industrielle en Grande Bretagne.
Les méthodes de langues, qu’il s’agisse des langues "naturelles", des langues "mortes" ou des langues "artificielles", se sont propagées à la fin du XIX-ème siècle, puis ont rapidement évolué avec le progrès des techniques d’impression, la réduction des coûts de production et l’augmentation de la consommation de cette marchandise d’un genre nouveau, que ce soit pour le commerce des marchandises ou pour celui des idées.
Les méthodes de langues ont évolué au cours du XX-ème siècle avec de nouvelles pratiques (cours du soir, cours par correspondance, échanges d’élèves et correspondances internationales), avec l’apparition de nouveaux supports (disque microsillon, cassette audio, laboratoire de langue, cours sur vidéo, logiciel programmé), avec de nouveaux outils de communication et d’organisation (Internet, blogs, réseaux sociaux), avec des idées "neuves" en matière d’éducation et de société (école obligatoire pour tous, laïcité, respect de l’enfant en tant que personne, égalité de naissance, liberté et responsabilité individuelle, droits civiques).
Tout cela montre à quel point l’enseignement des langues doit moins à la linguistique qu’à la thermodynamique des idées.
Que de progrès ! Le mouvement espérantophone, avec peu de moyens financiers mais avec un immense enthousiasme, continue de se tenir en tête dans la jeune et déjà riche histoire générale de l’enseignement des langues — ce dont il a peu conscience.
Aujourd’hui, après plus de cent années d’existence, la langue espéranto peut affirmer ce fait linguistique dont certains espérantistes avaient déjà conscience en 1905 : l’espéranto, une langue construite, est plus naturel que les langues nationales dites "naturelles". La preuve en est dans "l’effet propédeutique" de l’apprentissage de l’espéranto, qui facilite l’apprentissage ultérieur des autres langues — y compris le perfectionnement dans sa langue maternelle.
Une autre affaire, moins certaine en 1905, concerne la vivacité de l’espéranto : oui c’est une langue vivante, qui évolue, et qui n’a pas sombré dans une multitude de dialectes, ce que craignaient certains espérantistes autrefois, parmi lesquels Th. Cart. Apprendre l’espéranto, c’est utile !
Le dernier sujet, inconnu en 1905, concerne l’apprentissage de l’espéranto sans aucun cours ni méthode… il s’agit des enfants de parents espérantophones, dont la langue maternelle est naturellement l’espéranto : cela aussi la langue "artificielle" en est capable !
En ce début de XXI-ème siècle qui s’annonce audiovisuel, l’espéranto, sans se détourner d’une saine modernité, continue de perpétuer la tradition des imagiers, sur papier comme sur écran, pour le bonheur des petits et des grands…
Esperanto-Biblioteko Hippolyte Sebert
Septembro 2015
Lire la version en espéranto de cette page